HomeA la uneL’UA ET LA CRISE BURUNDAISE : On ne combat pas un dictateur avec des sommets  

L’UA ET LA CRISE BURUNDAISE : On ne combat pas un dictateur avec des sommets  


 

L’ouverture du 26e  sommet de l’Union africaine (UA) qui doit se tenir ce week-end à Addis-Abeba en Ethiopie, sur le thème des droits de l’Homme, sera encore l’occasion pour l’instance panafricaine de se pencher sur le cas burundais. Depuis le déclenchement de la crise burundaise il y a huit mois, que de sommets sur la question, aussi bien à l’échelle régionale, continentale, européenne qu’au sein même de l’ONU ! Jusque-là, ni les sanctions brandies par l’Oncle Sam et l’Union européenne, ni la médiation des pays de l’EAC, encore moins la volonté de l’UA d’envoyer une force d’interposition n’ont pu arrêter Nkurunziza dans sa fuite en avant. Pire, après avoir éconduit  de la façon la plus inélégante qui soit le facilitateur de l’instance africaine, le boucher de Bujumbura a opposé une fin de non recevoir catégorique à la proposition d’envoi d’une force d’interposition de 5 000 hommes dans son pays pour arrêter les tueries et engager le dialogue.  Et chaque jour qui passe voit des Burundais se faire massacrer ou prendre le chemin de l’exil, en voulant simplement user de leur droit légitime de dénoncer la confiscation du pouvoir par un usurpateur. Aussi apparaît-il de façon évidente, que l’on ne combat pas un dictateur de la trempe de Pierre Nkurunziza avec des sommets. C’est pourquoi l’UA devrait enfin prendre la résolution d’envoyer ses hommes au Burundi, malgré les menaces de Pierre Nkurunziza de les traiter en envahisseurs et en ennemis. Car, il apparaît de plus en plus évident que le pasteur-président, qui est dans une logique de pis-aller, ne renoncera jamais de lui-même au mandat querellé qu’il vient d’entamer, si fait qu’il est en train de durcir encore plus la répression barbare et sanglante qui s’abat depuis huit mois sur ses opposants. Et avec la résistance armée qui s’organise contre lui, le Burundi est aujourd’hui, plus que jamais au bord de la guerre civile.

La présence d’une force d’interposition pourrait accélérer le dénouement de la crise

Pour en revenir à l’UA, si ce sommet ne veut pas être tout simplement un sommet de plus, il y a lieu d’examiner sérieusement la possibilité d’envoi de la force d’interposition au Burundi, tout en en évaluant les conséquences. En cela, l’on ne peut qu’être admiratif face à la ténacité  de la présidente N’Dlamini Zuma, qui prouve finalement qu’elle a plus de coffre que tous ces chefs d’Etat qui hésitent à lui apporter un soutien franc dans son initiative, parce qu’ils n’occultent pas la possibilité de se retrouver, eux-mêmes, un jour, dans la même situation que Nkurunziza. Les difficultés ne manqueront pas certes, à commencer par la mobilisation des fonds, des hommes et la stratégie à adopter pour déployer ces troupes en territoire « ennemi ». Mais l’UA a le devoir moral de voler au secours du peuple burundais. Si le déploiement de cette force devait rester un vœu pieux, l’UA et le Burundi continueraient alors à s’amuser à se faire peur, sans qu’aucun d’eux n’ose franchir le Rubicon. Une chose est cependant certaine, si l’UA réussit le déploiement de sa force, Bujumbura ne sera pas le tombeau des soldats de la paix comme veut le faire croire Nkurunziza qui pourrait même prendre la poudre d’escampette quand ça sentira le roussi. Et leur présence pourrait accélérer le dénouement de la crise. Nkurunziza est conscient qu’il a beaucoup à perdre dans une telle intervention qui changera sans nul doute la donne sur le terrain. Le peuple burundais en a le plus grand besoin.

Outélé KEITA


Comments
  • Merci pour ce bon article.

    29 janvier 2016
  • Je comprends parfaitement que notre formatage à repéter ce que le “maître” nous dicte depuis la nuit des temps de la colonisation, la néo colonisation, ne permette pas à certains de se défaire de ce lien. L’appréciation des dirigeants africains d’être des dictateurs, ou de pays autres que ceux qui se sont auto proclamés “communauté internationale”, montrent que nous n’avons pas eu le choisx d’une appréciation libre. Elle est influencée par ce que les autres qui, loin d’être des exemples à suivre sont pourtant ceux qui veulent imposer leur sale ordre aux autres.
    Quand vous aurez la latitude de voir clair non pas à travers les œillères de vos maîtres, vous allez réaliser combien vous n’avez pas franchement les mêmes appréciations qu’eux; du reste, cela ne sera valable que pour ceux qui ont un désir de s’affranchir de la tutelle du maître ! ! !sinon, pour les sujets qui se complaisent dans leur situation d’assujettis et qui ne sont pas prêts à s’en défaire, ne leur demander ou n’attendez pas de ceux-là une autre manière de penser, d’être en dehors de celles du maître.
    Il faut apprendre à se défaire de ses chaînes. C’est une tâche qui n’est pas facile pour certains, mais elle est le combat de celui qui sait la valeur de la liberté dont il est privé par tous les moyens; c’est l’oppression du maître sur l’esclavage qui élève le premier sur ce dernier.
    Et Steve Bantou Biko le disait si sagement que “…L’arme la plus puissante entre les mains de l’oppresseur est l’esprit de l’opprimé”.
    Certains sont trop tenus par leur esprit, par leur mentalité d’opprimé au point qu’ils ont perdu toutes les facultés de jugement si ce n’est à travers leur oppresseur.
    Décolonisez vos mentalité, est la première étape vers votre libération ! ! !

    29 janvier 2016

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