HomeA la uneMANIFESTATION ANNONCEE DE L’OPPOSITION LE 23 AOUT :Quand Blaise invite son opposition a manifester

MANIFESTATION ANNONCEE DE L’OPPOSITION LE 23 AOUT :Quand Blaise invite son opposition a manifester


La récente sortie médiatique du chef de l’Etat burkinabè, Blaise Compaoré, n’en finit pas de faire des vagues. Comme il fallait s’y attendre, la théorie de l’Homme fort pour des institutions fortes, fait couler beaucoup d’encre et de salive au pays des Hommes intègres. Et l’opposition politique burkinabè n’entend pas être en reste. Elle compte joindre sa voie au concert de désapprobations de ce qui est considéré par bien des observateurs, comme une manifestation de narcissisme du chef de l’Etat qui ramène tout à sa propre personne.

 

Le locataire de Kosyam considère l’accalmie comme un relâchement, voire une capitulation

 

On se souvient que le président burkinabè avait laissé entendre à Washington que les débats houleux autour du projet de référendum s’étaient tassés au Burkina. Il a certainement fait référence au fait que l’opposition qui a jusque-là exprimé son refus de la mise en place du sénat et de la révision constitutionnelle projetées par le camp présidentiel, est depuis un certain temps, silencieuse. Mais cette déclaration de Blaise Compaoré aura eu l’effet de pousser l’opposition à redonner de la voix. On peut penser que l’opposition politique, après les manifestations qu’elle a menées et qui ont drainé du monde, était dans une phase où elle espérait un geste d’apaisement de la part du chef de l’Etat. Elle comptait certainement sur lui pour prendre la vraie mesure de la situation et agir en tant que garant de l’unité nationale, dans l’optique d’éviter que la situation s’embrase. L’accalmie dans les manifestations de l’opposition, si elle peut se justifier par une insuffisance de moyens, peut aussi s’expliquer par cet espoir qu’elle nourrissait. Hélas, avec cette sortie, l’opposition politique a dû se rendre à l’évidence que le locataire de Kosyam considère l’accalmie des manifestations publiques contre les velléités de son camp de sauter le verrou constitutionnel limitatif du nombre de mandats présidentiels, comme un relâchement, voire une capitulation. C’est pour cela qu’elle a décidé de se rappeler au bon souvenir du pouvoir, à travers cette manifestation prévue pour le 23 août prochain. Sous cet angle, on peut dire que c’est Blaise Compaoré lui-même qui remet le feu aux poudres, par cette sortie pour le moins maladroite. En tentant de donner la réplique à Barack Obama de cette façon, Blaise Compaoré a été mal inspiré. En effet, il est évident qu’au Burkina comme partout ailleurs dans le monde, les institutions fortes se construisent dans la durée. Mais ce que le président burkinabè a visiblement oublié, c’est que ces institutions, là où elles existent, ont été construites avec le concours de plusieurs hommes, de plusieurs régimes, de plusieurs sensibilités, de plusieurs expériences. Chacun des régimes qui se sont succédé dans ces pays, a apporté sa touche particulière au renforcement de ces institutions avant de céder sa place. Même au Burkina, le régime de Blaise Compaoré n’est pas parti du néant. Il s’est adossé sur les acquis des pouvoirs qui l’ont précédé. Toujours est-il que ni Abraham Lincoln, ni Donald Roosevelt, malgré leur forte personnalité, n’ont donné à eux seuls, aux institutions des Etats-Unis d’Amérique, la force qu’elles ont. Et pour ce qui est de la durée, Blaise Compaoré qui reconnaît en filigrane que les institutions politiques burkinabè sont encore faibles, avoue, en quelque sorte, qu’il n’a pas mis à profit ses 27 ans de pouvoir pour les fortifier. De deux choses l’une : ou bien il a essayé de mettre en place des institutions fortes et a échoué, ou bien il n’a pas voulu le faire. De ce point de vue, il devrait éprouver logiquement un sentiment d’échec.

 

Les « grands hommes »  travaillent à faire naître et à encourager la relève

 

Qu’après près de trois décennies à la tête de l’Etat, on ne puisse pas passer la main à quelqu’un d’autre afin qu’il puisse poursuivre son œuvre, cela devrait plutôt faire réfléchir. En tout état de cause, son maintien au pouvoir ne garantit aucunement le renforcement des institutions.

Blaise Compaoré s’est-il fait le porte-parole des dictateurs africains au sommet de Washington ? On a envie de croire qu’il s’est prononcé au nom d’un collège africain de tripatouilleurs de Constitutions qui ne vont pas bouder leur plaisir face à sa sortie. Denis Sassou N’Guesso, Joseph Kabila et autres tripatouilleurs de lois fondamentales ont certainement trouvé en Blaise Compaoré, leur maillot jaune, leur leader dans cette croisade contre la démocratie.

En tout état de cause, cette contrevérité historique, destinée à prendre le contrepied de Barack Obama, va à jamais coller à la peau du président Compaoré.

