HomeDroit dans les yeuxLUTTE CONTRE LA CORRUPTION AU BURKINA : La riposte n’est pas à la hauteur du mal

LUTTE CONTRE LA CORRUPTION AU BURKINA : La riposte n’est pas à la hauteur du mal


La lutte contre la corruption est devenue un leitmotiv au Burkina, c’est-à-dire une formule qui revient sans cesse dans les discours officiels. Le dernier discours qui a évoqué le sujet au moment où nous tracions ces lignes, a été prononcé par le nouveau Premier ministre, Christophe Dabiré, devant l’Assemblée nationale. Mais dans le même temps et c’est là tout le paradoxe, de façon générale, le Burkina est l’un des rares pays au monde où on n’arrête jamais des gens pour des faits de corruption. Et pourtant, des faits de corruption, on en registre chaque jour que Dieu fait. Et les médias, à force d’en parler sans être écoutés par qui de droit, risquent de se décourager car, à ce rythme, ils apparaissent ridicules. L’autre paradoxe du Burkina, c’est que le pays dispose de bien des structures dédiées à la lutte contre le phénomène. Mais au finish, l’on peut avoir l’impression que ce sont de véritables gadgets. La somme de tout cela amène à se convaincre que la corruption a de beaux jours devant elle au Burkina. En tout cas, par ces temps qui courent, l’on a des raisons d’être sceptiques quant à la volonté réelle du pouvoir de contrer le mal. En effet, sa seule arme, qui consiste à discourir sans cesse sur le sujet, a montré toutes ses limites. Et les quelques rares actes qu’il pose de manière épisodique pour endiguer le phénomène, sont loin d’être dissuasifs. L’on peut même dire, quelque part, qu’ils sonnent comme une sorte d’exhortation à la corruption. En effet, les rares cas où des gens ont été épinglés pour des faits avérés de corruption par les structures de contrôle de l’Etat, dans le meilleur des cas, on leur demande, en guise de sanction, de rembourser l’équivalent de leur forfait. Naturellement, c’est le moindre mal. Car rien qu’avec les intérêts de l’argent sale placé en banque, on peut exécuter facilement ces « sanctions encouragements ».

L’entourage de Roch demande à être assaini

Et puis, lorsque l’on dresse le répertoire des gens poursuivis pour s’être rendus coupables de corruption, l’on peut se rendre bien compte qu’il s’agit de petits gibiers. Les gros gibiers, quant à eux, ne sont nullement inquiétés. Ainsi va le Burkina Faso.
Dans ces conditions, l’on peut même se poser la question suivante : pourquoi les personnes respectables qui officient dans les structures de contrôle de l’Etat ne rendent-elles pas le tablier ? En effet, en s’accrochant à leur poste alors que tout le monde sait qu’elles font un travail inutile et absurde, ces personnes respectables donnent l’impression d’être de connivence avec le pouvoir pour protéger les corrompus de la République. Au Mali, par exemple, lorsque le Vérificateur général de la République s’est rendu compte que le pouvoir d’Ibrahim Boubacar Kéita n’était pas dans une logique de traquer efficacement la corruption, il a tout simplement démissionné. Cet acte est un acte digne et conséquent. Au Bénin, le président Patrice Talon ne badine pas avec la corruption. L’acte le plus récent qui atteste de cela a consisté, pour lui, à révoquer et à mettre sous mandat de dépôt, un membre de son gouvernement, qui plus est, fait partie de ceux qui ont mouillé le maillot pour son avènement au pouvoir. En plus de ce ministre indélicat, le président béninois a révoqué et mis aux arrêts un préfet pour bradage de patrimoine public. On appelle cela du courage politique. Peut-on un seul instant imaginer que Roch Marc Christian Kaboré fasse de même au Burkina ? Et pourtant, son entourage demande à être assaini, car ce ne sont pas des personnes indélicates qui manquent. En tout cas, dans l’affaire des audiences monnayées, il a eu l’occasion de le constater. Et c’est cette indolence au sommet vis-à-vis de la corruption qui donne du tonus à tous ceux qui, en bas et en haut, s’adonnent à cette mauvaise pratique pour le malheur du pays.

Sidzabda


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