HomeA la uneL’AFRIQUE AU MONDIAL 2014 Le grand recul

L’AFRIQUE AU MONDIAL 2014 Le grand recul


Après une semaine de compétition, le mondial brésilien a vu l’entrée en scène de toutes les équipes participantes. A cette étape de leur parcours, le bilan est loin d’être reluisant pour les représentants du continent africain. Sur cinq équipes, seule la Côte d’Ivoire a enregistré une victoire, pour trois défaites et un nul.

L’équipe la plus décevante aura été celle du Nigeria qui n’aura pas su tenir son rang de championne d’Afrique, en concédant un nul peu glorieux face à une modeste équipe d’Iran, actuellement 43ème au classement FIFA.

 

A ce mondial, l’Afrique devrait viser au moins les demi-finales

 

Au regard des performances réalisées lors des éditions précédentes, l’on peut dire que le football africain est en net recul, surtout avec la grande probabilité que plus des deux-tiers de nos représentants ne franchissent pas le premier tour. Pourtant, à ce mondial, l’Afrique devrait viser au moins les demi-finales qu’aucun de ses représentants n’a jusque-là pas atteintes. Avec un peu de recul, l’on peut dire que l’Europe, d’une certaine manière, a mangé l’âme du football africain. En effet, ces dernières années, l’objectif ultime des joueurs africains est d’aller monnayer leurs talents à l’extérieur, en Europe notamment, dans des championnats plus relevés et mieux structurés. Finie l’époque où les grands joueurs africains se satisfaisaient de leur statut de stars locales. Quoi de plus normal car cela devrait donner un peu plus d’allant et de gueule aux sélections nationales. Malheureusement, l’on constate plutôt que c’est souvent le contraire, à telle enseigne qu’il est souvent reproché à ces joueurs expatriés de ne pas mouiller suffisamment le maillot pour la nation, contrairement à leurs collègues européens qui vouent pratiquement un culte à la tunique de leur pays, ces derniers embrassant systématiquement leur maillot quand ils ont réalisé un exploit. A leur opposé, les joueurs africains, eux, bombent le torse pour eux-mêmes et oublient la nation.

Ensuite, la réalité de leurs clubs fait perdre à certains joueurs africains les réalités du pays, donnant quelquefois l’impression qu’ils ont la grosse tête. Ainsi, certains gagnent dans leurs clubs en un mois, ce que leur sélection nationale ne peut leur offrir en un an. De ce fait, beaucoup ne s’investissent pas totalement en sélection, de peur de se blesser et de ne pas être pris en charge convenablement.

 

Il est grand temps que les Africains se ressaisissent s’ils veulent imposer le respect au reste du monde

 

Fondamentalement, aussi paradoxal que cela puisse paraître, cet exode des footballeurs africains vers l’Occident et les conditions qui y sont les leurs, pourrait expliquer la décadence du football africain. En effet, ces joueurs sont performants dans leurs clubs, mais le sont moins en équipe nationale. L’argent a tué l’esprit du football africain, et l’on se demande si les joueurs ont encore le sens de l’honneur et de la patrie, tant ils donnent le sentiment qu’ils jouent d’abord pour l’argent et non pour la gloire de leur pays. En la matière, le Cameroun est l’illustration parfaite, avec ses problèmes récurrents de primes à la veille de chaque grande compétition, pour finalement aller faire de la figuration.

Toutefois, les joueurs sont loin d’être les seuls coupables, tant les agents véreux et les dirigeants ripoux qui gravitent autour de ce sport, se sucrent sur le dos des athlètes.

Et quand on sait que l’esprit déteint sur la lettre, ce grand recul du football africain risque d’être plus profond, les années à venir, si on n’y prend garde. Car, l’on ne saurait compter sur les joueurs locaux uniquement qui ont certes la volonté, mais pas le niveau de ces compétitions.

Mais comment peut-il en être autrement quand ceux qui sont au sommet ne sont toujours pas des exemples en matière de patriotisme ? Autant l’on voit une Angela Merkel dans les tribunes pour soutenir dès les premiers moments la Mannschaft, autant les dirigeants africains, quand ils se donnent la peine de se déplacer, attendent généralement la finale pour venir ravir la vedette aux joueurs.

Il est grand temps que les Africains se ressaisissent s’ils veulent imposer le respect au reste du monde. Cela passe par une meilleure organisation et un assainissement du milieu. Pour le reste de la compétition, au-delà des résultats, il faut espérer que nos représentants nous feront rêver, et s’ils doivent tomber, qu’ils tombent les armes à la main.

 

Outélé KEITA


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