HomeA la uneMARCHE DE SOMGANDE:Tensions entre le maire et les commerçants autour d’un terrain

MARCHE DE SOMGANDE:Tensions entre le maire et les commerçants autour d’un terrain


Un mouvement d’humeur a mobilisé les commerçants du marché de Somgandé le 14 août 2014. Le désaccord viendrait de l’occupation d’un espace qui, selon les commerçants, leur servirait de parking.

 

Les commerçants de « Toukin Yaaré », marché de Somgandé, situé dans le secteur 19 de l’arrondissement 4, sont sortis massivement le 14 août dernier pour protester contre la construction d’un bâtiment sur un espace situé au nord-ouest du marché. A notre arrivée sur les lieux, aux environs de 9h, l’espace à l’origine de la manifestation était entouré d’une foule visiblement en colère. Sur l’espace en question, on pouvait voir des tas de sable et des briques entreposées, à l’image d’un chantier qui pointe. Des éléments de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) étaient postés aux alentours du marché et sur le terrain du litige comme pour tenir la foule à l’écart. Selon Allassane Kaboré, boucher dans le marché, leur sortie massive est due à la gestion de l’espace dans le marché. « Cet espace que vous voyez (il pointe du doigt le chantier), on nous a dit, il y a très longtemps, que c’est le terrain de l’ONEA (Office national de l’eau et de l’assainissement), de la Société nationale d’électricité du Burkina (SONABEL) et de la Société nationale des postes (SONAPOST) », a-t-il introduit. Mais, poursuit-il, vu que le marché connait beaucoup d’affluence de nos jours, nous avons entrepris des démarches pour que le terrain soit déclassé car si toutefois cet espace était construit, il n’y aurait plus de parking et l’accès au marché serait difficile. Pour lui, cette démarche est juste car la mairie peut encore trouver d’autres terrains pour que ces structures puissent y ouvrir leurs guichets. « Nous n’avions pas eu de réponse quelconque et l’affaire est restée en l’état. Quand la SONABEL a été dans le besoin d’ouvrir un guichet dans l’arrondissement, l’ancien maire lui a accordé un terrain vers le cimetière de Tanghin. Un autre guichet a été ouvert pour l’ONEA au sein de la mairie afin qu’il soit à proximité de ses clients. Mais le maire actuel est venu nous rencontrer pour nous dire que l’espace sera construit. Nous lui avions dit que nous souhaiterions que la discussion qui avait été entreprise se poursuive afin qu’on puisse trouver un terrain d’entente pour le bien de tous. Le maire nous a fait savoir que l’espace sera construit qu’on le veuille ou pas », a-t-il ajouté. Pour Allassane Kaboré, c’est cette démarche du maire qui ne les satisfait pas car ce dernier compte faire les choses sans tenir compte de leurs préoccupations. Et d’ajouter que leur chef coutumier a aussi entrepris une démarche et a cherché à rencontrer les responsables de l’ONEA pour que la discussion soit maintenue avec tout le monde afin de trouver un terrain d’entente. « Mais cette démarche du chef n’a pas eu de suite. Et ce matin, nous avons vu la CRS débarquer avec l’entrepreneur de l’ONEA pour commencer les travaux de construction. Nous sommes allés vers ces derniers pour leur dire d’abandonner la construction en attendant que l’on trouve une solution définitive », a expliqué Allassane Kaboré. Selon les commerçants, le terrain appartient bel et bien à l’ONEA mais leur souhait est que les discussions se poursuivent car « si c’est pour construire un guichet, je pense que nous pouvons nous arranger et trouver une alternative afin que l’espace au marché ne soit pas occupé. Si c’était la parcelle d’une tierce personne, nous n’allions pas broncher. Mais c’est la parcelle de l’Etat et nous voulons que l’Etat se penche sur la question pour satisfaire le désir de la majorité », a soutenu Kadidjatou Ouédraogo, commerçante au marché. Pour sa part, le chef de Toukin, le Naaba Toogré, reconnait que le problème de l’espace existe il y a bien longtemps. « En tant que chef du village, je ne désire pas qu’il y ait des tiraillements au niveau de mon marché et je joue donc la médiation pour qu’il y ait l’apaisement. C’est ainsi qu’on a discuté avec le directeur de l’ONEA qui a ensuite rencontré la mairie. Et c’est suite à cela qu’ils sont revenus avec les forces de sécurité et l’entrepreneur pour construire. Cette situation n’est pas intéressante. J’ai donc appelé le maire qui m’a fait savoir qu’il était en congé. J’ai ensuite appelé le directeur de l’ONEA et je lui ai dit de retirer la sécurité pour qu’on se concerte, s’entende avant de continuer. Nous nous sommes entendus et nous allons nous concerter avant de poursuivre », a expliqué le Naaba Toogré. Du côté de la mairie de l’arrondissement 4, Florent Wangrawa, conseiller municipal, nous livre ceci : « Il y eut un temps où le maire m’a appelé avec un autre conseiller pour nous signifier que l’ONEA avait envoyé une correspondance pour dire qu’il allait venir construire son terrain qui se trouvait au marché. Accompagnés de l’entrepreneur et de la représentante de l’ONEA, nous sommes donc allés au marché rencontrer les commerçants. Ils se sont entendus sur le délai, et les commerçants ont dit qu’ils allaient libérer l’espace. Mais ils ont fait une doléance selon laquelle ils voudraient qu’une fois la construction terminée, que les alentours du mur leur soient accordés pour qu’ils en fassent des boutiques ou que l’ONEA fasse des boutiques pour la location. Là-dessus, ils se sont entendus et nous sommes repartis. Mais quand les travaux ont voulu commencer avec le dépôt du sable, l’ONEA est revenu nous dire qu’il y a des gens qui sont venus leur dire qu’il ne pouvait pas construire car une demande de déclassement avait été adressée à la mairie. Le maire nous a encore renvoyés sur le terrain pour rencontrer les commerçants pour leur dire que la demande de déclassement auprès du gouvernement n’a pas abouti. C’est pour cela que la SONAPOST a d’ores et déjà construit. Et c’est le tour de l’ONEA qui voulait occuper sa parcelle. Au niveau de la mairie, nous avons donc joué notre partition ; il reste celle de l’ONEA et du gouvernement. C’est au gouvernement et à l’ONEA et aux commerçants maintenant de trouver un terrain d’entente sinon, nous avons fait ce que nous pouvions ».

Adama SIGUE

 


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