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MALI : La paix si proche, si loin


 

Une embuscade tendue par des éléments de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) a coûté la vie à neuf soldats maliens et fait de nombreux blessés aux encablures de Tombouctou, le lundi 11 mai 2015. Cette situation témoigne si besoin en était encore, du fait que le Nord-Mali demeure une zone dangereuse, non pacifiée.   Les auteurs de cette attaque veulent certainement montrer qu’ils sont toujours là et qu’il faudra compter avec eux. A quelques jours de la date fixée pour la signature de l’Accord d’Alger, cette embuscade vient comme pour rappeler que la CMA reste un groupe dont il faut toujours se méfier. Les négociateurs algériens devront donc s’employer à recoller autant que faire se peut, les morceaux.

Le regain de tensions au Nord-Mali n’est pas pour aplanir les difficultés

Car, faut-il encore le souligner, cette attaque met en danger la signature de l’Accord d’Alger. Déjà que des éléments de la CMA rechignaient à parapher le document, ce regain de tensions au Nord-Mali n’est pas pour aplanir les difficultés. Il faut d’ailleurs redouter une riposte de l’armée malienne qu’on imagine furieuse, après ces pertes en vies humaines encore enregistrées dans ses rangs, du fait des rebelles. Les militaires peuvent être tentés de prendre leur revanche et cela va exacerber les tensions et replonger le pays dans les combats. Comme on le sait bien, les groupes armés pro-Bamako ont attaqué les rebelles et repris certaines positions qu’ils occupaient. Cela s’est fait certainement avec l’aval, l’appui, sinon la bénédiction de Bamako. L’intervention de ces groupes qui permet d’affaiblir les rebelles, constitue une vraie bouffée d’oxygène pour les autorités   maliennes. Pour leur part, les rebelles font de la résistance par rapport à la signature de l’Accord d’Alger et ont, depuis un certain temps, lancé des attaques sur certaines localités, même s’ils ont échoué à en reprendre  le contrôle aux soldats maliens.

C’est en cela qu’il faut voir dans cette embuscade, une sorte de réponse du berger à la bergère. La CMA attaquée d’une manière ou d’une autre par Bamako, a certainement voulu réagir après les revers qu’elle a subis face aux groupes pro-gouvernementaux comme le Gatia. Le contexte dans lequel intervient cette embuscade est d’ailleurs marqué par une sorte de triomphalisme ambiant des autorités maliennes. Certes, après les attaques victorieuses de groupes pro-Bamako sur des positions rebelles, les dirigeants ainsi que les forces armées du pays avaient de quoi être fiers. Mais, le danger n’en est pas pour autant éliminé. Loin s’en faut. Le Nord-Mali reste encore un terrain largement infesté de rebelles et d’islamistes.  C’est dire si cette embuscade vient comme une piqûre de rappel.

Tout porte à croire qu’on assiste, du côté de la CMA, à la mise en place officielle d’un nouveau mode opératoire. Jusqu’à présent, on était plus dans un schéma de guerre classique entre les rebelles et les forces armées maliennes. Mais, avec la formation dont elle a bénéficié et avec le matériel militaire qu’elle a acquis, l’armée malienne est devenue plus difficile à combattre par les rebelles. Les échecs répétés de ces derniers face à l’armée malienne régulière ou aux groupes pro-Bamako, témoignent de cette évolution du rapport des forces. L’armée malienne reprend la main et de toute évidence, cela n’est pas une bonne nouvelle pour les rebelles. La  CMA étant ainsi consciente que les choses sont en train de tourner à l’avantage de Bamako, va tout faire pour mettre du sable dans le couscous du président Ibrahim Boubacar Kéita (IBK) et son équipe.

Si les différents protagonistes ne reviennent pas à de meilleurs sentiments, le sort de l’Accord d’Alger risque d’être  scellé

Il faudra donc redouter que l’on s’installe dans une logique de guérilla. La stratégie des embuscades et autres attaques ciblées peut devenir l’apanage des éléments de la CMA.

 De lourds soupçons   ont toujours pesé sur les groupes rebelles du Nord-Mali en ce qui concerne leurs relations avec les groupes terroristes. Car, même si le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) avait, à l’époque, eu droit à une fessée de la part des islamistes après leur conquête commune du Nord, les positions des rebelles n’ont jamais été la cible des jihadistes depuis l’intervention militaire étrangère pour libérer le Nord-Mali. Les islamistes ne s’en prennent qu’aux troupes maliennes et internationales. Cela est plus que suspect et apporte de l’eau au moulin de ceux qui pensent que les groupes rebelles maliens et les islamistes qui écument le Nord du pays, sont les deux faces d’une même médaille. Et quand on sait que les islamistes sont passés maîtres dans l’art de la guerre asymétrique, il y a à parier que la CMA, du moins certains des mouvements qui la composent, a bel et bien des accointances avec les islamistes et ne fait que montrer ainsi, son vrai visage.

Ce faisant, ces mouvements pourraient faire très mal aux autorités légales du pays. Il est difficile, comme on le sait, de remporter facilement une guerre asymétrique. L’exécutif malien aurait certainement préféré une guerre classique à cette guerre asymétrique. Mais, pour la CMA, une telle option ne serait pas non plus sans conséquence. En effet, si le choix des rebelles de mener cette guerre asymétrique venait à devenir la règle, nul doute que la CMA se retrouverait de plus en plus isolée, et pire, deviendrait infréquentable. Elle pourrait se retrouver en effet sur les fameuses listes noires des organisations terroristes, donc à combattre par tous les moyens.

Que faire pour la paix, si proche, si loin dans ce pays ? Elle est à portée de main avec la signature annoncé le 15 mai prochain, de l’Accord d’Alger. Cet accord est censé consacrer le début de la normalisation au Mali. Elaboré après de longs mois de pourparlers, cet accord cristallise bien des espoirs même si les rebelles font encore de la résistance. Paradoxalement, cette paix est également si loin en ce sens que ces attaques contre les forces armées maliennes risquent d’entraîner un regain de violence de nature à compromettre toute possibilité de parler d’une même voix. Etant donné que Bamako et les rebelles posent, chacun de son côté, des actes qui éloignent chaque jour un peu plus le Mali de la paix, il urge que ce pays sorte rapidement de cette situation. En tout état de cause, si les différents protagonistes ne reviennent pas sans délai à de meilleurs sentiments, le sort de l’Accord d’Alger risque d’être rapidement scellé. Il appartient donc à l’Algérie de peser de tout son poids   pour sauver l’Accord auquel elle a tant travaillé, pour espérer ramener de façon complète et définitive, la paix au Mali.

« Le Pays »


Comments
  • Monsieur l’Editorialiste du “Pays”,

    Donnez les faits et rien que les faits.

    Pour votre informe, sachez que les indigènes de l’Azawad vont toujours ratatiner l’armée génocidaire du Malin en cas d’affrontement n’en déplaise à vous.
    Vous savez pourquoi ? Parce que les Azawadiens veulent vivre libres sur la terre de leur ancêtre et pour ça, ils sont prêts pour tous les sacrifices.

    L’Azawad est Mon Droit !

    Azawadi

    13 mai 2015

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