HomeA la uneKADRE DESIRE OUEDRAOGO SUR RFI : «Je ne me cloître pas dans des divisions partisanes »

KADRE DESIRE OUEDRAOGO SUR RFI : «Je ne me cloître pas dans des divisions partisanes »


Interrogé par RFI ce lundi 4 mars 2019, l’ancien Premier ministre Kadré Désiré Ouédraogo a réaffirmé sa volonté de briguer la magistrature suprême et ce, avec ou sans le soutien du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP). En tout cas, il dit avoir parmi ses soutiens « de nombreuses personnalités avec beaucoup d’expérience ». Lisez plutôt !

Christophe Boisbouvier : Pourquoi êtes-vous candidat à la présidentielle de 2020 ?

Kadré Désiré Ouédraogo (KDO) : Cette initiative vient de mon profond désir de servir mon pays à un moment où celui-ci traverse une situation difficile. Evidemment, le principal défi en ce moment est la sécurité et la lutte contre le terrorisme, car sans la stabilité et la sécurité, il n’y a pas de développement économique possible.

Le président Roch Marc Christian Kaboré vient de changer de Premier ministre et a nommé Chériff Sy à la défense. Peut-il y avoir un sursaut avec ces nouveaux hommes ?

Je pense que c’est le souhait de tout Burkinabè, qu’ils réussissent parce que la situation actuelle commande des stratégies nouvelles. Je connais bien les personnalités en question et j’espère qu’elles sont en mesure de contribuer à relever cet important défi.

Mais pourtant, vous serez candidat l’année prochaine contre le président sortant Roch Marc Christian Kaboré ?

Je fais la part entre les relations humaines et les affaires d’Etat. J’ai ma petite idée de ce qu’il faut pour notre pays et c’est la raison pour laquelle j’ai décidé d’apporter ma modeste expérience à mon pays.

Et quelle est cette petite idée sur le chantier sécuritaire ?

D’abord, il me semble que pour aborder ce chantier sécuritaire, nous avons aussi d’autres défis à relever. Notamment celui de la réconciliation nationale, de l’apaisement des cœurs et de l’union de tous les Burkinabè face à notre ennemi commun qui est le terrorisme.

Qu’est-ce que vous craignez le plus, c’est peut-être la haine intercommunautaire ?

La haine intercommunautaire est un grave danger qui menace notre pays. C’est la raison pour laquelle suite aux événements de Yirgou, je pense que toutes les voix se sont élevées pour condamner toute stigmatisation de quelle que communauté que ce soit et considérer que nous tous Burkinabè, nous sommes un contre un ennemi commun.

Vos partisans disent que vous êtes un homme de consensus mais qu’est-ce qui vous différencie en cela des autres grands hommes politiques du pays et notamment du président actuel Roch Marc Christian Kaboré ?

C’est simplement peut-être les méthodes qui divergent. Moi, je suis convaincu que je peux contribuer, par des voies nouvelles, par des initiatives nouvelles, à rénover notre façon de vivre ensemble et surtout rénover notre gouvernance commune.

Mais, pendant la révolution d’octobre 2014, vous n’étiez pas au pays, vous présidiez la commission de la CEDEAO à Abuja. Est-ce que vous êtes vraiment en prise avec les réalités du pays ?

Je rappelle que dès les premiers instants de l’insurrection, je suis venu à Ouagadougou en ma qualité de président de la commission de la CEDEAO. Ensemble avec la mission de l’Union africaine (UA) et des Nations unies, j’ai participé à tous les pourparlers qui ont permis à notre pays de revenir dans le processus démocratique y compris le sommet de la CEDEAO qui a permis donc à cette communauté d’apporter sa contribution au retour de la paix et de la stabilité au Burkina Faso. C’est dire donc que je suis quand même un témoin privilégié de ce qui a été fait pour établir une transition jusqu’aux élections de 2015.

Sur le plan économique, qu’est-ce que vous pouvez proposer de mieux que le gouvernement actuel ?

D’abord, il faut surtout la gouvernance et faire en sorte que les citoyens aient confiance aux dirigeants et que les dirigeants aussi s’appliquent à servir leur pays dans l’équité, dans la transparence, dans la probité.

