HomeEchos des provincesMARCHE-MEETING CONTRE LE REFERENDUM : Une marée humaine dans les rues de Bobo

MARCHE-MEETING CONTRE LE REFERENDUM : Une marée humaine dans les rues de Bobo


En réponse à l’appel du Collectif anti-référendum (CAR), une marée humaine est descendue dans les rues de Bobo-Dioulasso le samedi 31 mai 2014 pour dire non au référendum et à la modification de l’article 37 de la Constitution. Après une marche de plus de 2 km, les organisations de la société civile regroupées au sein du collectif ont tenu un meeting sur le boulevard de l’Indépendance.

 

CAR, Mouvement en rouge, Ligue des jeunes, Mouvement des jeunes pour le changement (MJC), Jeunesse-action-changement (AJC), Mouvement cocorico… Ce sont autant d’Organisations de la société civile (OSC) qui ont mobilisé du monde à Bobo-Dioulasso, le samedi 31 mai 2014, pour dire non à la velléité du pouvoir Compaoré de charcuter l’article 37 de la Constitution par voie référendaire. Comme il fallait s’y attendre dans de pareilles circonstances, toutes sortes de proses ont été brandies sur les pancartes, pour dénoncer la situation nationale actuelle. « L’Houphouëtisme, le Eyadematisme, le Bongotisme…ne marcheront pas ici. La patrie ou la mort, nous vaincrons », pouvait-on lire sur une banderole. Des déclarations sur des pancartes, des cartons, ou encore des banderoles ou tableaux portés par des jeunes étaient hostiles au pouvoir. Toutes ces expressions, mélangées aux cris de ras-le-bol, laissaient entrevoir une ferme condamnation de la jeunesse bobolaise à l’égard du régime actuel à vouloir prendre en otage leur avenir par une monarchisation du pouvoir. La foule, déchaînée, n’arrêtait de crier : « Nan laara, an saara », qui se traduit littéralement en langue dioula : « Si on doit, on est mort ». Cela pour dire jusqu’à quel point la lutte doit être âpre pour barrer la route aux « anti-constitutionnalistes », d’après leur qualification.

Sans connaître leur nombre avec exactitude, il faut néanmoins dire que les marcheurs du samedi peuvent bien rivaliser en nombre avec la foule ayant participé au meeting du Front républicain tenu en avril dernier à Bobo.

 

Malgré l’agitation de la foule, on a noté un certain pacifisme tout au long de la marche, une des consignes de la coordination du CAR. « Notre marche est pacifique. Nous n’allons rien casser parce que ces édifices publics nous appartiennent », ont confié les organisateurs. Du soutien des représentants du Rassemblement des partis d’opposition du Houet (RPOH), il y en avait. Le coordinateur du RPOH, Moussa Zerbo, qui a d’ailleurs intervenu sur la tribune au lieu du meeting, a fustigé le régime qui ne disposerait visiblement pas d’une politique de développement, mais plutôt de celle du règne de l’immobilisme, des stratégies pour sauter l’article 37 de la Constitution. Il a trouvé noble l’initiative du CAR qui n’est qu’une OSC regroupant des jeunes soucieux de l’avenir démocratique de leur pays. En leur réitérant le soutien des partis d’opposition du Houet, Moussa Zerbo a invité les différentes OSC à fédérer les énergies et à rester vigilantes pour des combats futurs, en vue de sauvegarder la Constitution.

 

Les différentes interventions des représentants des OSC parties prenantes ont demandé au président Blaise Compaoré de respecter son serment pris devant la Communauté internationale lors de son investiture.

 

Le coordinateur du CAR, Anselme Somda, a affirmé l’inopportunité d’un référendum à l’étape actuelle, surtout qu’il ne concerne qu’un seul individu : Blaise Compaoré. Après avoir démontré que le Front républicain qui prône tant le référendum, n’a rien de républicain dans la forme et dans le fond, Anselme Somda a évoqué en trois points le refus catégorique des jeunes du CAR pour la tenue du référendum au Faso. « Nous disons non au référendum  non pas parce que nous ne sommes pas des démocrates ou qu’on a peur, mais en raison de son caractère intellectuellement indéfendable, politiquement immoral et socialement inutile et inopportun. Deuxièmement, nous disons non au référendum parce que dans notre cas d’espèce, il n’est pas une consultation démocratique mais une manipulation du peuple. C’est un piège à cons qu’ils veulent tendre au peuple, une escroquerie politique. Et enfin, le référendum n’est pas une bonne manière de départager les pros et les anti-régimes. Il risque de diviser davantage les Burkinabé déjà que nous sommes profondément divisés sur la question », a-t-il expliqué. Il a terminé ses propos en ces termes : « Si vous charcutez l’article 37, ne parlez plus d’incivisme des jeunes, parce que l’incivisme est désormais au sommet de l’Etat. Ne franchissez pas le Rubicon, Monsieur le président, en touchant à l’article 37 ». L’occasion fut belle pour les uns et les autres de rappeler aux citoyens de participer massivement à l’enrôlement biométrique dont la phase Bobo débute le 17 juin prochain, toute chose qui leur garantira une arme plus sophistiquée que la kalachnikov, à savoir la carte d’électeur. « Pas pour un référendum, mais pour la présidentielle de 2015 », a conclu Anselme Somda.

 

Josias Zounzaola DABIRE

 

 

 


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