Lui qui dit aujourd’hui avoir besoin de l’avis du peuple burkinabè, avait-il seulement songé à consulter le même peuple en 1987 quand il prenait le pouvoir ? Les adeptes du pouvoir à vie sur le continent, doivent revoir leur copie car cela n’est pas un acte de grandeur, surtout pour les dirigeants qui disent s’inspirer d’icônes comme Nelson Mandela.

Car les dirigeants africains qui s’inspirent de Madiba sont ceux qui se convainquent que personne n’est irremplaçable dans ce monde ici bas. Ce sont ceux qui se rendent utiles à leur pays mais qui travaillent à ne pas être indispensables, qui amènent les autres à avoir les ressorts nécessaires pour se passer d’eux. Comme le disait un penseur, « l’idéal du maître est de se rendre inutile à ses élèves » en leur apprenant à se débrouiller sans lui. Si tel n’est pas le cas pour un maître, il devra se remettre en cause. Savoir susciter et préparer une relève digne de ce nom, c’est aussi cela le devoir d’un dirigeant, à quelque niveau qu’il soit. Ceux qui se disent indispensables ne peuvent rien faire qui puisse leur survivre étant donné que tout doit partir d’eux et revenir à eux. C’est cela la logique des « hommes forts ».

Mais Blaise Compaoré et ses soutiens ne doivent pas perdre de vue le fait que jusque dans les monarchies comme en Espagne, en Jordanie et au Koweit et même au Vatican, l’alternance est acceptée et même provoquée par ceux-là mêmes qui tiennent les rênes du pouvoir. Ces hommes-là qui ont décidé en toute lucidité de remettre le pouvoir à d’autres personnes en faisant passer le bien de leur communauté devant leurs intérêts personnels, sont de grands hommes. Car contrairement aux « hommes forts » qui se croient irremplaçables, les « grands hommes » qui se savent mortels, travaillent à faire naître et à encourager la relève en toute humilité. Les grands hommes mettent un point d’honneur à oublier leur personne, et veillent à ne pas être un quelconque problème pour leur peuple. Ce sont de grands hommes dont l’Afrique a besoin. Ce sont eux qui, en rendant grand leur peuple, font avancer l’humanité vers des lendemains toujours meilleurs. Et c’est en cela qu’ils accèdent au statut de légendes vivantes dans la mémoire des peuples.

Pour ce qui est du Burkina, il faut dire qu’on ne va pas vers l’apaisement. Le chef de l’Etat aurait mieux fait d’appeler à la concertation et au dialogue. Mais il semble résolument engagé dans une logique de pouvoir absolu. Ses partisans sont ragaillardis par cette sortie « historique » au pays de l’Oncle Sam. L’opposition qui rêve d’alternance ne doit pas se leurrer sur les intentions du camp présidentiel. « Il est difficile de réveiller quelqu’un qui ne dort pas », dit une sagesse de chez nous.

Il lui appartient, de ce fait, de trouver les voies et moyens si elle veut triompher de ce bras de fer. Elle serait bien inspirée de trouver, entre autres, des moyens de communication à la hauteur du défi qu’elle a à relever. Elle devrait songer à se doter d’au moins une chaîne de télévision et d’une radio performantes, à même de relayer, aux confins du pays et à l’extérieur, son message. Elle en a les moyens ou peut se les offrir. En tout cas, elle ne peut pas faire l’économie de la bataille de la communication, si elle veut réussir son pari.

 

« Le Pays »


Comments
  • Hey oui l’orgueil d’un didacteur se mesure par ses actes. Mourir au pouvoir c’est avoir peur du jugement que fera son peuple après ses longues années de règne. De nos jours nos pauvres ministres n’ont rien à faire que d’aller battre pavé pour la mobilisation du bétail électoral. j’étais frustré la semaine lorqu’un ministre qui a parrainé une conférence refuse d’aller à la rencontre de la force vive de son ministère sous prétexte qu’il à un programme chargé. c’est dommage pour le développement d’un pays on est pas ministre pour les élections mais pour travailler. Les milliardaires que le régime actuel à créé n’ont qu’à se dire une chose le vent souffle dans tous les sens aujourd’hui il vous est favorable mais sachez que demain ç ‘a parrainé pourrait être le contraire.

    14 août 2014
    • Tres belle analyse et Blaise doit reconnaitre que nul ne peut defier les USA !!!!!!

      14 août 2014
  • ”On a envie de croire qu’il s’est prononcé au nom d’un collège africain de tripatouilleurs de Constitutions qui ne vont pas bouder leur plaisir face à sa sortie”. Tu as entièrement raison ! Voilà un Denis Sassou NGUESSO qui, pris par l’âge et ne pouvant plus se représenter, voulait tripatouiller la Constitution. Puis, brusquement, ses affidés sortent de leur chapeau un acte de naissance qui le rajeunit ! Et Paul BIYA qui passe l’année à somnoler !On est dans quel continent de gorilles ?

