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LOTISSEMENT A DIAPANGOU: La population de Ountandéni remontée contre le maire


Les conseillers municipaux, les notables et la société civile du village de Ountandéni ont convié les médias locaux à une conférence de presse qui s’est vite transformée en assemblée générale, le 17 mai 2014, sous l’arbre à palabres dudit village. L’objectif de la rencontre avec la presse était de lui faire part de leur indignation face aux agissements du maire de Diapangou, notamment sur le lotissement de leur village, le conflit avec la commune voisine de Fada, etc.

 

C’est par l’historique du projet de lotissement de la zone nord-est du village, frontalière avec la commune de Fada, que le Conseiller municipal Idany Salifou Ganta, porte–parole du village, a commencé sa déclaration liminaire. Selon lui, c’est en 1997, sous la chefferie de Yendieli, que l’idée du lotissement est née. Après deux années de réflexion, les habitants de Ountandéni se sont réunis en Assemblée générale, le 12 septembre 1999, au cours de laquelle ils ont souhaité à l’unanimité l’aménagement des terres sises à proximité de l’ENEP. Ils s’engagèrent dès lors à prendre entièrement en charge les frais dudit aménagement. A l’issue de l’AG, une correspondance sera adressée au préfet de Diapangou de l’époque, le même jour, et dans laquelle (NDLR : les copies de toutes les correspondances de 1999 à 2014 ont été remises aux hommes de médias) la population a émis son désir de faire lotir cette zone du village, du fait qu’il va « favoriser sa mise en valeur, éviter l’installation anarchique et permettre de mettre à la disposition des élèves-maîtres de l’ENEP et de leurs encadreurs des logements décents, sans oublier qu’il va favoriser l’implantation des infrastructures socio-économiques et administratives, toute chose qui créera des emplois pour la jeunesse et les femmes. » C’est ainsi que les conseillers municipaux et la société civile du village ont alors entrepris des démarches à Ouagadougou auprès de la direction générale de l’Urbanisme, et rédigé une demande qui a été déposée à la mairie de Diapangou, précisant clairement le site retenu pour le lotissement. Les informations relatives au site sont contenues dans le programme d’investissement du ministère de l’Habitat et de l’urbanisme de 2010. La zone est délimitée par le poste de péage de Fada à l’Est et s’étend vers l’Ouest le long de la RN4 en direction de Ouagadougou.

La population contre tout lotissement autre que le site initial

« Le site est situé loin de la zone litigieuse avec la commune de Fada », a précisé la population. « La confusion, la colère et l’indignation ont commencé après que   le maire a convié deux jeunes de son choix et de son bord pour participer à une commission de validation du plan de lotissement de Ountandéni à Diapangou, fin avril 2014 », a martelé un notable. Selon le président du CVD, Idany Yentema, « toute la population s’était accordée sur le site avec la SONATUR, le maire de Diapangou et tous les autres protagonistes. Tous les frais ont été payés et nous n’attendions plus que la distribution. Au cours de ce mois de mai, le maire, Salif Yada, a appelé deux personnes pour leur signifier sa décision et a demandé leur adhésion pour le choix qu’il aurait fait concernant le lotissement, tout en les invitant à aller convaincre la population. Ceux-ci revinrent nous dire que le maire Yada les a conviés à la commission de validation du lotissement du village, et que le site initial n’était plus à l’ordre du jour. Toutefois, ces derniers avaient pris le soin de demander au maire de venir lui-même expliquer la situation au village. Il ne l’a pas fait jusqu’au 13 mai alors qu’il a commencé à faire verser des agrégats dans la zone. La population, alertée, s’est rendue sur les lieux pour voir ce qui se passait. Sur place, nous apprendrons qu’il s’agit d’agrégats pour lotir une zone pour les habitants de Ountandéni. Nous avons opposé notre refus et le maire a envoyé les CRS nous gazer, nous blesser, retirer nos vélos, motos, téléphones portables et terroriser tout le village », a relaté le président du CVD. Tour à tour, les intervenants ont relevé que « la terre appartient à l’Etat » ; mais que, pour les questions de lotissement, la population doit être concertée. « Nous refusons et nous nous opposons au lotissement de tout autre site que celui choisi par toute la population depuis 1999. Ce sont les enfants du village qui ont écrit pour demander le lotissement, rédigé le projet, fait les démarches en respectant la voie hiérarchique. C’est d’ailleurs pour cela que le projet avait été déposé auprès du maire », a martelé un membre de la société civile, Karim Idany,  selon qui « le maire ne veut pas de ce site parce qu’il a tout annexé pour son parrain politique, Innocent Couldiaty, pour sa propre épouse et pour bien des personnalités politiques et opérateurs économiques. « Toutes nos terres nous ont été retirées et ils nous renvoient dans les bas-fonds. Non à cela !», ont-ils martelé. Il faut préciser qu’à la date du 5 mai dernier, et après le compte rendu des deux personnes qui ont participé à la commission de validation, la société civile du village a adressé une correspondance au maire Yada pour exprimer sa profonde indignation. Concernant les 12 hectares de M. Couldiaty, le vieux Idany Babilibilé a déclaré que le maire a rusé dans le but d’avoir le terrain pour son ami. « Il a fini de borner avant de chercher à connaître le propriétaire du terrain. Un jour, il est venu nous dire qu’il voulait un terrain. Nous n’avons pas trouvé d’inconvénients et il nous a dit de signer un papier. Nous avons signé sans même savoir où se trouvait le terrain parce que le maire est notre enfant. C’est après qu’on s’est rendu compte que tout était déjà fait. Il avait abusé de notre analphabétisme et de notre ignorance. Il est revenu un jour avec 500 000 F CFA de « la part de son ami » pour dire merci. Une autre fois avec 500 000 F CFA encore. Maintenant, le terrain est attribué à Innocent Coulidiaty. Nous ne le remettons pas en cause, c’est consommé. Notre seule préoccupation est que le premier site soit maintenu. Même si l’autorisation de lotissement devrait être caduque, nous ne voulons d’aucun autre site », a fait savoir le vieux Babilibilé.  Pour les notables et les membres de la société civile de Ountandéni, le conflit avec Fada a été tranché depuis 2009 (avant même le règne de Yendiéli, chef de Diapangou en 1997), après celui créé et entretenu par feu Idrissa Tandamba, maire de Fada, qui voyait en la zone une opportunité de se faire de l’argent, feignant d’agrandir sa commune en annexant un village d’une autre commune. A les en croire, l’actuel maire de Fada, Moumouni Kockty, a la même vision. « Il s’oppose a nous à tort dans la mesure où il n’y a plus de problème. Un compromis avait été trouvé et Fada devait même donner 200 parcelles aux populations de Ountandéni. Personne ne viendra retirer nos terres ou nous aliéner à la commune de Kockty », ont-ils affirmé. Toutefois, la population se dit ouverte au dialogue avec le maire, même si elle n’est pas prête à renoncer à ses droits, estimant que le rôle d’un maire est de chercher le bonheur de sa population plutôt que d’avoir peur de quelqu’un qui veut lui retirer sa richesse : Ountandéni, patrimoine légendaire du royaume de Diapangou.

