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MANIFESTATIONS CONTRE UN 5E MANDAT DU PRESIDENT ALGERIEN


Arrêtez d’instrumentaliser Boutef

Au pays de Houari Boumediene, la candidature de Abdel Aziz Bouteflika à la présidentielle d’avril 2019, ne passe pas. En effet, depuis le week-end dernier, la rue gronde. De nombreux Algériens sont vent debout contre ce « mandat de trop » à leurs yeux et les manifestations s’enchaînent et ne faiblissent pas. C’est dire si le régime en place est sur le gril depuis qu’il a annoncé la énième candidature de Boutef, au pouvoir depuis 1999, pour un nouveau bail présidentiel. Le vent de la contestation qui ne fait que prendre de l’ampleur illustre bien que nombre d’Algériens aspirent beaucoup plus à une alternative et à une alternance à la tête de l’Etat qu’à la continuité avec un président que la maladie a cloué dans un fauteuil roulant et son autorité avec, l’éloignant ainsi de la réalité du pouvoir. Alors, en plus des Algériens eux-mêmes, nombre d’observateurs étrangers se posent la question de savoir ce qui motive tant l’entourage de Bouteflika à le maintenir au pouvoir alors que sa santé ne s’améliore guère. Pire, le poids de l’âge (82 ans le 2 mars prochain) accentue sa sénilité. On n’aurait rien à redire que de souhaiter longue vie à Bouteflika si l’Algérie était une monarchie comme son voisin marocain. Et même là, il y a des rois qui ont eu à abdiquer à cause de leur état de santé et/ou de leur âge avancé. Cela dit, s’il faut reconnaître le mérite de l’armée algérienne d’avoir réussi à protéger jusque-là, le fauteuil de Bouteflika d’un quelconque coup de force qui aurait pu déstabiliser le pays, les sbires du président algérien doivent se rendre à l’évidence que le temps est venu d’ouvrir la succession de leur mentor. A moins que ces velléités de pouvoir à vie ne soient voulues par ceux qui gèrent la réalité du pouvoir par procuration, dans l’attente de s’emparer du fauteuil présidentiel et de ses avantages. Dans ce cas là, ils sont dans une logique d’instrumentalisation et de chosification de papy Boutef.

Boutef aura déjà assez mené le bon combat pour sa patrie

Et c’est une mauvaise image qu’ils donnent ainsi à cette grande Algérie qui, un jour ou l’autre, devra se passer des bons et loyaux services de Abdel Aziz Bouteflika qui n’est pas immortel.

Mais en attendant, avec leur entêtement à maintenir Boutef au pouvoir, ils devront compter avec cette population en pleine mutation, dont plus de 70% est jeune et n’a donc pas connu la guerre de libération. A défaut, ils seront surpris par une bourrasque qui pourrait les emporter, comme on l’a vu ailleurs sur le continent. Ce qui donne d’ailleurs du piquant à cette vague de protestations contre cet autre mandat de Bouteflika, c’est le fait de voir la jeunesse se positionner en première ligne pour aller au casse-pipe et de tenir tête aux puissantes forces de l’ordre. Toute chose qui dénote d’un signe des temps. Assurément, l’Algérie d’aujourd’hui sera à terme contrainte d’édulcorer son intransigeance face à cette nouvelle génération qui s’accommode mal de toute divinisation du pouvoir. Il y a un temps pour tout, dit-on. Et l’entourage du président algérien doit savoir lire ses signes bruyants du temps. Il faut donc sauver le soldat Boutef qui ne mérite pas une triste fin. Car, il faut le reconnaître, Abdel Aziz Bouteflika n’est pas n’importe qui. C’est une grande figure qui fait partie des héros de la guerre de libération algérienne et de ceux dont l’Afrique se souviendra toujours. Avec ce passé glorieux de l’homme, associé à son code de gestion inclusif des affaires de l’Etat ayant abouti à la fin de la tragique guerre civile de la décennie 90 avec la promulgation de la loi sur la « concorde civile », nul doute qu’il va bénéficier des hommages et de la reconnaissance de la nation algérienne quand il ne sera plus aux affaires. Il aura déjà assez mené le bon combat pour sa patrie et il est plus que temps que son entourage fasse tout pour ne pas vendanger l’immense crédit dont il jouit en évitant un mortel conflit de générations.

 

Drissa TRAORE

 

 

 

 


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