HomeOmbre et lumièreLETTRE OUVERTE AU MINISTRE DE L’EDUCATION NATIONALE : « A cause de mon opinion politique, j’ai été victime d’affectation arbitraire »

LETTRE OUVERTE AU MINISTRE DE L’EDUCATION NATIONALE : « A cause de mon opinion politique, j’ai été victime d’affectation arbitraire »


Ceci est une lettre ouverte adressée au ministre de l’Education nationale et de l’alphabétisation par Tilado Etienne Winiga, instituteur certifié. Il dit avoir été victime d’affectation arbitraire jusqu’à perdre son concours professionnel et demande réparation.

 

Monsieur le Ministre,

A cause de mes compétences pédagogiques et intellectuelles et vu mon opinion politique, j’ai été victime d’affectations arbitraires jusqu’à perdre mon concours professionnel.

Monsieur le Ministre,

Je suis WINIGA Tilado Etienne, à l’état civil WINIGA Tilado, matricule 27338V, Instituteur Certifié en service à l’Inspection de Tenkodogo I

Tél.: 70 12 94 65/ 78 71 05 39.

Je suis issu de la 2e promotion de l’ENEP de Loumbila, plus précisément de la salle n°5 session de 1986-1987. La meilleure moyenne de ma classe à l’écrit était 14,96. J’ai obtenu la 2e meilleure moyenne avec 14,86 et mes notes étaient de 10 à 19 sur 20. Voici les différentes appréciations de mes encadreurs pédagogiques : Bien ; Très bien ; Excellent ; Excellent devoir ; C’est excellent ; Merci ; Continuez vous avez de l’avenir.

Voilà ce que j’ai fait sur le terrain :

Quand je suis arrivé à Komtoéga en 1987 dans le mois de décembre, les résultats scolaires étaient catastrophiques. J’ai conduit les élèves du CP2 au CM1 en 1991. La même année, mon petit-frère a obtenu son CEP et comme il n’y avait pas de collège dans le département. J’ai demandé une mutation à Garango et j’ai été admis à Garango « C ». En 1992, Monsieur Zigani Issouf a hérité de ma promotion au CM2 et a fait 58 admis au CEP sur 63 élèves, soit un taux de succès de 93,65%. Après les résultats, il est venu me féliciter en me disant que les élèves ont reçu une bonne formation de base et que partout il était félicité.

A Garango « C », les résultats étaient lamentables. Monsieur Boly Mamadou, Inspecteur en son temps a renouvelé l’équipe en laissant une seule Dame. Notre équipe a rendu l’école célèbre si bien que tout fonctionnaire qui arrivait à Garango cherchait à y inscrire ses enfants. Après avoir tenu la classe du CE2 en 1992, j’ai conduit les élèves du CP2 au CM2 en 1997. Nous avons encore obtenu les meilleurs résultats au CEP et à l’entrée en 6e dans la commune. Avec 95 élèves, nous avons eu 13 admis à l’entrée en 6e dont un à l’enseignement technique.

Monsieur le Ministre,

Le début de mes malheurs fut ma demande d’affectation à Tenkodogo en 1998 pour assister ma mère et ma sœur gravement malades. Les ténors du CDP ont estimé que c’est parce que j’avais une bonne réputation à Garango que je cherchais à venir faire la politique à Tenkodogo. Pour ternir mon image, ils m’ont affecté à plus de 30 km pour enseigner six élèves au CM2 comme Directeur. Monsieur l’inspecteur a donné la consigne suivante : chacun continue avec ses élèves ; le CM2 c’est pour le Directeur WINIGA. Zabo est un village enclavé. Il n’y a pas de logement, c’est la première promotion de l’école ; elle est massacrée. On laisse le Directeur partir et on veut me faire porter ses péchés. Malgré le décès de ma sœur le 30 septembre, malgré la bonne volonté du haut-commissaire de vouloir m’aider à rester au moins à Garango, à 20 km de Tenkodogo, Monsieur l’inspecteur, Directeur provincial de l’Enseignement de base et de l’alphabétisation a tenu à me maintenir dans le poste et à tenir obligatoirement le CM2. Il a écrit des mensonges sur moi ; ils m’ont calomnié avec le haut-commissaire et même avec sa Magesté Naaba Tigré de Tenkodogo. Mais comme il fallait s’y attendre, j’ai présenté cinq élèves au CEP et à l’entrée en 6e, aucun n’a réussi. Le sixième élève avait suivit son père à Bagré.

