JEROME TIENDREBEOGO, PRESIDENT DE L’AJSB : « C’est par crainte que l’AJSB ne vole en éclats que nous sommes allés au consensus »
Un fonceur, un gagneur ! Ainsi se définit Jérôme Tiendrébéogo, le chef du service « Sport » de la Télévision du Burkina Faso, fraîchement élu à la tête de l’Association des journalistes sportifs du Burkina (AJSB), le 3 septembre dernier à Kombissiri. Il se veut l’homme du renouveau, qui veut redonner à l’AJSB ses lettres de noblesse. Il compte pour cela sur les journalistes sportifs auxquels il promet de faire ce que les autres n’ont pas pu réaliser. Nous l’avons rencontré le lundi 19 septembre 2016 dans son bureau à la RTB.
« Le Pays » : Qu’est-ce qui vous a motivé à briguer la présidence de l’AJSB ?
Jérôme Tiendrébéogo : Merci beaucoup, et à travers vous, le journal « Le Pays », pour l’intérêt manifeste que ce grand quotidien porte à notre association qu’est l’AJSB. Je dois dire que la décision de briguer la présidence de l’AJSB est venue du constat que le bureau sortant, qui a abattu un travail colossal pendant toutes ces années, avait décidé de passer le témoin. Alors, je me suis dit que c’était une opportunité et une responsabilité qu’il fallait essayer d’assumer parce que, quelque part, en prenant cette décision, les membres du bureau sortant croyaient fermement en la jeunesse qui les a suivis et regardés travailler pendant un certain nombre d’années. De ce fait, ils avaient foi que cette jeunesse pouvait prendre le flambeau et poursuivre le travail entamé depuis plusieurs années. C’est ainsi que j’ai décidé de me porter candidat à cette élection. Je l’ai fait avec la conviction que je pouvais apporter quelque chose au rayonnement de l’AJSB. J’ai donc concocté mon programme que j’ai présenté aux journalistes sportifs afin d’avoir leur confiance avant d’aller aux élections.
Dans quelles conditions avez-vous pris la tête de l’AJSB et comment s’est déroulée votre élection ?
Cette question me donne l’occasion de remercier tous ceux qui ont lutté avec moi, pour pouvoir prendre la tête de l’AJSB. Nous étions quatre candidats et je pense sincèrement que chacun des candidats avait les aptitudes et les idées pour gérer l’AJSB. Vous avez vu comment la campagne a été menée ! C’était très serré, comme dirait l’autre ! Et cela dénote de la vitalité de cette jeunesse à vouloir prendre son destin en main. C’est bien qu’on puisse avoir autant de candidats qui puissent penser positivement pour l’AJSB. Nous avons même constaté que certains étaient allés un peu loin dans la campagne. C’est ainsi que, par mesure de cohésion de la structure, ceux qui sont les garants moraux de l’association, je veux parler des sages, ont estimé qu’il fallait recadrer les choses. Et comme chacun, à son niveau, avait de bonnes intentions pour l’AJSB, ils se sont dit : « pourquoi ne pas trouver un consensus autour d’une seule candidature, c’est-à-dire mettre l’ensemble de nos idées dans un même panier pour œuvrer au rayonnement de l’AJSB ? ». C’est de là qu’est venue l’idée du consensus, car les évènements avaient pris une tournure qu’on ne souhaitait pas. Dieu merci, tous les candidats y ont adhéré et nous avons formé le bureau le 3 septembre dernier.
Il semblerait que le nouveau bureau est confronté à un problème de cohésion et qu’on enregistre déjà des démissions. Qu’en dites-vous ?
