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LIBYE :Vers l’instauration d’un califat


Après une série de victoires militaires, les islamistes libyens se donnent les moyens politiques de diriger le pays. La Libye pourrait bien se retrouver avec deux Parlements et deux gouvernements.

En nommant lundi un Premier ministre, l’ancien parlement confirme qu’il a bien repris du service. Avec la victoire des milices de l’opération « Aube de la Libye », il cherche à renaître de ses cendres, sans doute au grand dam du camp adverse. Aux victoires militaires, succède donc l’étape politique, avec la formation d’un nouveau cabinet. Ainsi commence l’épreuve de force !

 

Désormais maîtres du terrain, les islamistes s’organisent

 

Les forces islamistes détiennent aujourd’hui les symboles forts du pouvoir. Avec leurs alliés, les milices rebelles de Misrata, elles occupent plusieurs bases, des aéroports et des zones pétrolifères. Depuis samedi dernier, l’aéroport de Tripoli, ou ce qu’il en reste, est sous le contrôle des forces d’occupation. Les milices de Zentan auraient abandonné le terrain pour se réfugier dans les montagnes de l’Ouest. La capitale libyenne est en proie aux opérations de vengeance. Des maisons supposées appartenir au camp adverse, sont pillées ou détruites. De nombreux Libyens empruntent le dur chemin de l’exil. Désormais maîtres du terrain, les islamistes s’organisent progressivement. Leur triomphe est manifeste, autant que la défaite du général Haftar est consommée.

A Tripoli, règne un véritable désordre. La contrebande d’armes prend de l’ampleur ; les milices “djihadistes” qui contrôlent d’importantes régions du pays, multiplient les actes terroristes. Devenu transfrontalier, le chaos menace de déstabiliser les voisins de la Libye. Le 25 août dernier, les pays qui se sentent directement concernés, ont appelé à l’arrêt immédiat des actes de violence, et au désarmement simultané de toutes les milices. Réunis au Caire, les ministres des Affaires étrangères des six pays voisins de la Libye se sont inquiétés de l’évolution de la situation dans l’ex-Jamahiriya libyenne.

Il y a crainte que les événements survenant en Libye, ne réveillent les courants islamistes en sommeil par-ci par-là sur le continent. Le Nord-Mali et le Nigeria avec Boko Haram en sont une illustration. Plus qu’une croisade, on pourrait alors faire face à des massacres en règle, en Afrique sub-saharienne. Or, les événements montrent que bien des pays africains disposent en fait d’une armée de pacotille. Ainsi en est-il du Nigeria où Boko Haram progresse, et du Nord-Mali où les islamistes continuent de s’agiter. Incontestablement, les armées africaines sont, pour un grand nombre, mal formées, mal équipées et surtout mal payées et mal nourries. A leur tête, se trouvent le plus souvent des officiers d’opérette et des élites corrompues.

Toutefois, il existe aussi au sein des forces africaines de défense et de sécurité, des éléments intègres, patriotes et très déterminés. C’est pourquoi, en dépit des forfaits enregistrés par endroits et par moments, l’Afrique de la relève n’a jamais désespéré, encore moins baissé la garde. Elle s’opposera donc continuellement aux régimes d’essence obscurantiste, qui se fondent par ailleurs sur une lecture biaisée du Saint-Coran, pour asservir. Elle rejettera toujours les formules théocratiques rétrogrades, très loin de correspondre aux nobles idéaux. Sans conteste, la survie de ce continent reste liée à l’intégration des peuples qui l’habitent, à leur liberté de culte, à leur foi en l’unité d’action et à une coopération mutuellement avantageuse avec les peuples d’ailleurs.

 

L’avènement des islamistes au pouvoir pourrait sonner le début de la fin

 

Dans le cas de la Libye, force est de reconnaître que le ver est dans le fruit. Par le passé, ce pays était sous prédominance islamiste. L’épisode Kadhafi a le mérite d’avoir su contenir les élans islamistes. Aussi les voisins de la Libye doivent-ils se sentir coupables d’avoir laissé faire. Une erreur qui pourrait coûter cher, car le pays tend à se balkaniser. La partition est probable, à l’image de l’Ukraine. Il faut surtout redouter que la Libye ne s’achemine vers la constitution d’un khalifat ! Auquel cas, des initiatives devront être prises, afin de combattre résolument et ouvertement les islamistes, avec des chances de l’emporter. L’instauration éventuelle d’un khalifat en Libye n’est nullement dans l’intérêt des pays africains. En Afrique sub-saharienne en particulier, cela pourrait donner des ailes à Boko Haram au Nigeria ; mais aussi, à de multiples organisations pro-islamistes qui sommeillent dans les pays africains.

 

La Libye, elle, risque fort de se retrouver avec deux entités étatiques distinctes : le camp islamiste, et en face, un front composé de tous ceux qui abhorrent ce type de régime. Ce front pourrait alors bénéficier du soutien occidental et de ses alliés d’Afrique. Face au péril islamiste, le salut pourrait surtout venir des USA. Ce pays s’impose en raison de l’étendue et de la richesse de son expérience, autant que de la puissance des moyens dont il dispose. Mais l’Occident a ses impératifs ; et il intervient déjà sur plusieurs théâtres d’opération. Paradoxalement, l’érection d’un khalifat en Libye est susceptible d’aider à contenir le flot des immigrants de l’Afrique sub-saharienne. Une question au cœur des intrigues entre Européens et Libyens, et peut-être de la passivité de l’Occident.

Mais l’avènement des islamistes au pouvoir à Tripoli, pourrait aussi sonner le début de la fin. Comme ce fut le cas en Egypte où la gestion de la démocratie à la « sauce islamiste » a été désastreuse. L’armée a fini par récupérer sa « chose » ! Il en est de même en Tunisie où les courants islamistes vivent une expérience douloureuse, face aux forces démocratiques en lutte. Possible que les Occidentaux attendent une période de grâce avant d’intervenir en Libye ! Ils pourraient aussi choisir de tuer l’oiseau dans l’œuf, en laissant faire jusqu’au bout.

 

« Le Pays »


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