Monsieur le Ministre,

Là où le bas blesse, c’est l’année suivante, c’est-à-dire en 1999. L’inspecteur m’a amené d’abord à Zano à 10 km de Tenkodogo pour m’abattre ensuite comme un pion de dame. C’est ainsi qu’il a cherché et a trouvé qu’à Kindzéoghin, c’est encore la première promotion de l’école qui doit passer l’examen. C’est un village situé à plus de 40 km, la promotion est massacrée, le Directeur veut fuir, les deux adjoints non plus ne veulent pas rester pour prendre la responsabilité. Alors l’inspecteur affecte tous les trois enseignants et par note de service du 19 octobre, il me nomme Directeur de cette école. Sur la même note de service, deux adjoints ont été affectés. Le second adjoint a refusé de rejoindre son poste et l’inspecteur m’a ordonné de transformer les deux classes en une classe multigrade pour mon adjoint et de prendre le CM2. J’ai organisé un test et j’ai constaté que les élèves, au nombre de treize (13), n’avaient même pas un bon niveau de CE2. J’ai demandé à redoubler la promotion et l’inspecteur m’a dit qu’il n’est pas question. Je me suis battu corps et âme pour sauver mon honneur mais hélas ! Comme à l’impossible nul n’est tenu, j’ai encore fait zéro admis sur treize (13) candidats. C’est ainsi que l’Inspecteur et ses complices étaient maintenant satisfaits. Ils m’ont même surnommé « deux fois zéro pour cent ». Ils m’ont ridiculisé, blâmé, humilié, traumatisé.

Mais, Monsieur le Ministre,

Jean Jacques Rousseau disait ceci : « Je dois savoir endurer le ridicule et le blâme, pourvu qu’ils ne soient pas mérités ». Aujourd’hui, je peux dire que je ne suis pas un piètre enseignant. Présentement mes fruits ont mûri et ils sont au service de la nation. Parmi les élèves que j’ai tenus du CP2 au CM1 à Komtoéga, il y a des infirmiers et des enseignants. Et parmi ceux qui sont allés à l’université, il y a au moins un gestionnaire et des officiers de police. A Garango « C » aussi, je suis satisfait de mes élèves du CP2 au CM2 parce qu’il y a des infirmiers, des policiers, des enseignants, une sociologue, un topographe et même un docteur (médecin) sans compter de bons élèves qui ont suivi leurs parents affectés et dont j’ai perdu leur contact.

Monsieur le Ministre,

En 1998, j’étais admis au concours des Instituteurs principaux. Il m’est revenu qu’à la délibération mon nom est ressorti, c’est mon problème avec l’administration pour ne pas dire avec l’inspecteur, qui a fait que je ne suis pas passé. Il y a au moins un témoin. Mon échec ne m’a pas étonné parce que l’inspecteur m’a dit à mon admissibilité que je ne sais pas ce qu’ils ont arrêté en Conseil d’administration. La même année, sur incitation de Monsieur Boly Mamadou lors de son passage à Garango, je suis venu me former dans le groupe de Komi Michel à Paspanga. Je n’ai bénéficié que de deux domaines. A l’issue de la formation, il y a eu une évaluation. En culture générale, la meilleure note était 17/20 et la plus faible 02/20. J’ai obtenu la 2e meilleure note avec 16/20. En pédagogie générale le sujet nous a pris à contre-pied. Une seule personne a eu 11/20, celui qui a eu 17 en culture générale a eu 08/20 et j’ai obtenu 07/20.

Monsieur le Ministre,

En 2000, j’ai été affecté à Zind-Godin à 10 km de Tenkodogo pour une ouverture. Je me suis dit que c’était une occasion pour moi de m’exprimer au CM2 mais malheureusement à leur CE1 j’ai contracté un mal qui sévissait dans le village : maux de hanche. Le Président des parents d’élèves m’a conduit chez le guérisseur à plusieurs reprises mais sans satisfaction. J’ai même été admis à l’hôpital Yalgado et la clinique Notre Dame sans satisfaction. Mais grâce à la bénédiction de ma mère, deux semaines après sa mort, la porte a été ouverte pour moi pour la France. J’y suis allé en 2004 puis en 2005 pour des soins et je suis présentement guéri. Seulement je n’ai pas bénéficié de subvention comme les autres.

Monsieur le Ministre,

Tout cela m’est arrivé tout simplement parce que j’ai été identifié comme opposant.

Monsieur le Ministre,

J’ai toujours donné le meilleur de moi pour mes élèves. J’ai toujours fait partie des enseignants sélectionnés pour donner des leçons modèles aux Instituteurs adjoints ou pour encadrer les stagiaires de l’ENEP dans ma circonscription d’origine. Messieurs Boly Mamadou, Ouédraogo Z. Amos et Ouédraogo Jean-Claude qui ont été mes encadreurs pédagogiques peuvent le témoigner. C’est pour des raisons politiques que j’ai été traité de la sorte.

Monsieur le Ministre, au nom de l’Unité, du Progrès et de la Justice comme le stipule notre devise, je demande une réparation.

WINIGA Tilado Etienne,

Instituteur Certifié en service à l’Inspection de Tenkodogo I

Tél.: 70 12 94 65/ 78 71 05 39.


Comments
  • Va chez le mecanicien pour reparation

    2 avril 2015
  • Mr l’instituteur, à l’avenir, ailler des preuves solides avant de vous etaler dans la presse.

    2 avril 2015

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