HomeLe fait du jourINSURRECTION POPULAIRE DES 30 ET 31 OCTOBRE DERNIERS : Pour que soient conservées les ruines de l’Assemblée nationale

INSURRECTION POPULAIRE DES 30 ET 31 OCTOBRE DERNIERS : Pour que soient conservées les ruines de l’Assemblée nationale


Le comité d’initiative pour la reconstruction de l’Assemblée nationale a animé une conférence de presse, le samedi 27 décembre 2014, à Ouagadougou. Objectif : porter à la connaissance de l’opinion publique, via les médias, l’existence de l’initiative citoyenne pour la réalisation d’un complexe parlementaire intégré, qui devait naître des cendres des locaux de l’hémicycle.

« Construction d’un nouveau siège de l’Assemblée nationale et érection d’un musée sur les ruines du parlement assiégé ». Tel est le type de complexe intégré dont le projet de réalisation a été dévoilé par le Comité d’initiative pour la reconstruction de l’Assemblée nationale (AN), lors d’une conférence de presse, le 27 décembre dernier. Situant le contexte de mise en œuvre de ce projet, le président du comité, Luc Marius Ibriga, a indiqué que la destruction du siège de l’AN par le peuple insurgé, a été un acte symbolique et un moment décisif ayant conduit au départ de Blaise Compaoré. Les stigmates de cette violence transformatrice, encore visibles sur les murs noircis de fumée et les fenêtres soufflées de l’AN, sont peut-être, a-t-il ajouté, à conserver pour marquer la conscience nationale, constituer un lieu de mémoire et témoigner du message du peuple souverain et de la demande citoyenne de respect de sa volonté, de la démocratie et de la liberté. D’où l’initiative du comité qui « vise à marquer la démocratie burkinabè en renouveau, à en cimenter la légitimité dans le financement populaire de la construction d’un musée et à frapper la conscience des populations, des politiques et des dirigeants actuels et futurs. Elle portera également à l’intérieur du pays, en Afrique et ailleurs dans le monde, un message d’attachement du peuple à des institutions réellement démocratiques », a expliqué Luc Marius Ibriga. A l’en croire, l’initiative se veut citoyenne et peut s’appuyer sur le projet d’extension de l’AN déjà programmé dans le budget 2015 de l’institution avant l’insurrection, prévoyant notamment l’acquisition de terrains voisins. Elle renferme surtout des visées symbolique, mémorielle, pédagogique, institutionnelle et économique. Ainsi, le projet veut symboliser tout d’abord, a précisé le président du comité, le passage de l’ancien régime avec ses dérives anti-démocratiques au renouveau démocratique permis par l’insurrection populaire. Il veut ensuite constituer un lieu de mémoire de l’insurrection populaire d’octobre 2014, en guise de témoignage éternel à la postérité et de mise en garde contre d’éventuelles errances antidémocratiques. De même, le renouveau parlementaire doit être notamment marqué, de façon indélébile et pédagogique, par la manifestation spectaculaire de la volonté du peuple. Enfin, le musée pourrait constituer, selon le président du comité, une source de recettes et d’emplois pour la ville de Ouagadougou. « Le projet n’a pas pour but de magnifier le vandalisme, mais c’est pour montrer son caractère pédagogique par rapport au fait que les députés, dorénavant, devraient avoir conscience qu’ils sont des députés du peuple et qu’ils doivent voter des lois qui vont dans le sens de l’intérêt du peuple. C’est pourquoi dans le cadre du complexe intégré, nous voulons que l’on garde l’ancienne AN pour en faire un musée et que l’on construise dans le même espace, un nouvel hémicycle de telle manière que où qu’ils soient, les représentants du peuple aient dans leur nouvelle perspective, dans leur horizon, l’ancienne AN et ce qu’elle représente. Et nous voulons, à l’intérieur, faire un musée pour que l’histoire de notre pays et les luttes pour la construction démocratique soient magnifiées, et permettent aux générations futures d’avoir conscience du capital de notre peuple par rapport à la construction démocratique », a martelé Luc Ibriga. L’objectif général poursuivi à travers l’initiative est de contribuer, a-t-il confié, à constituer la mémoire de l’insurrection populaire et à promouvoir la conscience d’un renouveau démocratique dans le pays. Pour atteindre justement cet objectif, deux modalités de financement seront appliquées pour la réalisation du projet. Il s’agit d’une part, d’une quête populaire d’envergure nationale qui mobilisera la contribution volontaire et libre de l’ensemble des citoyens, des acteurs privés, des sages et personnalités de la société pour la réalisation du musée. De l’autre, un effort des gouvernants et institutions publiques sera coordonné pour financer la construction du nouveau siège du Parlement. « Le musée est financé par une quête populaire. Nous demandons aux gens de donner ce qu’ils ont pour que nous puissions réunir cela et que nous convoquions des expertises nécessaires pour mettre en œuvre ce projet. Pour le nouvel hémicycle, il faut un effort des dirigeants, que l’exemple vienne d’en haut. En réduisant le train de vie de l’Etat, on aura la possibilité de réunir des sommes qui pourront servir à la construction de cet hémicycle. Parce que nous ne pouvons pas demander aux populations de se serrer encore la ceinture pour participer à la création de ce musée et ne pas penser que dans le cadre de cette Transition, les autorités doivent donner l’exemple pour que demain, on n’ait pas encore cette idée de gabegie et de gaspillage par rapport au bien public ». En attendant la mise en œuvre effective du projet toujours en cours de finalisation, les membres du comité ont annoncé une série d’activités dont la première phase sera marquée par des rencontres d’information et d’échanges avec les autorités et des partenaires éventuels. Et à la date de mi-janvier 2015, il sera procédé à la publication du dispositif opérationnel de la quête populaire ainsi que l’agenda de l’initiative. Quant à l’opérationnalisation complète de la mobilisation des financements, elle sera réalisée par la mise en place d’outils financiers (comptes bancaires), technologiques et de communication (téléthon, émissions audiovisuelles, presse, cyber-mobilisation, réseaux sociaux, etc). Pour l’heure, « aucune quête de ressources n’est ni lancée, ni réalisée. Et le comité d’initiative veillera à faire échouer toute éventuelle tentative de récupération malhonnête du projet », a prévenu Luc Marius Ibriga.

Saïdou ZOROME (Collaborateur)

 

Composition des membres du comité d’initiative

Le comité d’initiative pour la reconstruction de l’AN est composé d’un collège de 12 personnes de la société civile burkinabè. Elles sont chargées de la conception, de la coordination, de la réalisation, de l’évaluation et du sous-contrôle du projet. Ce sont :

1-Luc Marius Ibriga, juriste

2-Anne Konaté, diplomate à la retraite, consultante

3-Fanta Nacro, cinéaste

4-Me Françoise Ki-Zerbo, notaire

5-Aïssata Sankara, journaliste

6-Edouard Ouédraogo, journaliste

7-Chrysogone Zougmoré, magistrat

8-Boureima Ouédraogo, journaliste

9-Gaston Kaboré, cinéaste

10-Luther Yaméogo, juriste

11-Serge Bambara alias Smokey, artiste-musicien

12-Ra-Sablga Seydou Ouédraogo, économiste-chercheur

 

 


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