HomeA la uneJOURNEE MONDIALE DE LA LIBERTE DE PRESSE : Sous le signe de la responsabilité des médias face aux défis sécuritaires

JOURNEE MONDIALE DE LA LIBERTE DE PRESSE : Sous le signe de la responsabilité des médias face aux défis sécuritaires


A l’instar des autres pays du monde, le Burkina célèbre aujourd’hui 3 mai 2017, la Journée mondiale de la liberté de la presse. Pour marquer d’une pierre blanche cette journée, le Centre national de presse Norbert Zongo (CNP /NZ) en collaboration avec ses partenaires, a organisé hier, 2 mai  dans la salle de conférences de la Direction générale de la coopération (DGCOOP) à Ouagadougou, un atelier d’échanges entre journalistes, partenaires techniques et financiers, des organisations de la société civile et les Forces de défense et de sécurité (FDS). Cet atelier dont l’objectif est de renforcer la collaboration entre les FDS et les Hommes de médias, a permis aux participants d’échanger sur divers thèmes que sont, entre autres, « la problématique sécuritaire au Burkina Faso », « les FDS face au terrorisme ».  

 

« Défis sécuritaires au Burkina Faso : rôle et responsabilité des médias ». C’est autour de ce thème national que les Hommes de médias et les Forces de défense et de sécurité (FDS) ont entamé hier, 2 mai 2017, les échanges, en vue de dégager des mécanismes pouvant permettre de renforcer la collaboration entre eux dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.  Pour  le président du comité de pilotage du CNP/NZ, Boureima Ouédraogo, le choix de ce thème se justifie par le fait que depuis que le Burkina est dans l’œil du cyclone djihadiste, il y a des soucis liés au traitement de l’information sécuritaire. D’où l’urgence d’ouvrir une réflexion collective, afin de trouver les pistes de collaboration entre les FDS et les Hommes de médias. Il s’agit, a-t-il dit, de permettre aux Hommes de médias de continuer à assurer le service public d’information sans toutefois compromettre les actions des FDS ni violer les principes, l’éthique et la déontologique de la profession de journaliste. Pour le comité de pilotage du CNP/NZ, l’amélioration de la collaboration entre les autorités en charge de la sécurité, les FDS et les Hommes de médias, pourrait contribuer à une meilleure mobilisation citoyenne mais aussi et surtout au nécessaire sursaut national pour résister à la menace terroriste. L’objectif général de l’atelier est de jeter les bases d’une collaboration entre les FDS et les médias dans la production et la diffusion d’informations relatives à la sécurité et à la lutte contre le terrorisme. Les objectifs spécifiques de l’atelier sont, entre autres, d’ouvrir un cadre de dialogue porteur entre les autorités, les spécialistes de la sécurité et les animateurs des médias, faire des propositions pour la sécurité des journalistes et des donneurs d’alerte dans un contexte de lutte contre le terrorisme.

 

Les menaces de la défense et de sécurité

 

