HomeFocusMARCHE REPUBLICAINE CONTRE BOKO HARAM AU NIGER : Mahamadou Issoufou se ratrappe

MARCHE REPUBLICAINE CONTRE BOKO HARAM AU NIGER : Mahamadou Issoufou se ratrappe


Le Niger est plus que jamais engagé dans la lutte contre la secte islamiste Boko Haram. Après l’augmentation des primes des soldats déployés sur le théâtre des opérations pour traquer les barbus, Mahamadou Issoufou veut maintenant renforcer leur moral.  Et ce, à travers une marche républicaine organisée le 17 février, dans toutes les régions du pays. A dire vrai, cette marche tombe à pic car, comme on le dit, même le plus valeureux des combattants, face à la mort, peut éprouver de la peur. Ne combat pas Boko Haram qui veut.     D’autant qu’on a vu des soldats nigérians détaler comme des lapins devant  ces « fous de Dieu », dans la région de Maiduguri. C’est en cela que l’initiative du Niger est à saluer, car un soldat a beau être armé, il ne pourra pas accomplir avec succès sa mission, s’il n’a pas le moral haut. En tout cas, ce soutien populaire à l’armée est une belle preuve de solidarité et de cohésion nationales. Il est évident que les phrases du genre « Non aux actions terroristes de Boko Haram », « Non au terrorisme »,  prononcées au cours de la marche, auront un effet psychologique certain sur la troupe. De plus, cette marche pourrait permettre   de lever l’amalgame entre l’Islam et le terrorisme que ces fanatiques tentent d’entretenir. Il importe que les populations nigériennes, à  plus de 90% musulmanes, sachent faire la différence entre ce qu’enseigne le Coran et les messages erronés et obscurantistes que véhicule Boko Haram. Une initiative en appelle une autre, pourrait-on dire. En effet, cette marche républicaine est à l’image de celle organisée contre le terrorisme à Paris, au lendemain de l’attentat contre Charlie Hebdo. C’est un symbole fort, une preuve qu’en Afrique, on peut aussi prendre l’initiative de renforcer la cohésion et de défendre collectivement la liberté. Et ce faisant, Mahamadou Issoufou tient là sa revanche. Car on se rappelle que sa participation à la marche de Paris lui avait valu des critiques acerbes de la part des ses opposants. Comment comprendre que des élus, qui  ont donné leur quitus par acclamation au gouvernement pour qu’il envoie des soldats combattre Boko Haram, en viennent à s’opposer à une initiative visant à   encourager les soldats nigériens, face à l’ennemi ? Est-ce pour des raisons de politique politicienne ? Si c’est le cas, l’on peut dire que le moment est mal choisi.  Face à un péril aussi grave que Boko Haram, mieux vaut taire les divergences politiques et faire l’union sacrée autour du Président pour mieux traquer l’ennemi. Cela est d’autant   nécessaire qu’il s’agit là d’une question de sécurité nationale.

Mahamadou Issoufou a joué son rôle de chef d’Etat

Si c’est pour des motifs sécuritaires, ils se trompent également. Peut-on, à cause d’une menace terroriste, se refugier au fond de sa case en pensant être à l’abri de tout danger ?  Non, car, tôt ou tard, l’ennemi viendra vous  déloger. Au demeurant, au stade actuel des choses, se terrer et ne rien entreprendre, c’est donner de facto la victoire à Boko Haram qui n’en demande pas mieux. Même Dieu, dit-on, n’aide que ceux qui se battent. Alors, tous gagneraient à se mobiliser contre Abubakar Shekau et sa bande de criminels sans foi ni loi qui, hier encore, ont fait des dizaines de victimes dans le Nord-Est du Nigeria. Si, à travers cette marche républicaine, Mahamadou Issoufou se rattrape un peu, on ne peut, par contre, en dire autant pour les autres chefs d’Etat africains qui y ont brillé par leur absence, alors qu’ils avaient parcouru plus de 6000 kilomètres pour battre le macadam aux côtés du toubabou (homme blanc), François Hollande. C’est cette incohérence qui fait dire à certains Africains que nous n’avons que des princes régnants et non des hommes d’Etat. Cela dit, quelles retombées pour le président nigérien qui a réussi à relever le défi sécuritaire, dans la mesure où aucun incident majeur n’a été signalé ? A  défaut de lui jeter des fleurs, on peut dire que Mahamadou Issoufou a joué son rôle de chef d’Etat, celui de travailler à protéger les citoyens, conformément au serment qu’il a prêté. Il faut, du reste, reconnaître qu’en matière de lutte contre le terrorisme, le président nigérien, tout comme ceux du Tchad et du Cameroun, a damé le pion à son homologue nigérian, Goodluck Jonathan, qui a montré toute son incurie et sa veulerie.

Dabadi ZOUMBARA


Comments
  • rectificatif au lieu “fou de Dieu” il faut dire “fou de Allah”. Ils ne le font pas au nom de Dieu mais de Allah.
    En plus je suis surpris que le Niger veuille combattre Boko Haram quand je me rappel de l’attitude du Niger dans l’affaire Charlie Hebdo.

    19 février 2015

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