HomeA la uneLUTTE CONTRE BOKO HARAM : Si Goodluck pouvait se taire !

LUTTE CONTRE BOKO HARAM : Si Goodluck pouvait se taire !


La violence semble s’être définitivement installée dans la partie Nord du Nigeria. Attentats à la voiture piégée, attentats-suicides, massacres  de population, font désormais le quotidien des Nigérians qui fuient par centaines de milliers cette zone où, en dépit de la présence des forces de la coalition des pays  voisins, la secte islamiste garde encore une influence morbide. Et quid alors des ressortissants des autres pays de la CEDEAO qui avaient trouvé en cette partie du  pays, un petit bout de paradis où ils entendaient  développer leur commerce ? Le Burkina Faso, pour sa part, à déjà accueilli un premier contingent de ses ressortissants dans ce pays et d’autres Etats comme la Côte d’Ivoire, le Ghana ou le Togo, sont également en train de prendre des dispositions pour pouvoir faire face à d’éventuels retours massifs de leurs ressortissants.

Malheureusement, cette spirale de violence, suscitée et entretenue par les apôtres de l’obscurantisme, n’est pas prête de s’arrêter, si l’on s’en tient à la dernière sortie du désormais tristement célèbre Abubakar Shekau, qui a prévenu qu’il ferait tout pour empêcher la tenue des élections présidentielles  prévues pour mars 2015 au Nigeria. Pour qui connaît la détermination de cette secte, surtout lorsqu’il s’agit de se distinguer  dans la cruauté et  le sadisme, il n’est pas permis de douter que ces élections seront les plus sanglantes de l’histoire de ce pays. Or, ne pas tenir ces élections à bonne date, serait un échec et  préjudiciable au principe fondateur de la souveraineté du Nigeria en tant qu’Etat. Un tel état de fait serait en même temps une menace pour tous les autres pays, voisins proches ou éloignés du pays de Goodluck Jonathan.

Goodluck donne l’impression de ne pas reconnaître les hauts faits d’armes des forces de la coalition

Il urge donc de trouver un remède à ce cancer et, dans cette perspective, aucune thérapie ne serait de trop. C’est, en tout cas, le choix que semblent avoir fait les pays aux prises directes avec la secte Boko Haram. Et c’est dans ce sens qu’il faut comprendre la décision des autorités du Niger, d’interdire désormais le transport et la vente du poisson fumé dans le Sud-Est du pays, à Diffa principalement. Cette décision participe d’une stratégie visant à assécher les sources d’approvisionnement et de financement de la secte Boko Haram. Selon les autorités du Niger, en effet, « les insurgés tirent d’importants revenus de la chaîne du poisson qui est revendu sur les marchés dans le Nord du Nigeria par des commerçants véreux, qui reversent    des dividendes, des vivres ou du carburant aux insurgés, côté Nigeria ». L’intention qui est à l’origine de  cette décision est sans doute louable. Mais cette stratégie d’assèchement financier  de Boko Haram  ne nuira malheureusement  pas à la seule secte Boko Haram. En effet, autant on est d’accord que la vente du poisson fumé constitue une source de financement de Boko Haram, autant  on doit reconnaître que la vente du poisson n’est pas la seule source de financement de  Abubakar Shekau. On sait bien que l’allégeance qu’il a faite à l’Organisation de  l’Etat islamiste est destinée notamment à lui assurer un approvisionnement conséquent en armes et devises. En d’autres termes, au-delà du caractère symbolique, l’efficacité d’une telle mesure sur les actions de Boko Haram reste encore à démontrer. Ce qui, par contre, est sûr, c’est que  ce sont les populations de la localité elles-mêmes qui seront les premières à ressentir les affres d’une telle  décision. Mais l’intention est déjà bonne, en ce sens surtout que la décision contribue à sensibiliser davantage les populations sur le danger que représente Boko Haram et à leur faire comprendre qu’aucun sacrifice n’est de trop, pour permettre de venir à bout de cette pieuvre. Il serait bien qu’en plus de telles initiatives, l’Etat nigérian, de son côté, consacre plus d’efforts aux combats qu’à une communication mensongère qui vise plutôt à arranger son image et celle de son président, toute chose qui ne manque pas de frustrer les combattants tchadiens ou camerounais qui se battent sur  le terrain. Pendant que les soldats nigérians affirmaient avoir repris la ville de Baga des mains des insurgés, les mêmes islamistes paradaient dans les rues de Baga et commettaient encore des exactions sur les populations séquestrées. A quoi sert donc de vendre la peau de Boko Haram avant même de l’avoir tué?  Le pire c’est que Goodluck Jonathan donne l’impression de ne même pas reconnaître les hauts faits d’armes des forces de la coalition ; lui qui est plus prompt à revendiquer la victoire alors même que ses soldats sont parfois loin du front de combat. Si Goodluck pouvait se taire, ce serait mieux.

Dieudonné MAKIENI


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