Pour permettre aux participants de mieux appréhender les enjeux des thèmes retenus, 3 communications leur ont été livrées. La première a porté sur la problématique sécuritaire au Burkina. Elle a été livrée par le contrôleur général de police, Alain Ouilma, directeur exécutif adjoint du Centre d’études stratégiques en défense et sécurité (CESDS), selon qui depuis quelque temps, le Burkina se bat contre les terroristes pour la sécurisation de l’espace sahélo-saharien.  La situation sécuritaire du pays qu’il a présentée est loin d’être reluisante car, on y dénombre des zones classées rouge, orange et jaune. Le communicateur a aussi présenté les orientations stratégiques, les menaces de la défense et de sécurité, notamment les attaques à mains armées, l’incivisme, la démographie, la corruption, etc. Selon M. Ouilma, pour mieux lutter contre le terrorisme, il faut renforcer les capacités des FDS, des renseignements, rompre la chaîne de financement des terroristes, etc. Mais, pourquoi malgré le nombre des armées qui luttent contre les groupes terroristes qui écument la bande sahélo saharienne, on n’arrive pas à les vaincre? C’est parce que nos Armées n’étaient pas préparées à une guerre asymétrique, ne disposent pas non plus de moyens qu’il faut, face à des gens qui ont beaucoup de moyens financiers grâce au trafic de drogue et d’armes, a-t-il justifié. La seconde communication a été donnée par le colonel major, Salfo Kaboré, commandant de la 3e région militaire et axée sur « les forces de défense et de sécurité face aux attaques terroristes ».  Pour ce dernier, ce n’est ni demain ni dans 6 mois que l’on pourra venir à bout de l’insécurité dans le Nord du pays car, c’est un problème qui va au-delà de ce que certains pensent. Il ne suffit pas, a-t-il indiqué, d’envoyer quelques hommes sur le terrain et croire que le terrorisme y sera vaincu. Il a souligné le caractère multidimensionnel du terrorisme.  Selon le colonel major, la sécurité coûte cher et il faut la payer avant. Or, les FDS n’ont toujours pas  les moyens appropriés pour mener leurs missions. Toute chose qui rend difficile la lutte contre le terrorisme.  Outre cet aspect, il y a le fait que les FDS n’étaient pas formées à la guerre que leur livrent les terroristes. Sur la question de la communication des armées, il a estimé que des efforts ont été faits et continuent d’être faits en vue de l’améliorer davantage. Mais, il n’y a pas que du côté des FDS qu’il y a des carences, on en rencontre également du côté de la presse, a-t-il dit.  Et de souligner la dangerosité des caméras et micros.

 

La nécessité d’instaurer une saine collaboration entre FDS et médias

 

Ces outils, a-t-il relevé, sont plus dangereux qu’une arme. D’où la nécessité pour les Hommes de médias de traiter l’information sécuritaire avec beaucoup de prudence. A son avis,  il convient de faire des efforts à tous les niveaux pour pouvoir progresser. Il a reconnu la nécessité d’instaurer une saine collaboration entre les FDS et les médias. Une position défendue par le colonel Maïga Sadou de l’Etat major général des armées division opérations. Pour ce dernier, la collaboration entre FDS et les médias est d’autant plus nécessaire que la publication de certaines informations ou images peuvent desservir le pays.   Ils ont tous exprimé leur disponibilité à recevoir des Hommes de médias et à leur communiquer des informations qui peuvent l’être. Et aux chargés de communication de la gendarmerie, le capitaine Guy Hervé Yé et de l’Etat major, le capitaine Bertrand Dakissaga,  d’ajouter que des projets sont en cours en vue de renforcer davantage la collaboration entre les FDS et les médias, non sans rappeler les efforts régulièrement déployés pour fournir des informations fiables aux journalistes qui le demandent. Le dernier communicateur, le docteur Sourwema Kassem, enseignant chercheur à l’Université Ouaga 2  et au Laboratoire citoyennetés, a tablé sa communication sur le thème : « Le sahel burkinabè  entre l’absence d’Etat et menace terroriste ». Se fondant sur une étude réalisée il y a une année  dans des communes du Burkina, du Mali et du Niger, notamment à Dori, Ayorou et Tera, il dira que la perception des populations de ces localités, est  mitigée.  Au  Niger, les acteurs relèvent une amélioration de la sécurité, au Mali, ils estiment que la situation stagne depuis 2012. Au Burkina, l’attaque de la gendarmerie d’Oursi et du poste de la Douane   de Déou a augmenté le sentiment d’insécurité. Selon M. Kassem, les conséquences de l’insécurité dans ces localités sont, entre autres, l’exode, le départ des partenaires étrangers, etc. Pour lui, si des mesures ne sont pas prises pour renforcer les moyens des FDS, si l’Etat ne marque pas une grande présence dans ces zones frontalières, les populations les déserteront. Les différentes communications ont été suivies d’échanges permettant ainsi aux participants d’apporter des contributions ou de se faire éclairer. Les échanges  se poursuivront aujourd’hui en vue d’arrêter de façon concrète quelques actions pour renforcer la collaboration entre les FDS et les médias.

 

Dabadi ZOUMBARA

 

 


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