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INVESTIURE DU PRESIDENT TUNISIEN


Jour historique que celui de ce 23 octobre 2019 en Tunisie ! C’est, en effet, hier que le vainqueur du second tour de la présidentielle du 13 octobre dernier, a pris officiellement fonction en tant que 7e président de la République de Tunisie et 2e président élu au suffrage universel, après le défunt Beji Caïd Essebsi. Kaïs Saïed a enfilé ses nouveaux habits de chef d’Etat, après avoir prêté serment et, dans la foulée, livré son premier discours à la Nation. C’était lors d’une séance plénière extraordinaire au siège de l’Assemblée des Représentants du peuple (ARP), séance qui fit ensuite place à la passation officielle de service entre le nouveau président élu et celui par intérim, Mohamed Ennaceur, au Palais de Carthage.  Comme disent les pratiquants de la langue de Shakespeare, « All’s well that ends well » (tout est bien qui finit bien) ! Car, en dépit des craintes récentes liées à l’aboutissement du processus électoral, suite aux menaces proférées par des militants du candidat malheureux, Nabil Karoui, le processus est allé à son terme, dans un climat apaisé et en toute élégance. On se rappelle, en effet, que ces derniers avaient crié à «l’iniquité» et à l’acharnement contre leur champion en conflit avec la loi, et que leur colère avait fait redouter une crise post-électorale.  Pour ce qui est de l’élégance, il nous souviendra que le perdant a reconnu sa défaite et, mieux, a félicité son challenger. Un Happy end   pas toujours fréquent sur le continent noir où la seule évocation des élections suffit parfois à donner des sueurs froides ; les après-scrutins rimant presque toujours avec instabilité sur fond de violences meurtrières et d’exodes massifs.  C’est dire si la classe politique en particulier et le peuple tunisien dans son ensemble, sont  à féliciter.  Et leur mérite est d’autant plus grand que la volonté populaire a été appliquée selon le verdict sans appel des urnes (72, 71% contre 27,29%).

Kaïs Saïed devra travailler dur pour rester dans l’estime et la sympathie de ses électeurs

 

Cela dit, après avoir clairement porté son choix sur le sexagénaire anti-système puis l’avoir porté en triomphe de l’amphi au Palais de Carthage, le peuple tunisien attend maintenant des résultats.   L’euphorie de la victoire passée, le plus dur commence donc pour Kaïs Saïed. A lui de trouver à présent les réponses adéquates aux nombreuses aspirations du peuple tunisien et c’est peu dire que ce n’est pas gagné d’avance pour cet « OVNI » qui fait ses premiers pas en politique. C’est une jeunesse hyper impatiente qui veut le voir à l’œuvre, après avoir beaucoup contribué à son ascension à la tête de l’Etat.  Et Kaïs ne devra surtout pas décevoir. Véritable pensum en perspective pour cet homme, puisque le principal problème tunisien, réside surtout dans sa jeunesse toujours confrontée aux affres du chômage auquel il faudra ajouter une inflation galopante qui grignote un pouvoir d’achat déjà faible.  Le risque est donc bien réel, que cette jeunesse alliée d’hier, se transforme demain, en adversaire acharné, déterminé à sanctionner « Robocop » dans les urnes. L’intellectuel ascétique aujourd’hui adulé, est donc prévenu.  Il devra travailler dur pour rester dans l’estime et la sympathie de ses électeurs. Il le faut absolument d’autant que, nouvellement élu, il démarre avec un handicap : celui de ne pas disposer de majorité à l’Assemblée nationale pour mettre en œuvre sa vision pour la Tunisie.  Sans véritables coudées franches, on peut donc craindre qu’il soit limité dans sa manœuvre par des forces politiques hostiles et déterminées à lui tailler des croupières, à un moment où le temps presse.  Mais comme atout, Kaïs Saïed dispose du soutien du parti d’inspiration islamiste, Ennahdha, qui s’est imposé comme la première force politique de ce pays à l’issue des dernières législatives. Un  parti d’où sera, du reste, issu le prochain Premier ministre.  Dans tous les cas, le spécialiste tunisien en droit constitutionnel a l’obligation de réussir. C’est un impératif absolu pour lui s’il tient à soulager les énormes souffrances et relever les immenses défis (y compris sécuritaires) du peuple qui a placé en lui, tous ses espoirs.

« Le Pays »


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