HomeA la uneMARCHE ET CONTREMARCHE AU PAYS DE KABILA : La RDC retient son souffle

MARCHE ET CONTREMARCHE AU PAYS DE KABILA : La RDC retient son souffle


Le bras de fer entre le pouvoir congolais et l’opposition doit connaître un regain d’intensité avec ce qui s’apparente à  «un duel de rue» dans les artères de Kinshasa. En effet, dans l’élan de lutte contre les velléités de pérennisation de Kabila au pouvoir, la plateforme de l’opposition a battu le rappel de ses troupes pour battre le macadam en signe de protestation contre l’arrêt de  la Cour Constitutionnelle qui autorise le président Joseph Kabila à se maintenir au pouvoir au-delà de 2016 en cas de glissement du calendrier électoral.  Et, «réponse du berger à la bergère», la coalition au pouvoir appelle aussi ses ouailles à descendre dans la rue sur toute l’étendue du territoire national pour, au contraire, défendre non seulement la Cour constitutionnelle et son arrêt, mais aussi manifester son soutien au dialogue national prôné par le chef de l’Etat.  Hier, en fin d’après-midi la sagesse semblait prendre possession des esprits dans les rangs du pouvoir. En effet, une décision de report de la marche des militants du PPRD aurait été prise. Mais avec un prince qui a souvent raidi la nuque, il est prudent d’attendre de voir. En tout cas, le débat politique sur l’alternance court donc le risque de se muer en un combat de rue. Si l’on n’en est pas encore à l’affrontement entre militants  du pouvoir et ceux de l’opposition, on n’en est qu’à un pas !

Le pouvoir mise sur les risques d’affrontements entre les deux camps

De toute évidence, la ligne de fracture entre les acteurs de la scène politique congolaise promet aujourd’hui de fortes secousses sismiques et l’administration qui devrait prévenir les risques,  a joué au pyromane dans la prise de ses décisions. En effet, alors qu’elle fait de tout le pays un boulevard pour les adeptes du parti présidentiel (le PPRD), l’opposition, elle, se voit confinée dans la seule ville de Kinshasa où, sous prétexte d’éviter les pillages, le centre-ville lui est aussi interdit. Cette injustice, plus que tout autre chose, traduit son inféodation au pouvoir. Au-delà de la tentative de contenir les manifestations de l’opposition tout en amplifiant celles des partisans du pouvoir, l’autorisation à manifester pour la Dynamique dans la seule ville de Kinshasa, est un acte de provocation. Elle vise à pousser à son paroxysme la colère des militants pro-démocratie, les incitant ainsi à des actes de violence pour servir de prétexte à la répression. L’opposition doit donc garder toute sa lucidité pour ne pas tomber dans le piège et surtout, pour faire la preuve de sa maturité. En tout état de cause, cette politique du «deux poids, deux mesures» met à nu  la stratégie du régime Kabila qui sue de tous ses pores la fébrilité et la peur, dans ce combat qu’il mène contre son opposition. La coalition gouvernementale entend gagner toute la guerre des chiffres pour faire la preuve de sa popularité. Il nourrit sans doute ainsi le dessein de pouvoir se targuer sur les ondes, de mobiliser tout le pays sans se priver du plaisir de snober une opposition dont le cercle de rayonnement s’est pour l’essentiel, limité à la seule capitale. Une stratégie gouvernementale qui consiste in fine à se chatouiller pour rire. Avec ses marches et contremarches, il y a fort à parier que le pouvoir mise sur les risques d’affrontements entre les deux camps, pour espérer donner un coup d’arrêt définitif aux manifestations au nom de l’ordre public. Mais plus calculateur encore, en appelant ses militants à descendre dans la rue, le pouvoir fait surtout  la preuve de son réalisme politique, en utilisant non seulement la même arme que celle de l’opposition, mais aussi en faisant la preuve qu’il est bien conscient que c’est dans la rue que le pouvoir se conquiert et qu’il ne faut pas laisser le terrain à l’opposition. Si besoin en est encore, Kabila fait ainsi la preuve qu’il continue sur sa lancée, celle de neutraliser toute opposition à son rêve presque libidinal du pouvoir à vie. En effet, après avoir réussi à contraindre  Moïse Katumbi à quitter le pays, il augmente la pression sur le reste de l’opposition. C’est donc le service de nettoyage qui se poursuit. Mais il devrait faire attention au retour de la manivelle. Car, à force de répression, il augmente aux yeux de l’opinion internationale le capital de sympathie de l’opposition qui, au passage, peut aussi renforcer  sa cohésion interne  et sa détermination face à l’adversaire. Pire, en décuplant le taux d’explosivité de la scène politique, Kabila prend le risque de plonger son pays dans un embrasement généralisé. Un acte irresponsable s’il en est ! Et en la matière, on sait toujours quand ça commence, mais jamais là où ça s’arrête.

