HomeA la uneINSTALLATION DU NOUVEL EMIR DE KANO ET LUTTE CONTRE BOKO HARAM Une nomination à valeur de rupture

INSTALLATION DU NOUVEL EMIR DE KANO ET LUTTE CONTRE BOKO HARAM Une nomination à valeur de rupture


 

Comme si elle n’en avait pas assez de boire le calice de l’instabilité, Kano s’offre un surcroît de rasade amère.  De fait, des affrontements entre partisans et opposants au nouvel émir de cette ville du septentrion nigérian à la réputation sulfureuse, ont fait, lundi dernier, un mort. Et l’allumette qui aura mis le feu à la baraque, a pour sinistre label  la guerre de succession engagée entre Aminu Ado Bayero –  fils aîné de l’ancien émir décédé vendredi dernier – et Sanusi Lamido Sanusi.

 

Aminou Ado Bayero qui était prédisposé à succéder à son père, doit se mordre le doigt

 

Le trône, en tout cas, n’a pas tardé à être réchauffé par le … séant de Sanusi Lamido Sanusi qui aura eu les faveurs du gouverneur de la ville, un opposant au régime de Goodluck Jonathan, qui aura  fait de l’ancien gouverneur de la Banque du Nigeria, émir au détriment de Bayero.  Coup de poing à la margoulette de la légalité coutumière ou ultime sursaut pour délivrer Kano de l’étreinte des démons  qui, le rire goguenard, s’amusent toujours à lui tracer les voies de l’enfer ?  Evidemment,  chaque camp peut y aller de sa défense.

Toujours est-il que la politique politicienne vient, une fois de plus, de produire ses dégâts dont on ne saurait encore mesurer l’ampleur de la lame de fond. Aminou Ado Bayero qui était prédisposé à succéder à son père, doit certainement, à ce jour, se mordre quelque part le doigt de s’être accoquiné avec le numéro un nigérian dont la popularité est en ce moment au plus bas. Soutenu  par le pouvoir en place, l’enfant de l’émir savait sans doute que rien ne serait gagné d’avance pour la succession. Car, disons-le tout net, l’affaire tombe au mauvais moment ; à une période où le pouvoir en place a montré toute son incurie dans la traque de la nébuleuse Boko Haram. On peut donc comprendre qu’affectée et directement concernée par les atrocités de Boko Haram, (c’est  dans la région de Kano que sévit le plus la secte islamiste),  une bonne frange de la population de Kano « vomisse » aujourd’hui le pouvoir central et tout ce qui s’y apparente ou lui sert d’allié.

 

 Au poulain  de Goodluck, l’on a  préféré un homme qui a du coffre et du cran

 

C’est dire si les accointances de Aminu Ado Bayero avec l’homme au chapeau borsalino, lui auront gravement porté préjudice. En somme, il aura été mal servi par les contingences politiques et l’impopularité du président nigérian. 

Sans doute mesurait-il, dans sa posture de protégé de Goodluck Jonathan,  combien il aurait fort à faire pour succéder à papa. D’autant qu’il savait qu’il n’avait pas affaire à n’importe qui. Banquier de carrière, son concurrent avait fait de la lutte contre la corruption, son cheval de bataille.  On sait que l’action de Sanusi Lamido Sanusi, au Nigeria, en faveur de la stabilisation de la monnaie, avait été notamment saluée par de nombreux économistes nigérians et étrangers.

Et l’autre avantage qu’il avait sur Aminou Ado Bayero, qui n’est certainement pas  sans lui avoir attiré bien des sympathies, c’est d’avoir subi les foudres du président Goodkuck Jonathan.  Il avait en effet été limogé par le numéro un nigérian,  après qu’il a mis le doigt sur un vaste scandale financier dans la gestion de la puissante compagnie pétrolière nationale. Du côté de ceux qui vouent aujourd’hui aux gémonies le pouvoir central nigérian, on peut ironiser : les ennemis de nos ennemis sont nos amis. En état de cause, la nomination de l’ex-banquier nigérian est un signal fort adressé au pouvoir central nigérian. En somme, c’est une nomination à valeur de rupture.

Si l’ex-banquier a été préféré au rejeton de l’émir décédé, c’est que ceux qui l’ont fait émir y ont vu l’homme de la situation, lequel  aura montré toute son indépendance vis-à-vis du pouvoir central nigérian.  Au poulain  de Goodluck, sans doute un homme-lige,  l’on a  préféré un homme qui a du coffre et du cran.  Le président nigérian s’y fera-t-il ?  Et quid de Boko Haram qui vient encore de se signaler par le rapt d’une vingtaine de femmes  dans le Nord,  précisément dans l’Etat de Chibok ?  Ce nouvel enlèvement a-t-il un lien avec  la nomination  de l’ex-banquier ?   Rien n’est à exclure. 

 

Cheick Beldh’or SIGUE

 

 


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