HomeA la uneLUTTE CONTRE LE TERRORISME ET L’IMMIGRATION CLANDESTINE : Que peut le G5 du Sahel ?

LUTTE CONTRE LE TERRORISME ET L’IMMIGRATION CLANDESTINE : Que peut le G5 du Sahel ?


Les ministres chargés de la sécurité des pays membres du G5 du Sahel (G5S) se sont donné rendez-vous hier, jeudi 14 mai 2015, à Niamey au Niger à l’effet d’échanger des informations pour lutter contre le terrorisme et l’immigration clandestine. Il faut rappeler que le G5 du Sahel est un cadre institutionnel de coordination et de suivi de la coopération régionale, créé le 16 février 2014 à Nouakchott, lors d’un mini sommet par les chefs d’Etat de la Mauritanie, du Mali, du Niger, du Burkina Faso et du Tchad.
La rencontre de Niamey qui est la deuxième du genre depuis la création de cette nouvelle organisation régionale, peut susciter les observations suivantes :
D’abord, l’on peut saluer l’initiative à sa juste valeur. En effet, depuis que les djihadistes ont envahi le Nord-Mali, suite à la chute de Kadhafi, le Sahel est devenu pratiquement une zone de non-droit où se sont invités les islamistes de toutes tendances et les contrebandiers et trafiquants de tout acabit. A cela, il faut ajouter le fait que le Sahel est aussi une zone de transit pour les migrants clandestins. 50 à 60% de ceux qui traversent la Libye pour l’Europe passent par la région. Il est donc heureux que les responsables de la zone se concertent dans un cadre institutionnel pour lutter contre le terrorisme et l’immigration par l’échange d’informations. L’on doit d’autant plus saluer l’initiative, qu’en plus des 5 pays de l’organisation, des représentants égyptiens, français, espagnols et de l’Union européenne sont également présents à Niamey. L’enjeu donc de cette rencontre dépasse le cadre des 5 pays du Sahel et les partenaires lointains, notamment ceux de l’Europe, l’ont explicitement reconnu. Les propos suivants du ministre français de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, l’attestent parfaitement : « L’échange d’informations peut nous permettre de démanteler des groupes qui projetteraient de commettre des attentats dans la bande Sahélo-Saharienne comme en Europe ». Et l’on peut comprendre le ministre français de l’Intérieur. Car, son pays a des raisons évidentes de vouloir débarrasser la zone des barbus. Non seulement, la France est engagée au Mali où elle a déjà payé un lourd tribut dans le cadre de la traque contre les djihadistes au Nord du pays, mais aussi elle a intérêt à prendre langue avec les dirigeants du Sahel, pour mettre en place des mesures préventives contre toute éventuelle menace terroriste sur son sol. Depuis notamment l’attaque terroriste contre Charlie Hebdo, qui avait créé un traumatisme au sein de l’opinion, toutes les tribunes où la question de la lutte contre le terrorisme est évoquée, intéressent particulièrement l’Hexagone.

La résolution de ces problématiques ne peut être trouvée dans le cadre étriqué du G5 du Sahel

La France, tout comme l’Union européenne et l’Espagne, est d’autant plus concernée par la rencontre de Niamey qu’en plus de la lutte contre le terrorisme, l’on évoquera aussi la problématique de la lutte contre l’immigration clandestine qui cristallise aujourd’hui, on le sait, le débat politique dans presque tous les pays européens. L’autre observation que l’on peut faire à propos de la rencontre de Niamey découle de la question suivante. Que peut véritablement le G5 du Sahel contre le terrorisme et l’immigration clandestine ?
Pas grand chose, pourrait-on y répondre, pour les raisons suivantes. D’abord, l’on peut faire le constat que les 5 pays membres de cette organisation régionale sont dans la catégorie des nations les plus pauvres du monde. Or, la lutte contre le terrorisme et l’immigration clandestine nécessite la mobilisation de grands moyens financiers, logistiques et technologiques. De ce point de vue, l’apport de ces pays pourrait représenter une quantité négligeable contre ces deux fléaux de notre temps.
Ensuite, la résolution de ces problématiques ne peut être trouvée dans le cadre étriqué du G5 du Sahel. Une approche de ces deux questions aurait été plus efficace si la réflexion avait été portée par l’Union africaine (UA). Comment, en effet, peut-on traquer efficacement le terrorisme et l’immigration clandestine dans l’espace du Sahel, en mettant de côté des pays comme le Nigeria, sanctuaire de Boko Haram, ou encore le Sénégal et la Libye d’où partent beaucoup de migrants. En effet, le pays de Senghor, on le sait, est connu pour être l’un des plus grands pourvoyeurs de migrants clandestins du continent noir. Quant au pays de Kadhafi, il représente aujourd’hui le plus grand magasin d’armes à ciel ouvert où se ravitaillent à satiété les terroristes qui écument le Sahel. Pour toutes ces raisons, l’on peut affirmer sans risque de se tromper que le G5 du Sahel serait trop ambitieux de vouloir porter sur sa tête la lutte contre le terrorisme et l’immigration clandestine. A la limite, il ne peut être qu’un petit maillon de la chaîne. Cette dernière doit être déployée à l’échelle de toute l’Afrique en particulier et du monde en général.

Pousdem PICKOU


Comments
  • De quels moyens financiers et/ou humains voire de moyens techniques appropriés votre pays ou les pays signataires auraient besoin pour d’une part désorganiser les réseaux de passeurs qui impactent d’une manière frontale vos frontières comme les nôtres
    qui peut gérer d’une façon claire voire transparente le financement d’une telle structure si elle devient une réalité
    d’autre part une coopération entre voisins est indispensable pour décourager les mafia
    puis une aide coordonnée avec celle des pays du Nord mais pilotée par ce groupe pourrait permettre de dédramatiser la situation sociale et humaine
    sur le point essentiel de Boko Haram, ce groupe doit être considéré comme un ETAT à part entière et la lutte antiterroriste doit être une lutte guerrière avec des outils appropriés : bombes au napalm, bombes à neutron, quelle que soit l’opinion dont se prévaut toujours l’humain replié sur lui même quand il ne souffre pas directement du mal. Quand on se trouve dans la merde, on ne rêve que d’une chose : en sortir; quand on baigne dans de la soie, on ne rêve que d’une chose : ne pas en sortir.

    7 septembre 2015

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