La version du maire de Diapangou

Pour l’équilibre de l’information, nous avons rencontré le maire de Diapangou en compagnie de son premier adjoint, Dayamba Philippe, et du président de la commission Environnement, Naba Arsène, trois jours après la conférence de presse et 10 jours après la descente de la CRS. Selon Salif Yada, maire de Diapangou, « c’est la commune de Fada qui est à la base du problème parce que s’opposant au lotissement de la zone choisie par la population (…) Pour taire le conflit sur le problème des bornes (NDLR : il s’agit des limites entre Fada et la commune de Diapangou), nous avons demandé le lotissement du village en 2008 et l’autorisation a été donnée en 2009. Le Conseil municipal avait donc engagé sa mise en œuvre et, à l’époque, Idany Babilibilé m’avait béni au nom des ancêtres pour ce que j’avais fait pour le village. En effet, j’avais réussi à avoir, comme compensation de la colonisation des terres par le maire de Fada, 200 parcelles pour le village. Concernant le site, il faut dire qu’une partie de la population avait demandé le lotissement au cœur du village et l’autre à partir du village à la RN4. Nous n’avons que 100 hectares et l’ENEP occupe un grand espace. Sur les 1000 parcelles dégagées, nous avons proposé 1/3 aux autochtones, 1/3 aux ressortissants de Diapangou, et 300 parcelles pour les autres ; les demandeurs devant débourser 127 500 F CFA pour une parcelle. Le litige avec Fada concerne le côté gauche de la RN4 parce que le maire Kockty a remis en cause le projet. C’est lui qui n’a pas voulu qu’on lotisse la première zone (NDLR : le site que veut la population). Pourtant, de mémoire d’homme, il n’y a jamais eu de problème de limite au niveau traditionnel entre Ountandéni et Fada ; la dynastie de Diapangou ayant commencé là.  Par ailleurs, Gantas (Idany Salifou, conseiller dudit village) a aussi vendu des terres et c’est pour quoi ils veulent maintenir le site initial. Le site a été changé pour les raisons que j’ai évoquées (le litige avec Fada). Nous avons entamé la procédure de levée à gauche et à droite du goudron de la RN4 en 2011 et, une semaine après, intervenait la suspension de tout lotissement sur toute l’étendue du territoire national. Gantas et certains villageois font de la manipulation pour me nuire. Suite à la levée de cette interdiction, j’ai procédé à la revue du plan d’actions et reconstitué le comité ad hoc composé de Idany Boukari (CVD), Idany Harouna, Idany Panpandia. (…) Moi je pense qu’il s’agit d’une manipulation des représentants du village par le groupe de Gantas », a laissé entendre le maire.

Guy Moïse M. NABA (Correspondant)

 


Comments
  • Je veus lotir boukaria pour avoir la route de passage

    4 février 2015

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