HomeA la uneMANIFS POUR DES REFORMES POLITIQUES AU TOGO : La jeunesse togolaise doit prendre son destin en main

MANIFS POUR DES REFORMES POLITIQUES AU TOGO : La jeunesse togolaise doit prendre son destin en main


Après la violente répression des manifestations de l’opposition le 19 août dernier au Togo, l’opposition En effet, elle en train de s’organiser. Elle appelle à une nouvelle manifestation de rue, les 30 et 31 août 2017 sur toute l’étendue du territoire. Mais en attendant, elle appelle les Togolais à une journée de recueillement aujourd’hui même 25 août. C’est, du reste pour cette raison que le chef de file de l’opposition, son chef de file, Jean Pierre Fabre, a décidé d’écourter son séjour en Europe et de rentrer au pays pour battre le rappel des troupes en vue de la bataille pour l’alternance dans ce pays où le pouvoir est monopolisé depuis plus d’un demi-siècle par la famille Gnassingbé.
En rappel, à l’appel du Parti national panafricain (PNP), un jeune parti de l’opposition, de nombreux Togolais étaient descendus, le week-end dernier, dans les rues de plusieurs villes du pays, en l’occurrence Anié, Sokodé, Kara et la capitale Lomé, pour manifester à l’effet de demander des réformes politiques au nombre desquelles on compte l’instauration du scrutin à deux tours, le vote de la diaspora et le retour à la Constitution de 1992 qui consacre, entre autres, la limitation des mandats présidentiels dont Gnassingbé père avait sauté le verrou en 2002. Mais en réponse, le pouvoir de Faure, se rappelant au souvenir et aux bonnes vieilles méthodes de son père, feu Eyadema, a fait parler la matraque et la poudre pour disperser les manifestants. Bilan des affrontements: de nombreux dégâts matériels, des arrestations, de nombreux blessés et malheureusement des pertes en vies humaines. Mais comme nous l’évoquions dans un précédent écrit, en optant pour la répression, le pouvoir de Faure Gnassingbé a cassé le thermomètre mais il n’a pas fait baisser la fièvre. Pour preuve, l’opposition, dans son ensemble, est maintenant prête à aller au charbon. Car, dit-on, dans ses rangs, « l’heure est grave ». Et face à cette escalade de la violence, quelques semaines seulement après les cérémonies d’exorcisation, l’on se demande si les ancêtres des Togolais n’ont pas refusé les sacrifices expiatoires censés marquer la fin des violences dans ce pays. Si c’était le cas, cela signifierait peut-être que les choses n’ont pas été faites dans les règles de l’art ou que le cœur n’y était pas. En tous les cas, ce serait un mauvais signe pour ses initiateurs.

On n’a pas besoin d’ôter des vies pour de simples réformes politiques

Quoi qu’il en soit, en demandant ces réformes politiques, le peuple togolais ne demande pas le ciel à Faure Gnassingbé. Il ne lui demande pas l’impossible. Il lui demande seulement de poser des actes qui iront dans le sens de l’approfondissement de la démocratie au Togo. Et cela est loin d’être la mer à boire. A preuve, de tous les pays de la sous-région ouest africaine, le Togo reste la seule curiosité en la matière. Même la Gambie de Yahya Jammeh a su s’extirper du cercle honteux et peu vertueux des pays qui mettent à mal l’alternance, faisant désormais du pays de Faure Gnassingbé le mouton noir de la démocratie en Afrique de l’Ouest. Ce, au moment où la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) est citée en exemple sur le continent. Au demeurant, cette institution sous-régionale serait bien inspirée de remettre sur la table l’adoption de son projet de texte sur la limitation des mandats présidentiels dans la sous-région, qui avait capoté à l’époque, en raison de l’opposition du Gambien Yahya Jammeh et d’un certain Faure Gnassingbé. Même si, ironie du sort, c’est ce dernier qui préside aujourd’hui aux destinées de cette prestigieuse institution. En réalité, Faure Gnassingbé a peur de ces réformes qui pourraient sonner le glas de son pouvoir. Car, en cas de limitation des mandats, il est clair que même si les pendules sont remises à zéro, il s’en ira bon gré mal gré du pouvoir, au terme de ses mandats constitutionnels. Sans compter qu’en cas de ballotage, rien ne dit qu’il pourrait facilement enlever la mise à son éventuel challenger. Pour toutes ces raisons et certainement pour bien d’autres, l’on peut comprendre que le président togolais préfère le douillet statu quo des textes, qui lui garantit peu ou prou la stabilité de son pouvoir. C’est pourquoi la jeunesse togolaise dont ces manifestations semblent sonner le réveil, doit prendre son destin en main si elle veut véritablement le changement. Pour cela, il faudra continuer la lutte, malgré la répression. Car, il est bien connu que l’on n’obtient rien sans sacrifices.
En tout état de cause, le président togolais aurait tout à gagner en s’inscrivant dans le cadre de la volonté de son peuple et de la modernisation de son pouvoir. Car, l’histoire pourrait lui en être reconnaissante. En revanche, s’il ne change pas de paradigme, le Togo risque de compter pendant encore longtemps ses morts. Mais l’homme fort de Lomé aurait tort de croire qu’il pourrait éternellement réprimer ses compatriotes. Tôt ou tard, la révolte qui couve, telle une vague dans un mouvement de flux et de reflux, reviendra encore et encore avec un peu plus de force, jusqu’à ce que la digue cède. En attendant, l’on n’a pas besoin d’ôter des vies pour de simples réformes politiques. Surtout quand on prétend agir au nom du peuple, pour le peuple et dans l’intérêt du peuple.

Outélé KEITA


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