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LOI SUR LES PARRAINAGES AU SENEGAL


 Quand  Macky Sall  s’ouvre un boulevard

Ça y est ! La collecte des parrainages en vue de la présidentielle de février 2019, a été officiellement lancée hier, 27 août 2018, au Sénégal. Pour se porter candidat, il faudra désormais  52 000 signatures dans au moins 14 régions du pays. « Aucune démocratie n’organise une élection présidentielle sans filtrage », avait déclaré le ministre sénégalais de la Justice pour justifier le vote de cette loi, en avril dernier, qui avait irrité l’opposition.

De prime abord, il n’y a rien à redire sur la volonté d’un gouvernement comme celui du Sénégal, d’aller à des réformes électorales, surtout si cela va dans le sens de l’intérêt général et de l’amélioration de l’organisation des scrutins. Et dans le cas d’espèce, l’on ne peut pas reprocher au gouvernement de chercher à réduire les coûts de l’organisation des élections. Quand on voit comment la pléthore de candidatures grève souvent le budget des élections, ne serait-ce que pour  le tirage des bulletins de vote dans lesquels certains électeurs finissent par se perdre, il est clair qu’il est de bon ton de travailler à écarter les candidatures fantaisistes. Car, liberté d’association et pluralisme politique ne doivent pas rimer avec pagaille. En outre, la mesure, dit-on, n’est pas nouvelle puisqu’elle s’appliquait déjà aux candidats indépendants. Il s’agit maintenant de l’élargir à tous les candidats pour, dit-on du côté du pouvoir, les mettre sur un pied d’égalité. Mais là où le bât blesse, c’est que la pilule a du mal à passer dans la gorge de l’opposition et de certaines organisations de la société civile. Et pourtant, le pouvoir semble y tenir comme à la prunelle de ses yeux.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que les acteurs politiques sénégalais sont loin de s’accorder sur la question des parrainages pour les élections à venir. Si l’on comprend la volonté du gouvernement de mettre de l’ordre, l’on comprend moins la façon de procéder qui s’apparente, à s’y méprendre, à un passage en force face à une loi très contestée.

Le natif de Fatick est en train de se frayer méthodiquement le chemin, pour pouvoir rempiler sans coup férir

Autrement, comment comprendre que dans un pays comme le Sénégal, qui se présente comme l’une des vitrines de la démocratie en Afrique, on en arrive à faire usage de la force publique pour faire voter une loi ? Il y a quelque chose qui cloche ! C’est pourquoi l’on est porté à se demander à quel jeu joue le président Macky Sall. Face à la levée de boucliers de l’opposition dans son ensemble et de la société civile, l’on en vient à se demander si derrière les apparences de relookage, cette loi ne renferme pas quelque chose de malsain destiné à profiter aux tenants du pouvoir dans la perspective des prochaines consultations électorales. Une telle éventualité n’est pas à écarter. Car, jusqu’à preuve du contraire, il est plus que probable que le natif de Fatick cherchera à briguer un second mandat, comme l’y autorise, du reste, la Constitution. Et tout porte à croire qu’il est en train de se frayer méthodiquement le chemin, pour pouvoir rempiler sans coup férir. Cela est d’autant plus plausible que cinq ans après son accession au pouvoir, le pacte de confiance qui le liait à la coalition de partis politiques et de mouvements de la société civile qui l’avaient porté au pinacle, semble rompu. Certains de ses soutiens d’hier, contre le président Abdoulaye Wade, étant devenus des adversaires déclarés aujourd’hui. Ce n’est pas « Y en a marre » qui dira le contraire ; lui qui avait fermement montré son opposition à cette loi de parrainages. Et que dire de ses compagnons d’hier dans l’opposition, qui ne cessent de ruer dans les brancards ?

« Le Pays »


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