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JOURNEE INTERNATIONALE DE LUTTE CONTRE LA CORRUPTION : Faire de 2019 une année anti-corruption


 

La déclaration ci-dessous est un message conjoint de plusieurs structures de lutte contre la corruption. Ces structures fustigent le regain de corruption au Burkina Faso et lancent un appel aux gouvernants, aux acteurs judiciaires, aux OSC et aux citoyens à faire de 2019 une année d’engagement anti-corruption.

Message conjoint à l’occasion de la Journée internationale de la lutte contre la corruption

Le 9 décembre de chaque année et ce, depuis 2004, le monde entier commémore la Journée internationale de la lutte contre la corruption. Instituée par la Résolution 58/4 du 31 octobre 2003 de l’Assemblée Générale des Nations unies, cette journée est dédiée a la sensibilisation au phénomène de la corruption en vue de faire prendre conscience d’une part, des dangers dont il est porteur et, d’autre part, de la nécessité de le prévenir et le combattre vigoureusement.
En 2018, la commémoration de cette Journée coïncide avec le 15e anniversaire de l’adoption de la Convention des Nations unies contre la corruption. Comme le souligne le Directeur Exécutif de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) dans son message à l’occasion de ce 9 décembre 2018, «quinze ans après son adoption, la Convention contre la corruption a atteint un statut quasi universel avec 186 Etats parties (…). Grâce à la Convention, presque tous les pays du monde se sont dotés de lois faisant de la corruption un crime ». L’on assiste à une mobilisation des différents acteurs pour faire de cette convention, un instrument efficace de prévention et de répression de la corruption et des infractions assimilées. Dans cet élan de mobilisation, l’Union africaine a déclaré l’année 2018, année de la lutte contre la corruption en Afrique, traduisant ainsi une prise de conscience de plus en plus grande des Etats africains, des conséquences dramatiques de ce phénomène sur leur développement.
L’ouverture du procès de l’ancien président sud-africain pour corruption et la recommandation de la police israélienne d’inculper le couple Netanyahu pour « acceptation de pots-de-vin », « fraude », « abus de confiance» et « obstruction à la justice », adressent un message clair à l’endroit des gouvernants et puissants du jour. Ces actions qui donnent des lueurs d’espoir dans le combat contre l’impunité, constituent non seulement une source d’inspiration pour les acteurs judiciaires burkinabè, mais aussi une interpellation quant à la nécessité pour eux de s’affranchir pour engager des actions courageuses contre la corruption dans notre pays.
Au plan national, le contexte de commémoration de la Journée internationale de la lutte contre la corruption est fortement caractérisé par un développement de la corruption et des pratiques de mal gouvernance. La corruption qui semblait pourtant avoir été légèrement infléchie au lendemain de l’Insurrection populaire, a repris son envol en 2017 comme l’illustrent les rapports 2017 de l’ASCE-LC et du REN-LAC. Cette recrudescence du phénomène est doublée d’une impunité toujours très perceptible des crimes économiques tant sur le plan judiciaire que sur le plan disciplinaire et administratif. Les rapports des corps de contrôle donnent lieu à très peu de suites judiciaires et/ou administratives et disciplinaires. L’affaire du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) et de bien d’autres dossiers qui cristallisent beaucoup d’attentes des citoyens, restent toujours sans perspectives très claires d’élucidation. Ce contexte de corruption et de mauvaises pratiques ambiantes doublé du climat d’impunité s’explique en partie par le faible niveau d’application de la loi anti-corruption, le déficit de moyens d’actions au profit des acteurs, notamment les pôles judiciaires spécialisés en matière de lutte contre les infractions économiques et la criminalité organisée, le déficit de synergie entre les acteurs judiciaires et les autres acteurs de la lutte contre le phénomène et le déficit de volonté de l’Exécutif d’impulser une dynamique anti-corruption vigoureuse. En lieu et place des actions fortes contre la corruption, l’on assiste plutôt, et de plus en plus, à des velléités de répression de ceux-là qui osent élever la voix pour dénoncer les mauvaises pratiques et la corruption à l’image des poursuites engagées contre Le Reporter et la CGT-B, ainsi que des velléités de sanction administrative des agents de douane qui ont osé dire non à la corruption et à la fraude douanière. Cela pose avec acuité, le problème de la protection des lanceurs d’alerte dans notre pays. Le contexte national de commémoration du 9 décembre est aussi caractérisé par une effervescence sociale sur fond de revendications de justice sociale et d’équité. Il est connu de tous, que la corruption et la mal gouvernance font le lit de l’injustice sociale et constituent des facteurs de renchérissement du coût de la vie, véritables causes de cette ébullition du front social.
C’est dans ce contexte particulier fait d’espoirs mais aussi d’incertitudes et de fortes attentes que dans un élan synergique, les structures signataires de la présente déclaration commune ont commémoré la Journée internationale de la lutte contre la corruption dans notre pays, sous le thème: « Appropriation et mise en œuvre de la loi portant prévention et répression de la corruption au Burkina Faso ». Plusieurs activités de sensibilisation des populations sur les méfaits de la corruption et la nécessité pour elles de faire de la loi anti-corruption un instrument de veille citoyen, ont été menées. Des actions de concertation et de réflexion ont également été menées par les différents acteurs de l’application de la loi anti-corruption, avec pour finalité de déceler les goulots d’étranglement et envisager des perspectives pour plus d’efficacité. Convaincu cependant, qu’un plus grand succès sur le front anti-corruption passe d’une part, par une ferme volonté et un engagement soutenu des gouvernants à agir de manière implacable contre la corruption, la fraude et l’impunité, ce qui est du reste un moyen de mobilisation de ressources utiles pour faire face aux pressantes préoccupations des populations et contrer le terrorisme; et d’autre, par un renforcement de l’engagement de tous les acteurs et la mobilisation des citoyens dans cette lutte, nous lançons un appel aux gouvernants, aux acteurs judiciaires, aux OSC et aux citoyens à faire de l’année 2019 une année d’engagement anti-corruption.

Ouagadougou le 9 décembre 2018

Les Structures signataires:

-ASCE-LC
-OJD
-PNUD
-RAJIT
-RBJLI
REN-LAC


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