Parler de démission serait un peu fort, à mon sens, parce qu’on démissionne lorsqu’on occupait auparavant un poste et qu’à un moment donné, pour des raisons qui vous sont propres, vous décidez de ne plus continuer l’aventure avec ceux qui vous ont confié le poste. Mais là, ceux qui sont partis, ne l’ont pas fait dans la logique de la démission. Ce bureau, je vous le répète, est celui du consensus que nous avons découvert trois jours avant l’AG du 3 septembre en tant que candidats. Ceux qui ont proposé ce bureau, ont estimé qu’au regard du microcosme des journalistes sportifs, ce sont ces personnes-là qui pouvaient apporter quelque chose à cet endroit. Donc, quand nous sommes arrivés, je veux parler des quatre candidats que nous étions, nous avons observé. A partir du moment où tous les quatre candidats avaient accepté les postes que le collège des sages proposait, on n’a pas vu d’inconvénients. Ils ont même expliqué ce pourquoi ils ont proposé ces postes. Maintenant, là où il y avait un petit problème, c’est le fait que ceux qu’on a proposés à ces postes, n’étaient pas informés. Quelqu’un m’avait même demandé à l’AG si on les avait consultés avant de les inclure dans le bureau. Ils ont dû apprendre sans doute leur nomination par de tierces personnes, car ils n’étaient malheureusement pas présents à cette AG. Etant donc absents, Ibrahim Diallo et Jonas Kafando de la Radio, puisque c’est d’eux qu’il s’agit, ne pouvaient naturellement pas donner leur appréciation par rapport à cette décision. C’est ainsi qu’ils ont décidé d’y renoncer, car n’étant pas préparés pour occuper ces postes. Mais à part ces deux défections, le reste du bureau est en place. D’ailleurs, quand ils nous ont fait comprendre qu’ils ne pouvaient pas assumer ces responsabilités, nous nous sommes réunis à nouveau avec ceux qui avaient proposé ces personnes, pour essayer de trouver d’autres journalistes sportifs qui pourraient occuper lesdits postes. Et c’est ce qui fut fait.
Vous affirmez donc qu’il n’y a pas de problème de cohésion au sein de l’AJSB ?
Non, il n’y a pas de problème de cohésion à l’AJSB. C’est justement ce que nous avons voulu éviter en allant au consensus. Et je pense que quand on écoute les commentaires qui nous parviennent çà et là, l’AJSB a donné quand même un exemple de solidarité de corps, de crainte que cette association ne vole en éclats. Et, Dieu merci, quand bien même nous n’avons pas encore pris officiellement fonction. Du reste, cela ne saurait tarder et sera effectif précisément le 23 septembre prochain à l’occasion de la « Nuit des champions ». Mais d’ores et déjà, ce qui est intéressant, c’est que nous participons, en tant que membres entrants, à la préparation des activités du bureau sortant. Et Dieu merci, nous parlons le même langage !
Selon vous, quelles sont les difficultés auxquelles l’AJSB est confrontée et pour lesquelles il faut des solutions ?
Tout de suite, il nous faut un fichier, parce qu’aujourd’hui, on n’est pas en mesure de dire combien nous sommes au niveau de l’AJSB. Il est impératif d’identifier clairement qui est membre de l’AJSB et dans quel organe il travaille, afin de bien structurer nos actions. Nous pensons que l’AJSB, qui est dirigée par une jeune équipe, a besoin que tous ses membres soient suffisamment formés pour relever les défis futurs. Vous n’êtes pas sans savoir qu’il y a près d’une trentaine de disciplines sportives que nous couvrons et beaucoup, parmi nous, ne se sentent à l’aise que lorsqu’il s’agit de parler des activités qui relèvent du domaine du football. Mais en ce qui concerne les autres disciplines sportives, ce n’est pas du tout évident ; on a du mal puisque nous ne maîtrisons pas tous les contours de ces disciplines. C’est pour cette raison que la formation occupe une bonne place dans le programme de l’AJSB. Nous allons former autant que faire se peut les journalistes sportifs. D’abord, dans la déontologie du journalisme, mais aussi et surtout, ils auront un minimum de connaissances des disciplines sportives, de sorte à être mieux outillés pour mener à bien leurs missions. En plus de cela, il faudra revoir ce qui a été déjà fait. J’ai toujours dit que nous travaillons dans la philosophie de la termitière qui consiste à ajouter