HomeFocusMe Ambroise Farama à propos des démissions au sein de l’UNIR/PS

Me Ambroise Farama à propos des démissions au sein de l’UNIR/PS


« C’est regrettable que les principes du parti ne soient pas respectés par les pères fondateurs »

Suite aux élections partielles du 23 février 2014, des irrégularités sont apparues dans la commune de Dandé, notamment sur la question du nombre de sièges obtenus par l’UNIR/PS et le CDP. Afin de mieux comprendre ce litige, nous avons rencontré Me Ambroise Farama, secrétaire national chargé de l’administration de l’UNIR/PS, et porte-parole du parti, le 26 février à Ouagadougou. Lisez plutôt !

« Le Pays » : Quelle appréciation faites-vous du déroulement du scrutin du 23 février dernier ?

Me Ambroise Farama : Nous avons bien apprécié le déroulement du scrutin. Sur l’ensemble du territoire, il n’y a pratiquement pas eu d’incident majeur, en dehors de l’arrondissement 4 de Ouagadougou où il y a eu des tentatives de fraude. Fort heureusement, l’opposition, dans son ensemble, a su être unie, de sorte à prendre des mesures préventives pour éviter le vote de personnes étrangères. Vous avez sans doute constaté qu’à un moment donné, il a fallu que la CENI (ndlr : Commission électorale nationale indépendante) fasse appel aux forces de l’ordre pour renforcer la sécurité parce que, justement, nos éléments avaient remarqué qu’un certain nombre de personnes étaient convoyées par des cars vers l’arrondissement 4. La CENI a pris la juste mesure et la sécurité a été renforcée pour permettre au scrutin de se dérouler dans la sérénité.

Etes-vous satisfait des résultats obtenus par votre parti ?

Je dirais oui. Je n’ai pas les chiffres en tête, mais si on regarde les résultats dans les bureaux de vote où nous avons été candidats, il y a eu des avancées ; il n’y a pas eu de régression. Naturellement, si vous passez de zéro à 8 élus, vous en êtes satisfaits. Je pense que c’est la preuve que le travail qui est mené par les camarades dans les différentes structures de base se poursuit et cela renforce davantage notre parti. C’est vrai que le parti semble traverser des difficultés liées aux démissions, mais vous allez vous rendre compte qu’au niveau des résultats, le parti avance, contrairement à ce qu’on peut penser. Nous en sommes plus ou moins satisfaits, c’est la preuve que les camarades travaillent et que le parti se renforce.

Des cas de fraudes sont survenus dans la commune de Dandé après les élections partielles. Qu’est-ce qui s’est réellement passé ?

C’est vrai que vous avez pu entendre les propos de nos candidats, de responsables de structures au plan local. Mais en tant que technicien, je ne dirais pas qu’il s’agit véritablement de fraudes pour l’instant. Je voudrais préciser qu’en ce qui concerne le cas de Dandé, il s’agit plutôt d’irrégularités qui ont été constatées et je m’explique.

En fait, dans la commune de Dandé, il y a des villages environnants qui font partie de la commune. Je pense qu’à Dandé, il y a un secteur, le secteur 4, qui s’appelle Kongodjan/Yako. Il se trouve qu’il y a également un village qui fait partie de la commune qui s’appelle Kongodjan. Vous savez que les conseillers sont élus par village. Lorsque nos candidats font le calcul en rattachant Kongodjan/Yako à Dandé-Centre, et que l’on fait le décompte, l’UNIR/PS s’en sort avec 10 conseillers et le CDP (ndlr : Congrès pour la démocratie et le progrès) avec 7 conseillers. Mais la CENI, dans son dépouillement, dans son mode de calcul, a rattaché Kongodjan/Yako à Kongodjan pour en constituer une seule entité, un seul village. Et lorsqu’on fait le décompte en considérant que Kongodjan/Yako fait partie de Kongodjan, cela donne 8 conseillers pour l’UNIR/PS et 8 pour le CDP. Ce ne sont pas les élections qui sont contestées, mais plutôt le découpage ; la question est de savoir de quel village dépend Kongodjan/Yako sur le plan administratif. Voilà la question qui est posée. Selon les informations que nous avons et que nous sommes en train de vérifier, Kongodjan/Yako fait partie de Dandé et non de Kongodjan. J’ai l’impression que la CENI s’est trompée parce que Kongodjan/Yako et Kongodjan ayant plus ou moins la même prononciation, elle a pensé que Kongodjan/Yako était un quartier de Kongodjan, alors qu’il est un quartier de Dandé. C’est juste une confusion. Malheureusement, lorsque nous avons interpellé nos militants, cette erreur, parce que c’en est une à mon avis, a même probablement existé lors des élections de 2012. Selon les informations que nous avons, du point de vue administratif, Kongodjan est un village à part et Kongodjan/Yako est un quartier de Dandé. Naturellement, selon qu’on rattache le suffrage exprimé à tel village ou à tel autre, cela donne des résultats différents. En fait, il ne s’agit pas de fraude, à notre humble avis, mais d’une erreur dans le découpage administratif qui a conduit à une modification du résultat.

