HomeA la uneJOURNEE MONDIALE DE LA LIBERTE DE LA PRESSE : Beaucoup reste à faire sur le chemin de la délivrance  

JOURNEE MONDIALE DE LA LIBERTE DE LA PRESSE : Beaucoup reste à faire sur le chemin de la délivrance  


 

Hier, 3 mai 2016, le monde entier a rendu hommage aux hommes et femmes de médias qui font un travail remarquable et ce, parfois au péril même de leur vie. C’était à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, proclamée par l’Assemblée générale des Nations unies depuis 1993. « La presse burkinabè face au renouveau démocratique », tel est le thème retenu cette année au Burkina Faso, pays des Hommes intègres où, il faut le reconnaître, des avancées notables ont été enregistrées en matière de liberté de la presse. En effet, en plus de « la volonté assumée du gouvernement de promouvoir une presse de qualité en offrant aux acteurs de bonnes conditions de travail et de vie », le Burkina Faso occupe une place de choix dans le classement établi par Reporters sans frontières (RSF). 5e au plan continental et 42e à l’échelle mondiale, le Burkina Faso doit ce changement qualitatif à l’assassinat du journaliste Norbert Zongo en 1998,  qui, faut-il le rappeler, avait sérieusement bouleversé le régime de Blaise Compaoré. Car, depuis lors, aucun journaliste burkinabè n’a encore été sérieusement inquiété dans l’exercice de ses fonctions, même si, faut-il le relever,  les médias ont récemment été éprouvés dans le sillage du coup d’Etat manqué du général Diendéré. Et cerise sur le gâteau, la dépénalisation des délits de presse adoptée sous la Transition, en même temps qu’elle constitue un « ancrage réussi et fécond de la démocratie », a  favorisé l’épanouissement accru des hommes et femmes de médias. C’est la preuve donc qu’il existe une corrélation évidente entre la presse et la gouvernance politique. La liberté de la presse est tributaire de la qualité de la gouvernance dans un pays. En clair, suivant que l’on est en démocratie ou en dictature, on n’a pas la même perception de la presse. Car, on le sait, les dictateurs n’ont besoin de la presse que lorsque celle-ci est à leur service. Dans le cas contraire, elle est considérée comme un ennemi à abattre, surtout quand celle-ci se montre critique vis-à-vis du régime en place.

Il est grand temps que les gouvernants comprennent que la liberté de la presse est incompressible

Les exemples sont si légion que l’on ne prendrait pas le risque de vouloir les égrener exhaustivement. On retiendra seulement que dans le hit parade des pays prédateurs de la liberté de la presse, figure en premier lieu l’Erythrée, connu pour être un régime sanguinaire où les désirs du prince valent lois. Suivent dans l’ordre, la Corée du Nord (179e), le Turkménistan (178e), la Syrie (177e) et la Chine (176e). On oublie volontiers la Turquie, l’Irak,  la Libye et le Yémen où, du fait de la guerre, la situation demeure très préoccupante. Théâtre des violences contre les journalistes, le Burundi, quant à lui, s’enfonce  depuis la candidature contestée et suivie de la réélection du président Pierre NKurunziza. C’est dire que beaucoup reste à faire sur le chemin de la délivrance. La presse est orpheline de protecteurs. Et les choses ne font qu’aller de mal en pis, puisqu’en plus des lubies des dirigeants, les hommes de médias font désormais face à un autre phénomène : le péril djihadiste. Que faire ? C’est le lieu de demander à la communauté internationale, notamment l’ONU, de hâter le pas dans la mise en œuvre de son projet  consistant à faire de tout assassinat de journaliste, un crime contre l’humanité. Cela permettra sans doute une prise de conscience collective sur la nécessité de respecter et de protéger la liberté de la presse. Car, que serait devenu le monde sans journaliste ? Ce serait une caverne sans lumière où les plus forts écraseraient les plus faibles. Or, le rôle  d’un journaliste, c’est d’apporter la lumière pour éclairer l’opinion qui a souvent besoin de savoir ce qui se passe autour d’elle. N’est-ce pas grâce à la presse que le monde  est devenu un village planétaire où plus rien ne peut encore  être caché ? Il est donc temps que les gouvernants se réveillent et qu’ils comprennent que la liberté de la presse est incompressible et qu’elle n’est pas monnayable. Les Etats-unis l’ont déjà compris, eux qui ont fait de la liberté de la presse le premier amendement de leur Constitution. Pour autant, le pays ne s’en porte pas plus mal, puisqu’il demeure la première puissance mondiale.

Boundi OUOBA


No Comments

Leave A Comment