HomeOmbre et lumièreL’AMOUR DU TRAVAIL : « Lorsque la réalité détrône le rêve, l’avenir s’assombrit ».

L’AMOUR DU TRAVAIL : « Lorsque la réalité détrône le rêve, l’avenir s’assombrit ».


La semaine dernière, j’ai reçu une femme d’un âge avancé dans ma bibliothèque librairie. Après quarante années de loyaux services dans les bureaux de l’administration, ma visiteuse était à l’aube d’une retraite méritée. Veuve, elle aspirait consacrer son temps aux autres et surtout à sa passion : lire et écrire.
– Mon fils me dit-elle, de nos jours, une chose m’inquiète. C’est d’ailleurs le seul regret que j’ai en cédant ma place à d’autres. Mon enfant, l’amour du travail se perd dans nos sociétés. Les vocations disparaissent au profit du luxe, du superficiel et de l’urgence.
Après le départ de cette dame, sage et observatrice de la vie, ce qu’elle venait de dire me plongea dans une longue méditation.
De nos jours, sous nos cieux en Afrique noire, au pays des hommes intègres le marché du travail est saturé. Diabolisé par la corruption, gangréné par le favoritisme.
Notre ciel professionnel est menaçant. Les nuages sont noirs et étouffants. Les éclairs déchirent violemment. Le tonnerre gronde impitoyablement. La pluie tombe, les avants signes d’un déluge se dessinent. Il faut trouver un abri pour sa petite existence. Dans ce climat incertain la moindre grotte, sous le flanc d’un rocher, sous le creux d’un arbre, qui se présente sous nos pas est une aubaine, une chance à saisir. Quel que soit l’inconfort du métier, souvent on s’engouffre.
Dans le fond, celui qui rêvait de devenir tisserand par la force des choses se retrouve cordonnier. L’aspirant boucher à contre cœur se retrouve dans une pirogue à pêcher. Sans enthousiasme, sans amour du travail. Juste pour gagner son pain.
Celle qui rêvait de broder, de cueillir des fleurs par amour et tendresse se retrouve condamnée à casser des cailloux dans une clairière désertique. Pour se nourrir et se vêtir.
Avoir un boulot, décrocher un concours de l’administration publique, trouver du travail… peu importe lequel. Du moment qu’on travaille avec un salaire à la fin du mois.
Quoi de plus normal que dans certains services ou professions, la prestation laisse à désirer. Le travail est souvent bâclé, piétiné, expédié ou simplement oublié.
Une seule et unique date se fait valoriser sous le ciel du Faso. Le jour béni, magique. Le passage à la caisse, à la banque pour l’enveloppe qu’on glisse dans la poche ou dans le sac.
Le salaire est devenu un but, un motif pour se présenter à son lieu de travail. L’homme travail pour son pain, d’accord ! Mais ce pain il doit d’abord le mériter par le travail propre et digne.
Imaginons une société où l’agent de santé par amour pour son prochain avec enthousiasme et humanisme soigne le malade. Que l’éducatrice donne des leçons aux enfants par vocation. Que l’artiste crée par passion. La secrétaire devant son clavier, respectueuse et dévouée. Le cireur au coin de la rue brossant avec joie. Le pompiste servant le taximan avec le sourire. Le libraire vendant le livre avec amour. L’agent du ministère se battant avec courage et fierté pour traiter à temps les dossiers. Le journaliste traitant l’information avec dignité…
Si les travailleurs aux pays des hommes intègres par intégrité remplissaient leurs devoirs… peut-être que nous aurions un monde plus vivable !
Ousseni Nikiema, langage de sourds
[email protected]
70-13-25-96


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