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INSECURITE AU SAHEL


 On parlemente à Paris, ça massacre à Gao

En marge de la commémoration du centenaire de l’armistice de la Première Guerre mondiale, s’est ouvert à Paris, un forum sur la paix, qui a regroupé, autour du président français, Emmanuel Macron,  de nombreux chefs d’Etat venus du monde entier . A ce colloque international qui était à sa première édition, il était question de multilatéralisme et de dialogue au sein de la communauté internationale pour la préservation de la paix dans le monde. Un thème qui intéresse à plus d’un titre des dirigeants comme ceux du Sahel présents à ce forum qui se penche aussi sur la lutte contre le terrorisme ; eux dont la zone est depuis bientôt cinq ans, dans l’œil du cyclone djihadiste. Et c’est peu de le dire puisque pendant que l’on parlementait à Paris, les forces du mal se faisaient entendre de la plus sinistre des façons, en faisant encore couler le sang d’innocentes personnes sur le terrain. En effet, pas plus tard que le 12 novembre dernier, un attentat à la voiture piégée qui visait visiblement des contractuels de la Mission de maintien de la paix au Mali, faisait trois morts dans la ville de Gao au Mali. Quelques semaines plus tôt, ce sont les camps de la Minusma de Ber et de Konna qui étaient les cibles des ennemis de la paix. Pendant ce temps, au Burkina Faso et au Niger voisins, les attaques contre les Forces de défense et de sécurité, les symboles de l’Etat et les exactions contre les populations, ne se comptent plus. Au Nigeria où Boko Haram est en train de

reprendre du poil de la bête, l’on en est à une valse des généraux qui commandent la structure en charge de la lutte contre ladite secte islamiste, dont le quatrième vient de payer pour les récentes attaques terroristes, après seulement quatre mois de service. C’est dire si la situation sécuritaire dans la zone sahélienne est des plus préoccupantes. Et l’on a même le sentiment qu’à chaque fois qu’une rencontre internationale est organisée pour parler des questions sécuritaires, les terroristes prennent un malin plaisir à faire un pied de nez à la communauté internationale en posant des actions d’éclats sur le terrain.

A qui profite le fait que l’albatros de la force du G5 Sahel reste cloué au sol ?

Dans le cas d’espèce, les attaques ont eu lieu au moment où les ministres français et allemands de la Défense sont en séjour  à  Bamako. En tout cas, obligées de trouver sur le vif la parade à la stratégie de lâcheté d’un ennemi qui se veut aussi insaisissable qu’invisible, les Forces de défense et de sécurité sont sur la brèche et suent sang et eau pour tenter de protéger des populations largement gagnées par la psychose. Toute chose qui traduit toute la difficulté à faire face à un mal qui gagne de plus en plus du terrain et qui devient chaque jour un peu plus pernicieux. Que faire ?

En plus des actions déjà menées sur le terrain, il est impératif, pour nos armées, d’arriver à prendre l’initiative des actions sur le terrain, plutôt que de toujours être dans la réaction. Autrement, à cette allure, les terroristes auront toujours une longueur d’avance pour commettre leurs sales besognes et ensuite disparaître dans la nature. C’est pourquoi il est aussi impératif que la force du G5 Sahel puisse avoir la plénitude de ses moyens, pour aller à l’assaut des vilains garçons du désert. Car, à ce jour, beaucoup s’accordent à dire que c’est la meilleure parade à un ennemi à la mobilité déconcertante et qui profite aussi de la porosité des frontières pour poser ses actes de nuisance. Mais vu le sort qui est en train d’être réservé à cette force dont l’opérationnalisation achoppe sur le manque de moyens financiers, l’on est obligé de se demander finalement à qui profite le fait que cet albatros présenté comme la panacée, reste cloué au sol. En se posant une telle question, les Africains devraient pouvoir comprendre la nécessité, pour eux, de ne pas reposer tous leurs espoirs sur la communauté internationale car, aujourd’hui plus que jamais, il est de plus en plus évident que leur salut viendra d’abord d’eux-mêmes. La solution doit donc s’organiser d’abord à l’interne. Ce n’est pas une question d’orgueil, c’est une question de choix et de responsabilité politiques.

 

Outélé KEITA 


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