HomeA la uneLUTTE CONTRE LE TERRORISME DJIHADISTE : Daesh traqué à Raqqa et tragiquement oublié à Maïduguri

LUTTE CONTRE LE TERRORISME DJIHADISTE : Daesh traqué à Raqqa et tragiquement oublié à Maïduguri


 

Depuis le 13 novembre 2015, le monde entier est entré dans une nouvelle ère de lutte contre le terrorisme djihadiste. Ainsi, le groupe Etat islamique (EI), qui s’est rendu coupable des attaques barbares d’un autre âge, qui ont fait près d’un demi-millier de victimes dont plus de 100 morts dans la capitale française, cristallise toutes les rancœurs de l’Occident et de ses alliés. Raqqa, son fief en Syrie, ploie depuis lors sous le coup des bombardements de l’aviation française. Dans la foulée, une coalition mondiale contre l’Etat islamique est en train de se former, avec un redessinement de la carte géopolitique qui voit le rapprochement de certaines puissances occidentales dont, il n’y a pas longtemps encore, les positions étaient diamétralement opposées sur la question du terrorisme international. La priorité du moment, en tout cas, pour la France qui a été meurtrie dans sa chair par ces attaques sauvages, c’est Daesh. Et si l’Occident est capable d’un tel sursaut pour se liguer contre le terrorisme, c’est qu’il se sent sérieusement menacé. En effet, de la Russie à l’Angleterre, et jusqu’aux Etats-Unis d’Amérique, personne ne se sent à l’abri du péril djihadiste. D’où cette débauche d’énergie et ce déploiement d’artillerie lourde pour traquer le monstre jusque dans ses derniers retranchements. C’est de bonne guerre, car, comme le dit si bien l’adage, « aux grands maux, les grands moyens ».  Mais l’Afrique ne devrait pas être aux abonnés absents dans cette mobilisation quasi-planétaire contre un ennemi qui n’épargne personne, même si au milieu de cet océan de drones, de Rafales, de navires et autres matériels de guerre de dernière génération, l’on peut se demander ce qu’elle peut bien apporter  de plus, en dehors de sa compassion. Cependant, pendant que le monde entier était encore sous le choc des attentats des forces du mal dans la capitale française, la succursale de Daesh en Afrique de l’Ouest, Boko Haram, faisait aussi parler d’elle à Yola, dans le Nord-Est du Nigeria, par un attentat qui a fait une trentaine de morts et une centaine de blessés. A bien des égards, cette action de la secte islamiste nigériane pourrait s’inscrire dans le même registre que les attentats de Paris, même si Boko Haram n’est pas à sa première opération.

Il appartient à chaque Etat de veiller en premier à la sécurité de ses citoyens

L’explosion produite au milieu de la foule, n’est en rien différente des tirs à l’aveuglette des fous de Paris sur des citoyens innocents. L’élève Abubakar Shekau aurait voulu montrer au maître Abou Bakr al-Baghdadi qu’il est résolument engagé à ses côtés, qu’il ne s’y prendrait pas autrement. Au contraire, ses attaques répétées et ses massacres multiples dans le Nord du Nigeria et dans le Bassin du Lac Tchad sont tellement légion qu’ils sont en passe d’être considérés comme des faits divers qui n’émeuvent plus personne, en dehors des populations concernées. Ainsi, Maïduguri, fief historique de la nébuleuse nigériane d’où sont parties les attaques les plus meurtrières de la secte islamiste, est en passe d’être tragiquement oublié.  Et pourtant, depuis la prise du pouvoir du nouveau président nigérian, Muhammadu Buhari , en mai dernier, les chiffres parlent de milliers de morts suite aux attaques meurtrières des hommes d’Abubakar Shekau. Mais cela n’a pas été suffisant pour mettre en place une coalition mondiale contre ces fous d’Allah. Pourtant, Dieu seul sait si le 10ème et peut-être même le 100ème de ce qui est déployé aujourd’hui à Raqqa aurait largement suffi à mettre définitivement hors d’état de nuire les terroristes de Maïduguri. A présent, il faudrait craindre qu’en jetant toutes leurs forces dans la bataille de Raqqa, les Occidentaux, qui sont aussi engagés dans la lutte contre les forces du mal sur le front africain, ne se voient obligés de  diminuer considérablement leurs efforts sur le continent noir.  Mais ainsi va le monde. De toute façon, il appartient à chaque Etat de veiller en premier à la sécurité de ses citoyens. Le reste viendra en appoint. Le nouveau gouvernement de Buhari est donc averti. Cet accueil sanglant qui lui a été réservé par la secte islamiste que le président nigérian disait pourtant moribonde, témoigne, si besoin en était encore, que ce n’est pas demain la veille qu’elle pliera l’échine. A bon entendeur…

Outélé KEITA


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