HomeA la uneMASSACRES DJIHADISTES A PARIS : Comment sortir du guêpier terroriste ?

MASSACRES DJIHADISTES A PARIS : Comment sortir du guêpier terroriste ?


Après l’attaque en janvier 2015 contre Charlie Hebdo, l’un des symboles de la démocratie, c’est-à-dire la liberté de la presse, par les tenants de l’obscurantisme et de l’intolérance, revoilà la France foudroyée le 13 novembre dernier en plein cœur par des envoyés de l’Etat islamique. Cette fois-ci, les ingénieurs du mal ont frappé plus fort, à des endroits symboles du mode de vie des Français. Un des vendredis 13 les plus sanglants s’il en est, et qui renforce le mythe maléfique multiséculaire de cette date. Le bilan provisoire donne simplement des vertiges. 132 morts et plus de 300 blessés dont 90 sont en situation d’urgence absolue. Face à ce drame national, à cette subite adversité, la France, conformément à ses habitudes, a sonné le large rassemblement de ses fils et filles.

Le monde entier a intérêt à se réveiller ici et maintenant

Tout le monde y a répondu présent. Et la France n’est pas seule dans cette épreuve. Elle a, à ses côtés, toutes les nations qui abhorrent la violence comme mode d’expression politique et de revendication sociale. Même celles qui ne sont pas dans cette posture n’ont pas manqué de lui signifier leur compassion et leur solidarité. Cet élan de compassion à l’échelle de la planète, mérite d’être salué. Il en est de même de la cohésion nationale affichée par la France face à cet affront. Mieux, les Français ont décidé de rester debout et d’apporter le châtiment qu’il faut aux coupables et à leurs commanditaires, c’est-à-dire, Daesh plus connu sous le nom de l’Etat islamique. Celui-ci est le porte-étendard d’un islam qui sévit pratiquement dans tous les continents et qui est en passe de faire oublier les excès de la mouvance d’Al Qaïda de Ben Laden. De ce fait, le monde entier a intérêt à se réveiller ici et maintenant pour lui apporter la réplique la plus appropriée. Le premier acte à poser dans ce sens est de tenir un langage de vérité et de fermeté à l’endroit de tous les pays qui alimentent ses comptes à coups de pétrodollars et qui, paradoxalement, sont les meilleurs alliés de l’Occident au Moyen et au Proche Orient. Et l’on n’a pas besoin de se triturer les méninges pour identifier ces pays. Tout le monde les connaît. Seulement, ils bénéficient d’une bienveillance criminelle de la part des grands de ce monde, les Etats-Unis en tête. Le deuxième acte à poser devrait consister, pour l’Occident, à faire son mea culpa suite à ses interventions guerrières et « sans service après vente », en Irak et en Libye, sous prétexte d’y implanter la démocratie en cassant du dictateur. Aujourd’hui, à l’analyse, on peut aisément se rendre compte qu’ils ont ouvert une boîte de pandore d’où est sorti un monstre qui ne connaît pas de frontière dans la diffusion de son manifeste politique selon lequel «le paradis est à l’ombre de l’épée». Certes, Saddam Hussein et Mouammar Kadhafi étaient des dictateurs. Mais l’on pouvait leur reconnaître le mérite d’avoir été fermes vis-à-vis du phénomène djihadiste. De ce point de vue, l’on peut être tenté d’adhérer aux propos d’Emile M. Cioran quand il dit : «Je me sens plus en sûreté auprès d’un Pyrrhon que d’un Saint Paul pour la raison qu’une sagesse à boutades est plus douce qu’une sainteté déchaînée. Dans un esprit ardent, on retrouve la bête de proie déguisée ; on ne saurait trop se défendre des griffes d’un prophète. Il ne vous pardonne pas de vivre en deçà de ses vérités et de ses emportements». Les chantres de l’idéologie obscurantiste prônée par la galaxie djihadiste, sont dans cette posture de la certitude qu’ils ont raison et que les autres n’ont pas le droit de vivre en deçà de « leurs vérités », au risque de mourir. Forts de cette carapace idéologique qui s’accommode très mal des valeurs défendues par la démocratie, ils sont de loin plus haïssables que Kadhafi, Saddam Hussein ou encore Bachar El Assad.

La France paie pour sa politique

Le dernier acte fort et qui est de loin le plus déterminant dans la lutte contre le djihadisme, pourrait résider dans la réparation du tort que l’Occident fait au peuple palestinien. Tant que cet abcès ne sera pas crevé de manière à permettre aux Palestiniens de vivre dignement dans un Etat indépendant, l’on peut parier que les djihadistes auront toujours de la matière pour alimenter leur colère contre tous ceux qui ont fait de la défense inconditionnelle de l’Etat hébreux, une religion. C’est cette injustice historique et flagrante, peut-on dire, qui sert de prérequis à l’apprentissage du djihadisme auquel se livrent aujourd’hui bien des Français épousant la cause djihadiste. De ce point de vue, le durcissement des mesures de répression que la France affiche aujourd’hui contre les djihadistes sur son sol et ailleurs, pourrait ne pas produire les effets escomptés. D’ailleurs, l’on peut se poser la question suivante : comment la France va-t-elle réussir le tour de force de casser du djihadiste sans courir le risque de stigmatiser une partie de ses fils et filles qui pratiquent l’Islam et de fouler au pied les libertés individuelles qui fondent, entre autres, une démocratie digne de ce nom ? L’heure, on le sait, est gravissime. Mais les Français doivent s’abstenir de toute solution suscitée par la colère et l’émotion. Car ce serait aller sans frais dans le sens de la thèse fondée par Jean Marie Le Pen, selon laquelle les Noirs et les Arabes (les Blacks et les Beurs) doivent être boutés hors de l’Hexagone.

En tous les cas la France paie pour sa politique et pour ses interventions en Afrique, et en Asie. De ce point de vue Paris paie pour l’Hexagone mais aussi pour tous les autres : l’Europe, l’Afrique, l’Amérique. Assurément, la France se retrouve, sans surprise, dans le meurtrier guêpier d’un djihadisme planétaire et c’est peu de dire qu’elle n’en sortira pas facilement. L’Europe, l’Amérique, l’Afrique sont interpellées. Le salut sera collectif ou ne sera pas.

« Le Pays »

 


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