HomeA la uneLUTTE CONTRE LE TERRORISME DANS LA BANDE SAHELO-SAHARIENNE : Peut-on dormir tranquille sur la natte du G5 ?

LUTTE CONTRE LE TERRORISME DANS LA BANDE SAHELO-SAHARIENNE : Peut-on dormir tranquille sur la natte du G5 ?


 

La situation sécuritaire est très  préoccupante dans la bande sahélo-saharienne. Cela est une lapalissade au regard des actes terroristes qui se multiplient dans la zone. C’est donc sans surprise que ce sujet de la sécurité a été au menu des discussions des chefs d’état- major des armées du G5 du Sahel constitué du Burkina Faso, du Tchad, du Mali, du Niger et de la Mauritanie, réunis en conclave à Ouagadougou, le 4 novembre dernier. Cette rencontre aura accouché d’une charte sur le partenariat militaire de coopération transfrontalière. Ce dispositif devra permettre aux pays de mettre en commun leurs efforts de sécurisation de la zone. Cela est d’une importance capitale, au regard de l’ampleur de la menace et de l’extrême vulnérabilité des pays, due en partie à la porosité des frontières et à l’insuffisance des moyens de tous ordres, pour chaque pays pris individuellement. Dans cette lutte contre le terrorisme et la grande criminalité, la France est au premier rang, aux côtés des pays du G5.

La question sécuritaire est une priorité absolue

Cette rencontre de Ouagadougou qui se situe dans la logique des rencontres semestrielles prévues dans le cadre du G5, vient à point nommé. Pour le Burkina notamment, la thématique est particulièrement d’actualité, avec les attaques terroristes qu’il a subies dans certaines de ses zones frontalières avec le Mali. La question sécuritaire est une priorité absolue dans ce pays qui s’apprête à organiser des élections très attendues, cruciales et dont la sécurisation est un défi important. En tout cas, face à la montée du péril islamiste, mener une réflexion et une coopération sécuritaires à la hauteur des défis, est un impératif. Les pays du Sahel ne peuvent donc pas faire l’économie d’un travail de fond, d’une bonne coordination dans la collecte des renseignements et l’anticipation, s’ils veulent parvenir à des résultats appréciables dans la sécurisation de la bande sahélo-saharienne. Du reste, des acquis comme celui de contenir plus ou moins Boko Haram, incitent à un certain optimisme. Toutefois, l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Il reste de nombreux défis sécuritaires à relever. La guerre asymétrique dans laquelle se sont engagés Boko Haram et les jihadistes du Nord-Mali, exige une réponse de taille, notamment en matière de renseignements. Aussi subsiste-t-il des questions et non des moindres quant à la capacité réelle du G5 à pouvoir, dans sa composition actuelle, assurer une sécurité optimale. Peut-on dormir tranquille sur la natte du G5 ? Le doute est quelque peu permis. En effet, on a du mal à comprendre pourquoi d’autre pays confrontés au péril islamiste ne sont pas associés à cette lutte. En effet, un pays comme le Sénégal avec les différentes idéologies islamiques qui s’y côtoient, pourrait se révéler un terreau propice à l’endoctrinement et in fine, au terrorisme, si les autorités n’ouvrent pas le bon œil. Certes, le Maroc y fait un travail formidable de sensibilisation, mais le pays de la Teranga est exposé à la menace et a toute sa place dans ce groupe de pays, soucieux de la sécurisation de la bande sahélo-saharienne. Et que dire du Cameroun et surtout du Nigeria, déjà en proie à ces illuminés de Boko Haram ? Leur non-participation au dispositif prévu en matière de renseignements et d’actions sur le terrain, peut sérieusement hypothéquer les chances de succès des actions envisagées.

Il serait judicieux d’élargir la coalition

Certes, on peut comprendre que la France qui a eu cette initiative de regrouper les 5 pays autour d’un défi commun, celui de la sécurisation de la bande sahélo-saharienne, veuille, en termes de géostratégie, avoir pour interlocuteurs privilégiés  les pays de son pré carré.  Mais la lutte contre le terrorisme, dans ce Sahel très difficile à maîtriser, commande le ralliement du maximum des acteurs existants et intervenant dans la zone. C’est dire qu’il serait judicieux d’élargir la coalition aujourd’hui appelée G5, de lui donner plus d’étoffe. Une telle attitude consacrerait plus de synergie dans les actions des intervenants alliés, et offrirait plus de chances d’efficacité à la lutte menée contre les terroristes et autres bandits. En tout cas, le manque d’implication de tous les acteurs nécessaires à une coordination efficace de la lutte contre le grand banditisme et le terrorisme dans la bande sahélo-saharienne, est une insuffisance non négligeable. L’origine de ce manque peut être recherchée dans le fait que l’initiative de cette coopération, une fois de plus, vient de la France. L’Hexagone, c’est évident, ne se démène pas ainsi dans la lutte contre l’insécurité au Sahel, juste pour les beaux yeux de l’Afrique. Si la France organise les pays africains du Sahel dans ce combat, c’est parce qu’ils peuvent constituer une première barrière contre les atteintes aux intérêts français dans la zone. Elle compose son équipe, d’abord et avant tout en fonction de ses centres d’intérêts, de ses propres préoccupations et ambitions, ce qui, du reste, est fort compréhensible. Il appartient aux Africains de comprendre la nécessité de s’assumer de façon effective. Il leur revient, au premier chef, de mutualiser en interne leurs propres efforts en matière de lutte contre l’insécurité, avant d’attendre ou de demander un quelconque appui extérieur. Il y va d’ailleurs de la souveraineté des Etats et de leur respectabilité sur la scène internationale. Mais c’est à l’Afrique, à travers l’Union africaine (UA), de prendre le leadership de sa propre sécurité, en toute responsabilité.

« Le Pays »


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