HomeBaromètreLETTRE OUVERTE AU PREMIER MINISTRE:« Excellence, nous réclamons justice »

LETTRE OUVERTE AU PREMIER MINISTRE:« Excellence, nous réclamons justice »


Dans la présente lettre ouverte adressé au Premier ministre, les travailleurs licenciés de l’Agence intergouvernementale panafricaine « Eau et Assainissement pour l’Afrique » (EAA) lui demandent de peser de tout son poids pour les rétablir dans leurs droits. Lisez plutôt !

 

L’actualité de l’Agence intergouvernementale panafricaine « Eau et Assainissement pour l’Afrique » (EM), dont nous sommes des travailleurs, nous oblige à nous adresser à vous aujourd’hui.

En effet, depuis le mois de juin, l’institution vit une crise sans précédent dont l’issue, par ce qui se dessine, n’est pas pour demain. Il vous est certainement revenu les multiples manifestations que nous avons entreprises et les recours légaux entamés auprès des autorités compétentes pour faire entendre raison à Idrissa Doucouré, le Secrétaire Exécutif, qui tue lentement et sûrement, si ce n’est déjà fait, notre chère institution.

Nos actions jusque-là se sont révélées infructueuses. Les raisons nous semblent multiples: les textes de l’institution ont été taillés à la mesure de M. Doucouré qui n’a, à ce jour, aucun organe de contrôle, en dehors du Conseil des Ministres qui se réunit une fois l’an. Les accords signés avec le gouvernement du Burkina Faso ne prévoient aucune marge d’intervention du pays hôte du siège en cas de crise, pire, l’immunité diplomatique dont bénéficie l’institution constitue un bouclier « anti-justice » dont se sert le premier responsable pour matraquer ces employés.

Si vous ne le savez pas encore, nous sommes 22 travailleurs qui avons été purement et simplement licenciés pas plus tard que le 4 Septembre dernier, au seul motif valable que nous avons protesté contre ce qu’il convient d’appeler la dictature de Doucouré.

Nous n’allons pas nous attarder sur les détails de ce licenciement collectif qui ne respecte, ni de près ni de loin, la législation du travail au Burkina, sous laquelle l’ensemble des travailleurs a été recruté. Pas plus que nous ne voudrions revenir sur nos arriérés de salaires qui courent toujours entre 3 et 6 mois et qui n’ont pas été évoqués dans le cadre des licenciements.

C’est sans doute son droit à Idrissa Doucouré de licencier qui il veut, quand et comme il le souhaite, mais nous croyons savoir que dans un Etat de droit comme le Burkina Faso, cela devrait se faire dans le respect de la légalité.

Mais, dans le cas de EAA, le minimum de droits reconnus aux travailleurs fournissant leurs prestations sur le territoire national n’ont pas été respectés. De tels agissements ne sauraient être tolérés, de notre point de vue, dans un Etat comme celui du Burkina Faso.

Mais, tout cela a été rendu possible grâce à l’immunité, cette immunité qu’on nous chante partout à volonté et à succès.

Permettez-nous, Monsieur le Premier Ministre, de procéder par déduction pour vous prouver que si notre action en justice contre la décision de suspendre les contrats de l’ensemble du personnel au mois d’août ne s’était pas heurtée à l’immunité et donc, à la décision du juge de se déclarer incompétent, cette vague de licenciements n’aurait pas été possible.

  1. Doucouré avait déjà préparé son plan machiavélique et il y a été aidé. Nous nous posons alors cette question : l’immunité diplomatique a-t-elle été accordée à M. Doucouré par le gouvernement burkinabè pour houspiller et piétiner les droits des travailleurs? Vu l’usage qu’il en fait, nous sommes tentés de répondre par l’affirmative car, de tout temps, il ne l’a jamais utilisé pour une bonne cause, sinon pour détruire autrui et endetter lourdement l’institution.

En rédigeant cette correspondance, nous nous sommes rappelé ce film français, ce best-seller sorti l’année dernière, «Intouchables». M. Doucouré nous semble intouchable, pourquoi ? Il a l’immunité, synonyme de quitus pour le mal.

Nous avons bien dit semble, car nous croyons que vous, M. le Premier Ministre, pouvez le rendre « touchable ». Loin de nous l’idée de demander un soutien partisan. Nous réclamons simplement justice.

Si l’immunité diplomatique est attribuée aux fins nobles et républicaines de la gestion des relations diplomatiques, alors nous demandons, M. le Premier Ministre, que l’immunité de Idrissa DOUCOURE soit levée pour que justice se fasse. Le personnel de EAA n’a d’autres choix que de se conformer aux décisions de la justice, encore faudrait-il qu’elle se penche sur les cas à elles soumis. En dehors des cas de licenciements, des collègues femmes ont introduit une plainte pour harcèlement et abus sexuels. Elles craignent toutefois que celle-ci se heurte encore et toujours à l’immunité diplomatique.

Monsieur le Premier Ministre, c’est un cri de désespoir, c’est un appel au secours. Nous demandons le rétablissement de nos droits sociaux, car nous

mourons lentement avec nos familles, décapités par la dictature du sieur Doucouré. Le combat est déloyal. Nous n’avons pas les mêmes soutiens, nous n’avons pas les mêmes armes. Notre seule arme c’est vous, Monsieur le Premier Ministre. Néanmoins, nous croyons fermement aux valeurs de justice, d’équité et d’intégrité, des valeurs chères au Burkina Faso. Nous croyons en votre sens de la mesure et en votre diligence. Nous croyons en vous.

En espérant que cette lettre ravive ces valeurs qui vous tiennent à cœur, nous vous prions de trouver ici, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de notre plus haute considération.

Ouagadougou, le 19 septembre 2014

Les travailleurs abusivement licenciés de EAA


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