HomeA la uneMAHAMA NANA, président du MPIDA : « A Toébyn, le dialogue interreligieux n’est pas un vain mot, c’est une réalité »

MAHAMA NANA, président du MPIDA : « A Toébyn, le dialogue interreligieux n’est pas un vain mot, c’est une réalité »


Le Mouvement  pour la paix, l’intégration et la démocratie en Afrique (MPIDA), créé en juillet 2012, a fait de l’éducation citoyenne et de la promotion du dialogue interreligieux, son cheval de bataille. A ce titre, le mouvement mène diverses activités dans le cadre de la consolidation de ces valeurs, indispensables pour tout développement. A la faveur d’une interview réalisée  le 16 octobre dernier, le président dudit mouvement, Mahama Nana,  a confié que dans son quartier Toébyn situé au secteur 24 de Ouagadougou, «  le dialogue interreligieux n’est pas un vain mot, mais une réalité ». Lisez !

 

« Le Pays » : Présentez-nous votre Mouvement

 

Mahama Nana : le Mouvement  pour la paix, l’intégration et la démocratie en Afrique (MPIDA) a été créé en juillet 2012. Il a, entre autres, pour missions d’œuvrer à l’éducation citoyenne, à l’enracinement de la démocratie, de la paix qui est le socle de tout développement.

 

Après quatre années d’existence, quelles sont les activités que votre mouvement a déjà menées ?

 

Dans le cadre de la consolidation du dialogue interreligieux, nous avons mené plusieurs activités, entre autres, des conférences publiques dans le quartier Toébyn, situé au secteur 24 de Ouagadougou,  des tournois maracana qui se tiennent  annuellement. Pour cette année, il y a eu un cross populaire (NDLR : le 8 octobre 2016)  placé sous le thème : « Civisme et consolidation du dialogue interreligieux ». Cela parce que nous nous disons  que le dialogue interreligieux au Burkina Faso est une richesse. Par conséquent, nous devons, ensemble, tout mettre en œuvre pour le préserver afin de  cimenter davantage la paix sociale. Nous sommes dans un contexte  d’insécurité totale  et  quand nous voyons  un peu partout des poches de djihadisme, de terrorisme, des gens qui, sous le couvert d’une religion donnée, ôtent des vies humaines, nous pensons qu’il n’y a que dans le dialogue interreligieux qu’on pourra, en tout cas, éradiquer les germes de ce fléau depuis la base.  C’est un combat qui concerne tout le monde et engage la responsabilité de tous. Aucun pays ne peut vraiment se construire dans l’insécurité. Il est temps qu’ensemble, nous puissions conjuguer nos efforts pour consolider, renforcer ce dialogue interreligieux parce que c’est très important.

Pour ce qui est de l’incivisme, si vous faites le constat, durant ces cinq dernières années, il  a atteint un niveau inacceptable. A notre avis, aucun pays ne peut se construire dans l’incivisme. Nous  avons connu  un contexte difficile avec  les soubresauts que le pays a connus. Mais après la mise en place d’un régime  démocratiquement élu, nous devons accompagner les nouvelles autorités, surtout en ce qui concerne la restauration de l’autorité de l’Etat. Aujourd’hui, bon nombre  de citoyens pensent qu’ils n’ont que des droits, ignorant qu’ils ont aussi des devoirs. Ils oublient que la jouissance effective d’un droit ou de tout droit, implique forcément des devoirs. Nous profitons de votre micro pour interpeller les plus hautes autorités de ce pays à prendre à bras-le-corps la lutte contre l’incivisme parce que cela est très important. A l’allure où vont les choses, si nous n’y prenons garde, l’incivisme  va affecter  sérieusement le développement du pays.

 

Quelles sont les activités que vous comptez mener pour la consolidation du dialogue interreligieux ?

 

A l’échelle de notre quartier, le dialogue est une réalité car nous avons travaillé à rapprocher les différentes communautés religieuses. A chaque fois que nous avons une activité, les différentes confessions religieuses se l’approprient. Elle devient une activité de tous. Si vous prenez le cas du cross populaire de cette année, il était placé sous le co-parrainage de Jean Pierre Compaoré, responsable chargé du dialogue interreligieux de la Chapelle St Gabriel de Toébyn, et du côté des musulmans, de Soumaïla Sorgho, directeur général de l’Union des assurances du Burkina (UAB). L’année prochaine, le cross populaire pourrait être coparrainé par un chef coutumier, représentant des animistes, et un responsable du côté  des protestants.

Cette année, dans le cadre du reboisement, nous avons bénéficié de 500 plants que nous avons remis à plus d’une dizaine de  lieux de culte (catholiques, protestants, musulmans, etc). Au niveau de notre quartier, nous sommes vraiment satisfaits car le dialogue est une réalité, ce n’est pas un vain mot. Nous avons réussi à traduire ce dialogue dans nos actes quotidiens. D’ici la fin du mois d’octobre, il y aura un match retour entre la jeunesse chrétienne et celle musulmane.  

 

 

 

A vous écouter, vous menez diverses activités.  Qui finance vos activités ?

 

Pour être franc, nous ne bénéficions  pas de financement. Nous sommes du monde associatif et nous connaissons ses réalités, notamment la rareté des finances. Nous n’avons pas de structures  ou de personnes –ressources qui  financent nos activités. Nous menons ces activités grâce aux contributions de toutes les confessions religieuses du quartier. Pour revenir au cas du cross populaire, la jeunesse catholique a donné sa contribution, celles musulmane, protestante, animiste ont donné chacune leur contribution. C’est sur cette base que nous arrivons à mener nos activités. Il n’y a aucune personne-ressource qui nous soutient  mais ce qui nous réjouit, c’est que le MPIDA n’est plus une affaire de ses seuls  initiateurs, mais une affaire de tout le quartier.  Chaque jour que Dieu fait, on nous appelle pour nous féliciter. Nous nous battons  malgré la modicité de nos moyens.

Luke Dube disait « differents colors, one people », mais nous,  nous disons, « differents religions, only one God ».

 

Propos recueillis et retranscrits par Colette DRABO (« Le Pays » en collaboration avec VITA/Afronline (Italie)

 

 


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