Là où se trouve le problème, c’est Kongodjan/Yako. Le vote de Kongodjan/Yako a été rattaché à Kongodjan. Nous ne pensons pas que c’est une erreur intentionnelle, mais une erreur matérielle qui est préjudiciable à nos candidats car elle modifie les résultats en leur défaveur.

Comment comptez-vous gérer ce problème ?

Nous avons demandé qu’on retrouve les textes qui organisent le découpage administratif de la commune de Dandé et lorsque nous retrouverons ce texte, nous vérifierons si les propos de nos militants sont conformes à ce qu’ils disent. Les militants peuvent le dire, le penser mais cela peut être contraire à l’organisation administrative du pays. Malheureusement, depuis hier (NDLR :26 février), je suis au Palais de Justice militaire. C’est maintenant que je vais avoir le temps de m’occuper de cette question et de vérifier la véracité de leur analyse.

Votre parti a enregistré récemment des démissions ; quelles en sont les raisons ?

(Rires…) J’avoue qu’officiellement, je ne saurais vous donner de raisons. Pour les démissions que nous avons constatées jusque-là, aucun motif n’a été donné par les démissionnaires dans leur lettre de démission. J’ai vu une seule lettre de démission dans laquelle la personne dit « pour convenance personnelle ». Mais cette dernière nous a d’ailleurs signifié, avant sa démission, qu’elle faisait l’objet de pressions diverses pour aller vers le MPP (Mouvement du peuple pour le progrès). Pourtant, au départ, elle nous a rendu compte tout en nous assurant qu’elle ne céderait pas. Mais, au finish, nous avons constaté qu’elle avait fini par céder à la pression, même si elle n’a pas dit que c’était pour rejoindre le MPP. Lorsqu’on dit que c’est pour convenance personnelle, cela signifie que la pression a triomphé. Officieusement, de ce que nous apprenons, ce sont des camarades qui pensent plutôt aller militer au MPP. Certainement que les jours à venir vont nous éclairer sur les motifs réels de leur démission.

Quelles relations entretenez-vous avec le MPP ?

Nous n’avons pas de relations particulières. Je pense que le MPP a annoncé officiellement son adhésion au Chef de file de l’opposition politique. Les relations qui sont donc entretenues actuellement sont des relations de partis appartenant au même groupe d’opposition. Dans ce cadre, le MPP a même rencontré l’institution du chef de file de l’opposition ; par conséquent, tous les partis de l’opposition dont l’UNIR /PS.

Avez-vous quelque chose à ajouter pour conclure cet entretien ?

Mon dernier mot va porter sur les démissions. Je pense que c’est regrettable, lorsque dans un parti révolutionnaire où les principes de fonctionnement sont la critique et l’autocritique, que des camarades qui se disent pères-fondateurs du parti puissent partir sans jamais pouvoir poser et respecter les principes de la critique et de l’autocritique. Je m’attendais au moins à ce que des griefs soient formulés, que des débats soient menés autour de ces griefs. Si on ne parvenait pas à un consensus et qu’à ce moment, on décide de s’en aller, les principes révolutionnaires auraient été respectés. Mais, sous prétexte qu’il y a un nouveau parti qui est né, il y a un nouveau vent qui souffle, on court directement comme un sauve-qui-peut, je pense que cela est véritablement une méconnaissance des principes révolutionnaires qui doivent guider la conduite de tout camarade révolutionnaire et cela est vraiment regrettable, surtout quand cela vient des pères-fondateurs du parti. En tout état de cause, je pense que l’avenir nous donnera sans doute raison, et nous attendons de voir.

Propos recueillis par Rita BANCE et Thierry SOU


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