HomeA la uneKAGAME ET NKURUNZIZA :Deux anachronismes du XXIe siècle

KAGAME ET NKURUNZIZA :Deux anachronismes du XXIe siècle


La démocratie avance sur le continent, grâce à la détermination des peuples en lutte. Cela, en dépit des couacs enregistrés par-ci par-là. Là où le bât blesse, c’est lorsque des leaders ayant incarné, par le passé, les aspirations de leur peuple, s’érigent eux-mêmes en  véritables potentats.  Sont de ceux-là : Pierre Nkurunziza du Burundi, et Paul Kagamé du Rwanda.  

Hutu du Burundi où la vie politique a longtemps été dominée par la minorité tutsi, Pierre Nkurunziza, 51 ans aujourd’hui, a grandi dans un quartier mixte où les deux communautés n’étaient pas encore séparées par les massacres des années 1990. Après avoir fui les exactions, l’homme était revenu plus tard à la tête des Forces pour la défense de la démocratie (FDD), combattre et vaincre les forces d’oppression. Avec l’ancien président Pierre Buyoya, Nkurunziza fait partie des signataires de l’accord de paix d’Arusha, ayant marqué la fin de la guerre civile burundaise en 2000. Grand sportif, il fut professeur de gymnastique à l’université, puis ministre chargé de la bonne gouvernance. Pierre Nkurunziza fut élu nouvellement président du Burundi, le 19 août 2005. Seul candidat,  il a été réélu en juin 2010, avec plus de 91 % des voix.

 

Des années après leur prise du pouvoir, c’est la désillusion !

 

Originaire du Rwanda, Paul Kagamé, 57 ans,est Tutsi. Après avoir fui la répression en cours dans son pays, il avait choisi de rejoindre les maquisards de Yoweri Museveni. Ensemble, ils avaient réussi à chasser le dictateur Idi Amin Dada, et à prendre le pouvoir en Ouganda. Homme du renseignement formé aux Etats-Unis, Paul Kagamé sera récompensé de ses efforts par son mentor. Une fois installé à Kampala, Yoweri Museveni l’aidera à son tour à récupérer le pouvoir à Kigali, avec le Front patriotique rwandais (FPR). Ceci, après avoir éjecté le défunt général Habyarimana, alors Chef de l’Etat, et appartenant à l’ethnie Hutu. Vice-président et ministre de la Défense de juillet 1994 à avril 2000, Paul Kagamé a d’abord été élu président de la République par le Parlement, le 17 avril 2000. Suite à l’instauration d’une nouvelle Constitution par référendum, il est réélu au suffrage universel direct le 25 août 2003 (95 % des voix) et le 9 août 2010 (93 % des voix)..

Voilà donc deux hommes d’ethnies opposées, habitant dans deux Etats distincts mais voisins ; deux leaders au parcours presqu’identique, et que le destin a investis de la même mission : conduire les destinées de leur peuple. Les Africains, de diverses générations, s’attendaient donc à les voir travailler à restaurer la cohésion nationale, à élargir les espaces de libertés, à promouvoir les droits humains, et à faire avancer la démocratie et l’alternance au pouvoir. Hélas, des années après leur prise du pouvoir, c’est la désillusion ! Les dirigeants des deux pays montrent à souhait qu’ils n’ont pas suffisamment tiré leçon du passé. Ce qui les préoccupe, c’est le pouvoir. La boulimie du pouvoir et la mégalomanie aidant, ils cherchent à tout prix à se maintenir, à prendre leur revanche sur l’histoire. Journalistes, défenseurs des droits humains, simples critiques et opposants, sont ainsi quotidiennement bâillonnés. Harcelés à l’intérieur comme en dehors du territoire national, ils sont embastillés sans ménagement, parfois menacés de mort sinon lâchement assassinés. Au Rwanda du Tutsi, tout comme au Burundi du Hutu, on se moque éperdument des nouvelles valeurs que l’on prône d’un bout à l’autre de l’Afrique du troisième millénaire. Elles sont superbement mises sous le boisseau. Qu’il est bien triste et honteux de voir ces deux leaders feindre d’ignorer que la liberté et la démocratie sont des biens universels précieux, et que l’intolérance finit toujours par coûter cher à ceux qui la cultivent.

