LUTTE CONTRE L’INSECURITE : Les Koglwéogo refusent de déposer les armes

Les « Koglwéogo »  ont tenu une rencontre nationale à Kombissiri, chef lieu de la province du Bazèga, le 22 juin 2016.  A l’issue de cette rencontre nationale,   ils ont exprimé leur opposition aux  interdictions annoncées par les autorités burkinabè et portant notamment sur le port des armes sans permis, les sanctions corporelles et les amendes.

 

100, 200, 300 !  Difficile  de dire  combien de Koglwéogo étaient à Kombissiri, chef lieu de la province du Bazèga, dans la matinée du  22 juin 2016. Mais une chose est sûre, ils étaient des centaines à répondre présents  à l’appel de leurs responsables. Ces derniers même   n’ont pas pu en donner le nombre exact.  La ville de Kombissiri a presque été transformée  en un camp de Koglwéogo. Tôt le matin, ils ont pris d’assaut le lieu où  devait se tenir la rencontre, face à la Direction provinciale des Sports et loisirs.  Pour l’occasion, chaque délégation avait une tenue particulière qui la distinguait des autres. Sur les tenues de certaines délégations,  on pouvait lire : «  Les aigles verts de  Naf Banka », «  Wend Song Sida ».   Chaque délégation a marqué son arrivée par des coups de klaxon de motos, des pick-up, de bus ou encore de voitures personnelles. Initialement prévue pour débuter à 10h, c’est finalement aux environs de  12h que  la rencontre a commencé. En effet, les responsables ont fait leur entrée aux environs de 11h.   45 minutes plus tard, c’est Boukari Kaboré dit  le Lion du Boulkiemdé qui a fait son entrée de façon  triomphale. Il fut applaudi par les siens.  Quelques  minutes plus tard, Moussa Thombiano dit Django de Fada N’Gourma est annoncé. Pendant ce temps, le comité d’organisation s’affairait à trouver de la place pour les invités.

 

Boukary Kaboré dit  le Lion, président des wibsé

 

C’est d’ailleurs à ce moment que  certains matériels ont été installés, notamment les chaises et la sonorisation. « Drôle d’organisation ! Les participants viennent avant les chaises et la sono », lance un confrère.  C’est aux environs de 12h que les déclarations publiques ont commencé.   Ra Saam Kand Naaba, chef Koglwéogo,  El Hadj Said Zongo dit « le Lion de  Sapouy », Moussa Thombiano dit Django de Fada N’Gourma et Boukari Kaboré dit  le Lion du Boulkiemdé, se sont  succédé à la tribune avec un seul message : « Les  Koglwéogo  refusent  de déposer les armes. Ils continueront à  infliger des amendes et battront les éventuels délinquants qui seront  appréhendés ». Pour eux, tant que les voleurs n’arrêteront pas de voler, les Koglwéogo continueront de  faire ce pour quoi ils ont été  installés. « Ils ( NDLR : les délinquants) ont tué certains des nôtres au cours d’un affrontement. Leurs motos ont été incendiées, mais Simon Compaoré n’a pas réagi. Je l’ai appelé personnellement au moment des combats et il avait promis des renforts, mais personne n’est venu », a confié Saïd Zongo, chef Koglwéogo de Sapouy.  Pour Boukary Kaboré dit  le Lion,  l’arrivée  des Koglwéogo au Burkina  sonne le retour  de la dignité   des Burkinabè.  «    Au Cameroun ou au  Ghana, on tue et il n’y a pas de vol.  Ici,   au Burkina Faso, on attache et on frappe fort.  Et le vol  est en train de finir.  C’est la façon des  Koglwéogo de régler la  question du vol. Les  Koglwéogo sont  une bonne chose pour le Burkina et je souhaite que  les autorités du pays les  accompagnent. Ce n’est pas la peine d’incriminer les Koglwéogo », a-t-il dit.   A noter que   Boukari Kaboré est le président des « Wibsé », entendez par là le président des Koglwéogo chargés de traquer les voleurs.  « Boukari Kaboré  est un Koglwéogo. Il est un « Wibga ».  S’il y a des coupeurs de route à Pama, j’y irai pour  les attaquer  », a-t-il confié avant de relever que la déclaration du ministre de l’Administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité intérieure,  Simon Compaoré,  relative aux nouvelles mesures, est une erreur.  « La  déclaration du ministre de la sécurité intérieure  a semé la confusion dans la tête des gens.  Je pense que c’était une erreur. Un voleur ne peut pas  être armé d’une   kalachnikov et le ministre va demander   aux Koglwéogo de le poursuivre les bras ballants.  Ce n’est pas possible », a-t-il conclu.  Signalons que certaines délégations ont présenté ce qu’elles ont pu récupérer chez les voleurs. Celle de Tikaré dans la province du Lorum a en effet présenté plusieurs coupures de faux billets de banque d’une valeur de 320 000 F CFA. Des motos ont également été présentées.  Signalons que la rencontre a eu lieu sans la moindre présence d’une autorité administrative, encore moins les Forces de défense et de sécurité.

 

NB : « Wibsé : pluriel de Wibga qui signifie aigle

 

Issa SIGUIRE