HomeA la uneLIMOGEAGE DU CHEF D’ETAT-MOJOR GENERAL DES ARMEES EN GAMBIE : La « déjamméhisation » se poursuit

LIMOGEAGE DU CHEF D’ETAT-MOJOR GENERAL DES ARMEES EN GAMBIE : La « déjamméhisation » se poursuit


 

Tout comme on parlait de déstalinisation en Russie, après la chute de Vissarionivitch Djougachvili Staline, on peut parler de « déjamméhisation », après le départ de Yahya Jammeh du pouvoir, en Gambie. Car, petit à petit, le nouveau président, Adama Barrow, est en train de déconstruire le système Jammeh. En effet, après les arrestations, la semaine dernière, du chef des renseignements Yankuba Badjie et du responsable du système pénitentiaire, David Colley, Adama Barrow vient de limoger le chef d’état- major général des armées gambiennes, en la personne de Ousman Badjie. Remplacé par le Général Massaneh Kinteh jusque-là conseiller millitaire spécial du président Barrow, Ousman Badjie, à ce qu’on dit, pourrait être mis à la retraite ou envoyé, comme ce fut le cas avec le Général Philippe Mangou en Côte d’Ivoire, dans une représentation diplomatique. Certains Gambiens avancent même déjà le nom de Cuba où il pourrait être nommé ambassadeur. Mais tout cela n’est que supputation pour le moment, étant donné qu’il n’y a encore rien d’officiel. Cela dit, on en est à s’interroger sur la décision prise par le président gambien de se débarasser du Général Badjie ; lui qui, au lendemain de son arrivée au Slate House, s’était dit disposé à travailler avec le désormais ex-chef d’état-major. S’agit-il là d’une volonté de rompre totalement avec le régime Jammeh ? Cela y ressemble fort, au regard de la purge qui se mène actuellement sur le terrain. A juste titre d’ailleurs. Car, faut-il le rappeler, le Général Badjie, à lui seul, incarnait le système sécuritaire mis en place par l’ex-dictateur en exil, tant et si bien qu’il était difficile de le garder toujours à son poste de commandant des troupes.

Quelle crédibilité accorder à un personnage dont les positions évoluent en fonction de ses intérêts du moment ?

Le peuple gambien verrait cela d’un mauvais œil. A cela s’ajoute le fait que le sieur Badjie a prouvé aux yeux de tous qu’il ne mérite pas la confiance des nouvelles autorités gambiennes, au regard de ses multiples pirouettes pendant les deux mois de crise. En effet, l’homme qui avait fait allégeance à Adama Barrow au lendemain de la proclamation des résultats, avait eu à déclarer ceci devant des chefs d’Etat de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) venus négocier à Banjul : « Je n’ai qu’un seul chef, c’est Yahya Jammeh. C’est lui qui me paye ».  Et visiblement prêt à tout pour plaire, on revoit, quelques semaines plus tard, le ci-devant Général esquissant des pas de danse aux côtés des supporters d’Adama Barrow. Là, c’étaient les instants de fin de règne puisque son mentor Jammeh, acculé de toutes parts, était sur le départ. Alors, quelle crédibilité accorder à un tel personnage qui manque de principes et dont les positions évoluent en fonction de ses intérêts du moment ? En tout cas, Adama Barrow a eu le nez creux, car rien ne dit qu’Ousman Badjie n’allait pas travailler à la restauration de l’ordre ancien en Gambie, comme a voulu le faire le Général Gilbert Diendéré au Burkina Faso, au lendemain de l’insurrection populaire qui a emporté Blaise Compaoré. Et le moment semble bien choisi, d’autant plus que ce limogeage intervient au moment où les forces de la CEDEAO sont encore en Gambie, si fait que les risques de déstabilisation du pays que redoutent certains, sont très minces. Les talismen ou autres amulettes qu’arbore le fantasque Général n’y pourront rien.

Boundi OUOBA


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