 

Critiques et opposants sont facilement jetés en prison

 

Certes, Pierre Nkurunziza et Paul Kagamé ont permis à leur pays de faire des bonds en avant, au plan de la reconstruction et du développement. Au Burundi, le régime en place a beaucoup investi dans la réconciliation nationale. Il n’est pas moins exempt de critiques. Nkurunziza ayant évité de respecter les accords d’Arusha jusqu’au bout, la chasse aux sorcières est devenue une caractéristique de son régime. Au Rwanda aussi, de sérieux efforts ont été faits pour rendre justice aux femmes et garantir leur participation au développement du pays. En dehors des lois sur la parité,  la lutte contre les déchets plastiques a fait de ce pays, une référence pour de nombreux autres dont le Burkina. Pour beaucoup d’observateurs, Paul Kagamé a le mérite d’avoir apporté la stabilité et la croissance économique au Rwanda. L’efficacité de la lutte contre la corruption, y compris contre ses proches, a aussi fait la réputation de Paul Kagamé au niveau international.

Le Burundi et le Rwanda  sont aujourd’hui deux pays  aux attraits touristiques indéniables. Mais, si positif soit-il, le bilan économique d’un pays ne saurait suffire à l’ériger en exemple de réussite. Il lui faut garantir un minimum de libertés démocratiques à ses habitants. En la matière, le Burundi de Pierre Nkurunziza, et le Rwanda de Paul Kagamé brillent par la mal gouvernance politique qui caractérise leurs régimes. En effet, le climat politique y est loin d’être serein. Au double plan de la démocratie et des libertés, le bout du tunnel est encore loin pour les Rwandais. Le président Paul Kagamé lui, assume la voie sur laquelle son régime s’est engagé : il est sans pitié pour tous ceux qui s’apparentent à des « révisionnistes ».   C’est un véritable fonds de commerce au nom duquel, critiques et opposants sont facilement jetés en prison, s’ils ne sont pas éliminés. La suspicion qui règne dans l’entourage du Chef de l’Etat rwandais est devenue inconvenante ; au point que c’est sans surprise que l’on enregistre régulièrement le départ en exil de nombreux proches collaborateurs. L’homme mince de Kigali  ne rassure plus. Il inquiète jusqu’en Afrique du Sud où, sans aucun égard pour le souvenir de Nelson Mandela, ses partisans traquent d’anciens compagnons d’armes ayant préféré prendre leurs distances.

Avec Kagamé et Nkurunziza, on ne se croirait plus au troisième millénaire. Même Joseph Kabila, si décrié, n’empêche pas les opinions contraires de s’exprimer. Sans aucune liberté d’expression, comment construire un Etat de droit et une démocratie ? Peut-être   un coup de main de l’Occident sera-t-il nécessaire. Il pourrait, par exemple, éviter d’ouvrir grandes les portes de ses capitales, à ce type de dirigeants qui sont sans aucune compassion pour leur   peuple.

Sans conteste Pierre Nkurunziza du Burundi et Paul Kagamé du Rwanda, illustrent deux anachronismes en ce 21ème siècle naissant sur le continent !

 

« Le Pays »


Comments
  • apres une mal gouvernence un pays a besoin e l autorite Kagame l a compri mais le burundi etai un ayant un bn nivo… koi k il en soit ne comparai jamai la focon de gouverner des 2 nkurunziza est untiran hors du commun le peuple trembl et ne racont pa tt la verite aidez nou il est interdi de sortir au burndi a partir de 18h et rwanda on peu travail jusk o matin

    8 novembre 2014
  • je suis desolee mais je ne peux pas comparer les deux cas. Le Rwanda sortai d’une situation qui nécessitait un homme à poigne; Je pense que l’on ne doit pas faire des amalgames et penser que l’alternance est la solution universelle. Quand un dirigeant fait du bon travail pourquoi ne pqs le laisser en place jusqu’à ce qu’il mette le pays sur une trajectoire irreversible.

    20 mai 2015
    • Mme Diallo Fatoumata, Vous vous posez la question de savoir pourquoi ne pasaisser en place le dirigeant qui fait du bon travail le temps necessaire de mettre le pays sur une trajectoire irreversible.
      Ce sont ces types de raisonnements qui amenent certains groups a croire aux homes providentiels, au messies et autres personnages envoyes par Dieu pour sauver un pays, voire des continents. Dites vous que la trajectoire irreversible n’a jamais existee et n’est meme pas souhaitable. Dans ce monde tout change et tout evolue comme dirait l’autre. Dites vous que tout ce qu’un home peut faire aura toujours un caractere ephemere. Et c’est tant mieux! Ceux qui pensent pouvoir mettre en place des institutions et autres systemes d’organisation sociales definitives qui dureront une eternite se trompent enormement ou sont simplement de mauvaise foi. Il n’y a pas longtemps, qui voulait voir le Pape devait aller a Rome. Pourtant, Beaucoup de Burkinabe ont vu et serre la main du Pape sans avoir besoin de se render a Rome.

      20 mai 2015

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