HomeA la uneJEUX AFRICAINS DE BRAZZAVILLE : Grande fête pour l’Afrique, instrument de diversion pour Sassou

JEUX AFRICAINS DE BRAZZAVILLE : Grande fête pour l’Afrique, instrument de diversion pour Sassou


La 11e édition des jeux africains ouvre ses portes officiellement ce vendredi 4 septembre 2015 au complexe sportif de Kintélé, situé à une quinzaine de kilomètres de Brazzaville, même si des épreuves ont débuté depuis le 2 septembre dernier. Ainsi donc, cinquante ans après avoir abrité la première édition de ces jeux en 1965, le Congo renoue avec ses vieilles amours. Pour ce faire,  le président Denis Sassou Nguesso  n’a pas lésiné sur les moyens pour relever le défi d’accueillir des milliers d’athlètes du continent d’une vingtaine de disciplines. Le Gouvernement congolais aurait investi la somme de 400 milliards de FCFA pour permettre à la jeunesse africaine d’évoluer dans des conditions sportives optimales. Qui dit mieux, d’un stade olympique qui peut rivaliser avec les meilleurs du monde avec à côté, un palais des sports, un centre nautique et bien d’autres infrastructures de grand standing ? En dépit du fait que les cours internationaux du pétrole ont chuté, réduisant ainsi le budget du pays et le mettant même sous pression économique, le Gouvernement congolais a réussi à réaliser ce qu’on croyait irréalisable. Pour l’image du pays, le jeu en valait la chandelle. Avec cette grande messe sportive du continent africain, il pourrait avoir, pourquoi pas, un sursis politique avant les grandes échéances électorales de 2016. Le chef de l’Etat congolais est coutumier des évènements de cette envergure qui, dans le fond, permettent généralement aux dictateurs de divertir leur peuple et leurs opposants.  Faut-il encore rappeler que le sport reste l’opium par excellence des peuples ?

En effet, le sport peut être une sorte d’exutoire, de diversion parce que pendant que le peuple congolais applaudit à tout rompre, les athlètes du continent rendent tous les honneurs au président de la République. Celui-ci ne pense qu’à développer des stratégies pour la conservation de son pouvoir.

Selon les dispositions de la Constitution actuelle, Denis Sassou Nguesso ne peut pas briguer un troisième mandat présidentiel l’année prochaine, puisqu’il a été élu pour un premier septennat en 2002 et réélu en 2009. Il ne peut être candidat que si la Constitution est modifiée. Jusqu’à présent, l’homme de Brazzaville entretient le flou, mais ses partisans y ont déjà pensé en empruntant la voie d’une révision de la Constitution.

Le sport montre que malgré les guerres, les atrocités, la famine et autres calamités, il est permis aux Africains de rêver

 

Mais, s’il est vrai que ces jeux africains peuvent  permettre à Sassou d’endormir son peuple pour quelque temps, ils est aussi vrai qu’ils peuvent être une belle opportunité pour les acteurs politiques de l’opposition, de la société civile et des démocrates, d’interpeller le pouvoir en place, voire l’opinion internationale sur le grand déficit démocratique que vivent les Congolais. Une aubaine rêvée pour les opposants et la société civile congolaise d’aborder les questions qui fâchent pendant que tous les regards seront braqués sur Brazzaville pour deux semaines.

Il ne s’agit pas de politisation du sport, mais ce genre de manifestations à grande dimension continentale très médiatisées ne devrait pas en principe être abritées par n’importe quel pays. Les critères en matière de démocratie, de gouvernance, devraient prévaloir dans le choix du pays.  Or, pour le cas du Congo, on est bien loin d’un pays qui respecte les valeurs démocratiques, en témoignent les velléités de Sassou de tripatouiller la Constitution de son pays pour se scotcher au pouvoir.

Enfin, on peut retenir que ces jeux s’ouvrent quelques jours après les mondiaux d’athlétisme de Pékin où le Kenya a ravi la première place devant des grands noms de l’athlétisme mondial tels que les Etats-Unis, la Russie et bien d’autres, faisant ainsi honneur à l’Afrique. Cela confirme une fois de plus que le sport offre des lauriers  au continent qui montre là, que malgré les guerres, les atrocités, la famine et autres calamités, il est permis aux Africains de rêver. Et, les Etats africains sont interpellés à créer les conditions qui permettent à leurs citoyens de réaliser leurs potentiels. Cela passe par la prise de conscience et de  responsabilités de leurs dirigeants en matière de gouvernance économique et politique. Tous ces jeunes sportifs africains qui ont fait le déplacement de Brazza, ne peuvent prétendre à un avenir radieux, si leurs présidents foulent aux pieds les principes élémentaires de la bonne gouvernance économique et politique.

Antoine BATTIONO  

 


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