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LA LETTRE DE L’EDITEUR


03 octobre 1991 – 03 octobre 2020. Le journal « Le Pays » entre dans sa 30e année. Depuis quasiment trois décennies, votre quotidien indépendant d’informations générales, levant hardiment son totémique étendard, celui de « la constance éditoriale » et de « la rigueur manageuriale », laboure, la foi en bandoulière et la détermination chevillée au corps, le riche et vaste terreau de l’actualité nationale et internationale. En trente ans de travail sans relâche, « Le Pays » ne pense pas avoir à rougir de sa moisson. Loin s’en faut. Disons-le sans fausse modestie, il s’est bâti une solide respectabilité en s’imposant à la conscience nationale et internationale, comme l’un des groupes de presse écrite privée les plus sérieux et les plus crédibles du continent africain et même au-delà. 30 ans, ce n’est pas 30 jours ! Nous avons fait du chemin ! Un parcours appréciable qui n’aurait pas été possible sans vous, fidèles lecteurs et partenaires, qui n’avez eu de cesse de croire en nous et de nous accompagner dans cette aventure aussi redoutable qu’exaltante. Soyez-en remerciés ! L’odyssée continue. Même si, comme toutes les entreprises de ce monde en ces moments difficiles, elle s’en trouve aujourd’hui affectée par la grave crise sanitaire mondiale liée à la pandémie de la Covid-19, aux répercussions insondables sur la santé financière des sociétés burkinabè en particulier déjà éprouvées par le délétère climat sécuritaire actuel. L’on peut, à ce propos, saluer la décision de l’Exécutif burkinabè de voler au secours du secteur privé burkinabè en débloquant, tout récemment, à leur bénéfice, la rondelette somme de 100 milliards de F CFA, sous forme de crédits à taux de remboursement acceptable. Mais l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Au-delà de cette action globalement destinée aux entreprises, on peut se demander si, en ce qui concerne les organes de presse écrite privée burkinabè, des Hommes tapis dans l’ombre, à des niveaux de responsabilités insoupçonnés, ne travaillent pas plutôt à fragiliser ces médias privés, s’ils ne rêvent pas tout simplement de les voir mettre genou à terre. Car, en vérité, ces médias de plus en plus critiques et fouineurs, dérangent. Or, c’est connu, la santé d’une démocratie se mesure aussi à l’aune de la santé de ses médias. Au demeurant, que vaut une démocratie sans une presse libre et indépendante ? Pas un clou !

L’absence de rotative, un problème de dignité nationale républicaine

En tout cas, c’est peu de dire que la plupart des journaux burkinabè, est dans une mauvaise passe et cela est en partie dû au fait que le métier de journaliste s’exerce dans un pays qui ne peut même pas se targuer de disposer d’une seule rotative au contraire de certains pays voisins qui en ont parfois deux ou trois. Véritable talon d’Achille du secteur, l’absence de rotative a souvent suscité un plaidoyer de la part de la Société des Editeurs de presse privée (SEP) à l’endroit des pouvoirs publics. Peine perdue.  La rotative demeure toujours une arlésienne. A la limite, cela pose un problème de dignité nationale républicaine. Et ce ne sont pas les seules difficultés auxquelles la presse écrite privée burkinabè est confrontée à ce jour. Comparaison n’est pas raison, certes. Mais, les colossaux moyens mobilisés pour les médias de certains pays voisins qui mesurent toute l’importance de la presse, ne sont en rien comparables à ceux octroyés aux médias du pays des Hommes intègres. La presse écrite est-elle pour autant en sursis ? Aucunement. Depuis les années 90, beaucoup ne donnaient pas cher de sa peau et avaient même prévu ses obsèques. Bien des décennies plus tard, celle-ci est toujours là, vivante, résiliente et résistant aux assauts du temps et des intempéries.

Il est prématuré, risqué voire prétentieux de faire le requiem de la presse écrite

En fait, ceux qui avaient vite fait d’annoncer sa mort, avaient sans doute oublié qu’on est dans la civilisation de l’écriture et non plus dans celle de l’oralité. Même le numérique aujourd’hui en pleine expansion, est sous-tendu par l’écriture. C’est dire s’il demeure toujours prématuré, risqué voire prétentieux de faire le requiem de la presse écrite. Bien au contraire, l’on peut affirmer plutôt que celle-ci, du fait de sa spécificité toujours renforcée par un sens aigu de l’adaptation, a encore de belles et innombrables décennies devant elle.  A l’occasion de nos trente ans d’existence, qu’il nous soit permis de féliciter nos valeureux travailleurs pour leur sens du dévouement et de la loyauté. Grâce à eux, le Groupe de presse continue tranquillement sa marche pour toujours répondre aux exigences sans cesse croissantes de ses nombreux lecteurs. Nous avons une pensée particulière pour ceux qui étaient des nôtres. Notamment tous nos agents qui ont fait valoir leurs droits à la retraite, après de bons et loyaux services rendus au Groupe de presse ; mais aussi à ceux qui ont décidé de voler de leurs propres ailes et qui restent reconnaissants aux Editions « Le Pays » et pour lesquels, l’entreprise fut, de leur propre aveu, « une véritable école ». Un acte de reconnaissance s’il en est, sous-tendu par une honnêteté morale et intellectuelle irréfutable.  Enfin, nos pensées vont à ceux qui furent des nôtres et qui ont tiré leur révérence. Chapeau bas aussi au Fondateur des Editions « Le Pays », Boureima Jérémie SIGUE, cette grande figure de la communauté médiatique burkinabè et dont la valeur iconique est incontestable. Cela dit, cet anniversaire intervient à l’orée des consultations électorales (présidentielle et législatives) que s’apprête à organiser le Burkina Faso, et qui s’annoncent comme les plus ouvertes de l’Histoire du Burkina. Par monts et par vaux, les candidats aux prochains scrutins, iront à la pêche aux voix en rivalisant d’arguments, d’arguties et autres professions de foi pour avoir les précieuses faveurs d’électeurs de plus en plus avertis et critiques. Bonne chance à tous ! « Le Pays » entre donc de plain-pied dans son 30e printemps. Plaise au Ciel que cet outil de démocratisation et de développement continue toujours à blanchir utilement sous le harnais, au grand bonheur de ses fidèles lecteurs qu’il s’est engagé à satisfaire de toutes ses forces professionnelles, morales et cognitives.

Cheick Beldh’or SIGUE, Directeur général, Directeur de publication des Editions « Le Pays »

Chevalier de l’Ordre national


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