    Par Kôrô Yamyélé

    14 août 2014
  • Analyse pertinente.

    14 août 2014
  • Félicitation au journal Le Pays pour cette belle analyse qui met en lumière la faiblesse des propos tenus par Blaise à Washington. En s’érigeant en véritable pourfendeur de l’alternance, le Chef de l’Etat a tombé le masque, révélant au monde entier son visage de dictateur. Alors on comprend aisément, toutes les médiations menées çà et là ces dernières années n’étaient que pure hypocrisie visant à se donner une fausse image internationale. Borry bana, terminus en novembre 2015.

    14 août 2014
  • NO COMMENT

    14 août 2014
  • Ce n est plus du journalisme c est pluto conseil en communication pour l opposition

    14 août 2014
  • mes frères , ne vous en faites pas. L’arbre dont la tempête va renverser ne voit pas l’orage qui se prépare à l’horizon. Soyez en sur que notre président ne voit plus rien et lorsque ce temps arrive c’est la politique d’Autriche qu’on applique et advienne que pourra. Qu’il se réfère à Thoma Sankara,ou à Mobutu.

    14 août 2014
  • Très Belle analyse. Tout à fait d’accord avec l’idée de moyen de communication propre à l’opposition pendant qu’il est encore temps. Pas très loin de chez nous, nous avons vu ce que valent les moyens de communication pour la prise du pouvoir d’état. A BAS LE POUVOIR A VIE !

    14 août 2014
  • je ne commente plus les sorties du président Compaoré,je dirai seulement que l’arrogance et l’orgueil précèdent la chute!!!!

    14 août 2014
  • Sortons massivement pour dire non o mépris

    14 août 2014
  • L opposition do it se passe de la tnb Simon c est pas bon. Bon vent au BF.

    14 août 2014
  • la pertinence de l’analyse me laisse sans voix. Il partira ce president arrogant et voyou.celui la est un grand bandit il n’est ni un homme fort encore moins un grand homme

    15 août 2014
  • Un homme fort des temps faibles sa fait penser a l’adage qui dit o pays des aveugles le borgne est roi.mai on recolte que ce que l’on seme

    15 août 2014
  • L’homme du quinze octobre aura été fidèle à lui même. Toujours hanté par un complot pouvant venir des autres ou d’ailleurs, l’homme s’est renfermé sur lui même, obsédé par la perte du pouvoir quelque que soit la forme.

    Le 23 aout prochain, nous devons nous préparés à ce que la presse acquise disent qu’il y eu 500 manifestants dans la rue. La ville est truffée de caméras mais, il refuseront de voir les manifestants. Bientôt nous risquons de passer à une vitesse supérieure s’il s’entête à ne rien comprendre de la génération actuelle.

    18 août 2014
  • Un homme fort c’est bel bien BLAISE. Il mérite cette appelation. Ce que la minorité des burkinabè rejette aujourd’hui n’est que simple mépris pour la personne. A travres cet homme le BURKINA constitue une puissance sous-régionale. Ceux qui pensent que ce pays prendra feu se detrompent car nous burkinabé, sommes pas bêtes. Voyez tous ceux qui aujourd’hui s’exitent, viennent d’où? Avant de parler d’alternance, ils doivent nous donner la source de leur fortune. Ils sont tous des GUIRO cachés mais l’avenir nous dira. Au moment où les autres construisent nous on passe notre temps à s’acharner sur une seule personne de surcroit un leader. Tous nous regreterons BLAISE. Avant tout, même si Le PRESIDENT décidait de ne pas se présenter en 2015, je ne voterai aucun des RSS ni ZEPH. QUE TOUT CE BEAU MONDE AILLE SE REPOSER. Ils ont assez mangé et ne constitue pas de modèle pour nous jeune génération.

    18 août 2014
  • Je soutiens l’idée que l’opposition commence à mettre en place une très bonne stratégie de communication:
    1/ Elaborer rapidement cette stratégie
    2/ Faire sa mise en oeuvre
    Ne pas oublier dans la stratégie de prévoir la participation des citoyens du Burkina Faso sur le sol et à l’étranger au financement d’une TV et d’une radio. Il faut absolument le faire au regard du fait qu’il est difficile de réveiller celui qui ne dort pas. Inutile de vouloir attendre que Blaise se prononce. Il est enfin temps de prendre des mesures urgentes avant qu’il ne soit trop tard. Mettez en place chers leaders de l’opposition une TV et une radio. Nous allons contribuer à son financement. Je vais contribuer personnellement avec 100 000 FCFA. Chacun contribue avec ces moyens. Calcul rapide. Si 1000000 de personnes contribuent avec chacun 500 FCFA, on aura 500 000 000 de FCFA; si c’est 1000 fcfa? on aura 1000 000 000 FCFA.

    Zéphirin Diabré, la balle est dans ton camp. Appel tes collègues et mettez une feuille de route en place.

    25 août 2014

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