Vous laissez entendre que le gouvernement actuel est corrompu mais le nouveau Premier ministre, Christophe Joseph Marie Dabiré, n’était-il pas connu justement pour son intégrité ?

Je n’ai jamais accusé quelqu’un d’être corrompu a fortiori le gouvernement. Ce n’est pas ce que je dis. Je dis simplement que notre gouvernance a besoin d’être améliorée, que nous avons besoin de redoubler d’efforts dans la lutte contre la corruption.

En 1997, vous avez été élu député sous la bannière du CDP, le parti de Blaise Compaoré. Est-ce que vous êtes toujours au CDP ?

Oui, c’est vrai que j’ai adhéré au CDP en 1996. J’ai fait partie du CDP jusqu’à mes fonctions internationales où j’ai dû donc suspendre toute participation parce que le statut de fonctionnaire international ne m’autorisait pas à faire une activité politique active dans mon pays. Et depuis mon retour de la CEDEAO, je suis dans une phase d’observation de la situation politique, économique et sociale de notre pays.

Est-ce que vous êtes candidat à la primaire au sein du CDP face au président de ce parti, Eddie Komboïgo ou, est-ce que vous êtes un candidat indépendant?

Je crois que cette question n’est même pas encore posée au sein du CDP. Mais, s’il devait y avoir des primaires, il faudrait encore savoir les conditions d’organisation de ces primaires et qui est le corps électoral.

Et si le CDP vous demande de vous soumettre à une élection primaire en son sein, qu’est-ce que vous répondrez ?

Je pense que l’élection présidentielle est avant tout un contrat entre un homme ou une femme et son peuple. Je dois dire que j’ai reçu déjà des échos très favorables et je compte parmi mes soutiens de nombreuses personnalités avec beaucoup d’expérience. Je ne vois pas pourquoi je renoncerai à me mettre à la disposition de mon pays.

Donc vous n’excluez pas d’être un candidat indépendant ?

Toutes les options sont ouvertes. Il y a plusieurs hypothèses d’organisation, nous allons les examiner toutes et nous choisirons celle qui amènera le plus d’efficacité à notre action.

Et s’il y a l’un contre l’autre, deux candidats issus du CDP, Eddie Komboïgo et vous-même, est-ce que vous n’allez pas affaiblir votre camp face au parti au pouvoir, le MPP ?

Non, en ce moment-là, il ne s’agit pas d’un camp. Moi, j’ai des idées, je défends des idées. Je ne me cloître pas dans des divisions partisanes. Vous savez que parmi ceux qui me soutiennent, il y en a qui ne sont d’aucun parti politique.

Il y a 18 mois, vous êtes allé rencontrer l’ancien président Blaise Compaoré à Abidjan. Comment cela s’est-il passé ?

Le président Compaoré m’a fait l’honneur de me nommer Premier ministre en 1996, je lui en suis reconnaissant. Je pense que c’est dans l’exercice de mes fonctions d’ailleurs que les Burkinabè ont appris à me connaître, à connaître ce dont je suis capable. Mes relations avec lui sont des relations de respect et chaque fois que j’ai l’occasion de passer à Abidjan, je ne manque pas de lui dire bonjour.

Et la dernière fois que vous l’avez vu, j’imagine que vous lui avez fait part de vos intentions de vous porter candidat. Comment a-t-il réagi ?

Il est effectivement informé de l’initiative que j’ai prise de me porter candidat. Quant à sa réaction, vous permettrez que par respect pour lui, je ne parle pas à sa place.

Donc, vous ne pouvez pas nous dire aujourd’hui s’il vous soutient ou pas ?

Il appartient à lui seul de s’exprimer sur ce sujet.

Interview retranscrite par Drissa TRAORE


Comments
  • Wahou! Très belle interwiew d’un homme qui tourne la langue sept fois dans sa bouche avant de dire quoi que ce soit. J’apprécies la partie qu’il a laissé entendre qu’il fait la part entre les relations humaines et les affaires d’État. C’est le type de politique que le Burkina a aujourd’hui besoin. Ce politique qui ne pensera jamais à dissocier la politique de la morale et du bon sens

    16 mars 2019

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