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LIMOGEAGE DES CHEFS MILITAIRES EN ALGERIE


 Bouteflika sur la voie risquée d’un 5e mandat

Les chefs militaires algériens sont actuellement sur le gril. Leur chef suprême et ministre de la Défense, Abdelaziz Bouteflika, est en train de faire le ménage. En effet, depuis un certain temps, l’on assiste au pays de Houari Boumediene, à une vague d’évictions dans la haute hiérarchie militaire et à des mises à la retraite presque forcée, si certains des généraux ne sont pas tout simplement menacés de poursuites judiciaires pour corruption. Et l’explication officielle donnée à cette purge, rendre l’Armée plus professionnelle en la débarrassant de ses gradés ripoux. Salutaire à première vue. Mais ce qui est curieux, pourquoi maintenant ? D’autant que cette valse des étoilés de l’Armée nationale populaire (ANP), considérée comme « faiseuse de rois », s’accentue alors que nous sommes à huit mois de la présidentielle de 2019. Une présidentielle qui attise toutes les attentions autour de la candidature à un 5e mandat du président Bouteflika, 81 ans, affaibli par l’âge et la maladie. En tout cas, d’aucuns ne manquent pas de mettre en relation ce remue-ménage au sein de la Grande muette avec l’approche du scrutin présidentiel prévu pour se tenir en avril 2019. Sur cette hypothèse, raisonnons par l’absurde pour dire qu’avec ces limogeages qui s’apparentent à une façon de défaire de potentiels présidentiables, Bouteflika court à sa propre perte. En ce sens qu’en tenant à faire le vide autour de lui, il risque de se faire prendre à son propre piège car les chefs militaires tombés en disgrâce pourraient prendre la décision de mettre fin à cette obstination du président algérien, au pouvoir depuis 1999, à briguer le mandat de trop. C’est dire donc que Bouteflika est sur la voie risquée d’un 5e mandat.

Le temps est venu pour Bouteflika, s’il aime ses compatriotes et l’Algérie, de songer à sa succession

En tous les cas, il faut dire que  cette candidature de Bouteflika dessert la démocratie et la culture de l’alternance au sommet de l’Etat. On ne le dira jamais assez, depuis la crise cardio-vasculaire qui le contraint à se déplacer en fauteuil roulant, c’est l’Armée et son frère cadet qui font et défont le puzzle du jeu politique en Algérie. Une situation qui douche les espoirs de la nouvelle génération. La frange jeune algérienne est peut-être toujours admirative de cette «vieille» classe militaro-politique qui a résisté à la France coloniale. Mais pendant combien de temps va-t-elle observer cette omerta face à la détérioration du tissu socioéconomique du pays avec à sa tête, un commandant de bord qui n’est plus physiquement apte à conduire la barque ? On constate aussi, que nombre de pays occidentaux, aptes à hausser le ton dans des situations moins graves que celle qui prévaut en Algérie, observent aujourd’hui un mutisme de carpe. Même la France, prompte à tancer des dirigeants du pré carré, tourne sept fois la langue avant de se prononcer sur la situation politique en Algérie, à cause du vieux contentieux colonial entre les deux pays. A 81 ans, le temps de la sagesse est venu pour Bouteflika, s’il aime ses compatriotes et l’Algérie, de songer à sa succession. Autrement, il court le risque, par son obstination à s’assurer un 5e mandat, de vendanger l’héritage tout en beauté qu’il a déjà construit sur le terrain et  dans l’imaginaire algérien.

Drissa TRAORE

 


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