de la terre à la terre. Ceux qui nous ont précédés, ont abattu un travail que je salue au passage. Nous allons essayer d’apporter quelque chose à ce qui a été déjà fait. Nous n’avons pas la prétention de partir de zéro ; ce serait, à mon avis, utopique et à la limite même, de la folie, mais il y a des innovations que nous allons apporter pour la bonne marche de l’AJSB. Par exemple, la « Nuit des champions », dans son format actuel, sera revue avec des réaménagements. Le bureau va y réfléchir pour les prochaines éditions. Nous allons également réfléchir sur la « Super coupe AJSB », une activité très importante de notre structure. Nous allons aussi voir ce qu’il convient de faire au niveau des autres disciplines sportives. Nous nous poserons des questions pour voir ce qu’on pourra faire avec l’ensemble de tous les acteurs du sport afin de sortir quelque chose de véritablement potable dans le sens du rayonnement du sport national. Et on va essayer d’aller au-delà, en revoyant les textes de l’AJSB parce qu’à l’assemblée générale, je me rappelle, le président sortant, Alexis Konkobo , avait sorti les textes qui étaient dactylographiés. Si je vous dis de sortir un papier de ce genre aujourd’hui, ça va être la croix et la bannière pour vous. Cela veut tout simplement dire que ce n’est pas quelque chose qui date d’aujourd’hui. Et ce sont des textes qui sont en déphasage avec nos réalités d’aujourd’hui, parce qu’au moment où on les écrivait, la presse privée n’était pas très développée comme elle l’est de nos jours. Donc, il faut essayer de revoir tout cela. Il y a aussi les relations avec les partenaires. Quand je parle de partenaires, je vois les premiers acteurs du sport, c’est-à-dire les fédérations sportives ; je vois également une structure comme le CNOSB qui est un partenaire de premier choix. Il y a également les partenaires financiers de l’AJSB, qui l’aident à organiser ses activités. Nous allons aussi essayer d’établir quelque chose de formel avec le ministère des Sports, de sorte à ce qu’on puisse collaborer parfaitement. Aussi, l’AJSB a des structures-sœurs dans la sous-région, et même au-delà, qu’il faut chercher à visiter. Nous allons prendre langue avec les responsables de ces structures de sorte à pouvoir développer des projets ensemble.
Quel appel avez-vous à lancer aux journalistes sportifs ?
L’appel que j’ai à lancer aux journalistes sportifs, est celui-ci : quelle que soit la position de chacun, partout où il se trouve, qu’il se dise qu’il peut apporter quelque chose au bureau. On n’a pas besoin de faire partie du bureau pour y apporter sa contribution. En ce qui me concerne personnellement, je ne faisais pas partie du bureau sortant, mais on a travaillé à aider, autant qu’on le pouvait, ce bureau. Et c’est ce que je demande à l’ensemble des journalistes sportifs. Il faut qu’on soit unis. Si nous le sommes, il n’ y a pas de doute que nous pourrons réaliser des merveilles. Maintenant, il ne faudrait pas que quelqu’un se dise que, « parce que je ne fais pas partie du bureau, je m’en lave les mains ». Non, si on agit ainsi, le bureau va échouer. Aujourd’hui, c’est nous qui présidons aux destinées de cette association ; demain, d’autres personnes vont nous succéder. Mais nous serons toujours présents à leurs côtés, pour les soutenir comme l’ont fait nos devanciers. Je suis heureux de constater que mes co-candidats font partie du bureau et cela augure de lendemains meilleurs pour notre structure. C’est l’occasion pour moi, de vous dire qu’on a quelque chose de très important qu’on veut envisager durant notre mandat. Nos confrères qui sont dans les provinces et les régions, que nous ne connaissons pas souvent, ne doivent pas être en marge des activités de l’AJSB. Ils seront donc répertoriés et identifiés à travers un fichier. Nous avons un nombre incalculable d’organes de presse au Burkina Faso. Nous devons pouvoir répertorier les journalistes sportifs qui travaillent dans ces organes, et cela à travers un fichier. C’est donc un appel que je lance à l’endroit de tous les journalistes sportifs. Quel que soit l’endroit où ils se trouvent sur le territoire national, ils doivent répondre à l’appel de l’AJSB.
Propos recueillis et retranscrits par Seydou TRAORE