Cette chienlit congolaise ressemble à celle qui a précédé la chute de Blaise Compaoré

C’est en cela que cette  stratégie ressemble plus à une tactique de la terre brûlée. Même s’il n’a plus le souci de l’histoire qu’il lit volontairement à l’envers, lui dont le père a débarrassé la RD Congo d’une des plus féroces dictatures tropicales, celle de Mobutu, il devrait se soucier de sa personne car même le pyromane n’est pas toujours épargné par les flammes du feu qu’il allume. Il devrait surtout comprendre que la RDC n’est pas l’île perdue de Robinson Crusoé, mais plutôt un pays qui est membre à part entière  de   ce continent africain qui s’est résolument engagé sur la voie de la démocratie.  L’opposition qui s’est mise quant à elle du bon côté de l’histoire, doit maintenir le cap au-delà des actes de provocation. Elle peut toujours s’inspirer de l’école burkinabè où la détermination a fini par payer, malgré les stades de football remplis «recto verso». D’ailleurs, fort étrangement, cette chienlit congolaise ressemble à celle qui a précédé la chute de Blaise Compaoré. En tout état de cause, l’opposition peut se féliciter des divergences qui se dessinent au sein de la coalition au pouvoir où l’unanimité ne semble pas totale sur le maintien au pouvoir de Kabila au-delà du délai constitutionnel. Elle peut surtout se féliciter de la sortie de la communauté internationale qui devrait augmenter la pression sur Kabila pour le faire lâcher du lest.

« Le Pays »


Comments
  • La RDC est le pays le plus riche au monde en minerais et autres métaux rares qui ont fait des Etats-Unis et leurs alliés de l’Otan les puissances économiques et militaries qu’ils sont aujourd’hui. Ces richesses naturelles ont fait du territoire Congolais une chasse gardée des Anglo-Saxons qui ont une mainmise sur les richesses du pays et sa vie politique. Nul ne peut devenir Président de la RDC sans l’aval de Washington et de ses alliés. Le Président de la RDC est litérallement nommé en Occident et maintenu au pouvoir par les Occidentaux. Quand ils n’en veulent plus ou quand ils n’ont plus confiance en lui ils l’accusent de dictateur; ils l’exécutent, par personnes interposées. La démocratie est un concept qu’ils ont vidé de toute substance et qui ne veut plus rien dire mais dont ils se servent pour s’élever au-dessus de la mêlée. Ce qui se passe aujourd’hui en RDC ne peut pas se concevoir sans la bénédiction de Washington et ses alliés. Kabila est un nobody. Les Occidentaux le laissent faire car le jeu auquel il est en train de se livrer va mener le pays à son émiettement, quelque chose que les Anglo-Saxons ont toujours recherché pour mieux gérer le vaste pays et qu’ils n’avaient pas réussi à réaliser jusqu’à présent.

    26 mai 2016
  • Belle lecture de la situation! Pourquoi, ces présidents africains sont toujours coupés de la réalité sociale de leur pays? On dirait que les palais présidentiels sont des “îlots” déconnectés!

    26 mai 2016
  • IL Y A UN MANQUEMENT A VOTRE ANALYSE… AVEZ-VOUS JAMAIS LU LE LIVRE DE CHARLES ONANA DU CAMEROUN, JE CITE “CES TUEURS TUTSIS” ?
    INFORMEZ-VOUS CAR, NOUS, CONGOLAIS, SAVONS QUE ALIAS JOSEPH KABILA N’EST NI CONGOLAIS, NI LE FILS DE LAURENT KABILA QU’IL A TUE DE SES PROPRES MAINS SUR ORDRE DE SON MAITRE PAUL KAGAME, COMME L’AVAIT EXPOSE LES ANCIENS OFFICIERS RWANDAIS ET AMIS DE PAUL KAGAME, NOUS CITONS THEOGENE RUDASINGWA ET KAYUMBA NYAMWASA…

    DONC, COMME LES TANZANIERNS L’ONT AUSSI DEVOILE, LE CONGO EST NOYAUTE PAR LES RWANDAIS PARTOUT, ILS ONT DESARME LES SOLDATS CONGOLAIS QU’ILS TUENT CHAQUE JOUR ET PAR BALLES ET PAR POISON…

    VOICI POURQUOI L’HOLOCAUSTE CONGOLAIS DURE PRESQUE 20 ANS MAINTENANT…IL Y A LE RAPPORT MAPPING DU 1ER OCTOBRE 2010 QUI MOISI DANS LES TIROIRS DE L’ONU CAR LES TUEURS ET OCCUPANTS TUTSIS NE SERONT ARRETES OU CHASSES DU CONGO SEULEMENT SI LES FAISEURS DES ROIS LE DECIDENT… DANS L’ENTRETEMPS, LES CONGOLAIS DOIVENT SE SOULEVER ET ERADIQUER LES TUTSIS QUI LES TUENT, LES VIOLENT, ET VOLENT LEURS RESOURCES CHAQUE JOUR… ALORS MEME LES FAISEURS DES ROIS NE POURONT ARRETER L’OURAGAN POPULAIRE… C’EST LE SEUL SALUT DU PEUPLE CONGOLAIS…

    FAITES AUSSI DES RECHERCHES SUR LE MENSONGE MANIPULATEUR RWANDAIS QU’ILS UTILISENT ET QU’ILS APPELENT EN LEUR LANGUE, LE KINYARWANDA “UBWENGE” OU “UGBENGE”…
    CONGOCOALITION

    27 mai 2016

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