HomeA la uneKAFANDO A L’ELYSEE : Une visite opportune

KAFANDO A L’ELYSEE : Une visite opportune


 

Le président de la transition, président du Faso, Michel Kafando, sur invitation de son homologue français, François Hollande, effectue du 31 mai au 7 juin 2015, une visite de travail à Paris. Le 1er juin, il a été reçu par François Hollande à l’Elysée. Outre l’entretien avec celui-ci, Michel Kafando s’entretiendra avec d’autres personnalités, notamment le président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, et la présidente de la Commission des Affaires étrangères de cette institution, Elisabeth Guigou. Cette visite du patron de la transition burkinabè est intéressante à plusieurs égards.

D’abord, l’on peut noter la rapidité avec laquelle Michel Kafando a été reçu par le président français. En effet, la France, et cela est connu, est un pays qui est très regardant sur les conditions dans lesquelles le pouvoir d’Etat est dévolu et ce, particulièrement dans ses anciennes colonies. De ce fait, bien des présidents africains n’ont pas eu le privilège d’être reçus à l’Elysée par le grand chef des « Blancs ». Le simple fait que celui-ci ait reçu Michel Kafando, parvenu au pouvoir dans les circonstances que l’on sait, illustre à souhait que le Burkina demeure un pays fréquentable et ce, sept mois seulement après la mise en place de la  transition. L’on peut aussi y voir la preuve que l’Elysée a pris la mesure de l’importance de la transition et qu’elle suit de près et avec intérêt tout ce qui se passe aujourd’hui au « pays des Hommes intègres ». De ce point de vue, la visite que Michel Kafando rend à la France vaut son pesant d’or. Elle offre notamment au successeur de Blaise Compaoré l’opportunité d’expliquer au n°1 Français les grandes décisions de la transition, particulièrement celles qui pourraient avoir été mal comprises par les autorités françaises. Une d’elle est incontestablement le vote, le 7 avril 2015 dernier, de la loi portant révision du Code électoral au Burkina. A ce sujet,  Michel Kafando  devrait, arguments à l’appui, expliquer à son homologue français que la volonté du législateur burkinabè n’a jamais été d’exclure des partis politiques du jeu électoral, mais de sanctionner des personnes physiques dont les propos et les actes ont mis en péril non seulement la démocratie au Burkina, mais aussi ont été à l’origine de la mort de 28 Burkinabè dont le seul tort a été de s’être dressés, les mains nues, contre l’arbitraire et la confiscation du pouvoir par un homme et son clan. Si Michel Kafando met la pédagogie qui sied pour développer cet argumentaire, l’on pourrait  s’attendre à ce que François Hollande revienne à de meilleurs sentiments sur la transition, en ayant notamment une saine et juste compréhension de l’article 135 du Code électoral que d’aucuns se sont empressés de qualifier de disposition d’exclusion.

François Hollande a déclaré que le processus transitionnel du Burkina Faso est un bel exemple que bien des pays africains devraient suivre

Et de fait, la cause a été bel et bien entendue. François Hollande a déclaré hier et sans ambages que le processus transitionnel du Burkina Faso est un bel exemple que bien des pays africains, comme le Burundi, devraient suivre. Cette déclaration faite après l’entrevue entre les deux chefs d’Etat, prend valeur d’onction pour Michel Kafando. Le président de la transition ne pouvait espérer mieux de sa première visite officielle en France. C’est dire que l’Elysée a tout compris, elle qui a tout simplement refusé d’entrer dans le débat quasi suranné sur le caractère inclusif ou exclusif du Code électoral.

La deuxième observation que l’on peut faire à propos de cette visite est qu’elle intervient à un moment où la transition bénéficie de l’accompagnement financier des partenaires techniques et financiers du Burkina, à l’effet de réussir l’organisation des élections à venir. Cela est la preuve que les campagnes de diabolisation et les lobbyings qui ont été déployés contre elle à l’échelle internationale, n’ont pas atteint les résultats escomptés par leurs auteurs. Michel Kafando devra donc mettre à profit sa visite en France pour renforcer cette dynamique. Ce faisant, il découragerait tous ceux qui font feu de tout bois aujourd’hui, aidés en cela par les ennemis du peuple burkinabè, pour présenter le Burkina comme un pays digne de sanction, parce qu’à leurs yeux, la transition s’est inscrite dans une logique d’exclusion, suite à l’adoption du nouveau Code électoral. Pour toutes ces raisons, la visite de Michel Kafando à l’Elysée est, on ne peut plus, opportune. Cela dit, il faut souhaiter que la France ne prête pas sa voix et son onction à tous ceux qui n’ont jamais voulu d’une véritable alternance démocratique au Burkina Faso et qui caressent toujours l’espoir d’une restauration du système Compaoré, pour compliquer la tâche de la transition. Car, ce serait non seulement de sa part une insulte à la mémoire des Burkinabè tombés sur le champ de défense de la démocratie, mais aussi une sorte de trahison des valeurs qui ont été portées par l’ensemble des mouvements révolutionnaires et qui ont mis fin à l’ancien régime en France en 1789. De ce point de vue, moralement et politiquement,  la France devrait accompagner la transition burkinabè. A défaut de cela, elle devait au moins la comprendre, parce qu’avant tout, c’est le peuple burkinabè qui en a décidé ainsi. Et c’est ce que l’Hexagone vient de faire.

Sidzabda


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