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MEETING FPI-PDCI


Annoncé tambour battant, le meeting « géant » du PDCI (Parti démocratique de Côte d’Ivoire) et du FPI (Front populaire ivoirien) semble avoir tenu ses promesses. En tout cas, le parc des sports était plein comme un œuf, ce 14 septembre, les militants étant venus des quatre coins du pays. Ce premier test aura été un succès, même si l’on pourrait qualifier ce meeting de celui des seconds couteaux. En effet, les ténors des partis, Henri Konan Bédié, Laurent Gbagbo et Guillaume Soro ont tous brillé par leur absence. Si l’on peut comprendre aisément l’absence du second du fait qu’il n’est pas totalement sorti des griffes de la Cour pénale internationale, l’on ne saurait donner avec exactitude les raisons de la non-présence des deux autres à cette rencontre. Est-ce pour une question de sécurité, ou est-ce une question de principe ? En l’absence d’explications officielles, l’on ne peut que se perdre en conjectures. Ce dont on est certain, c’est que la seule figure emblématique présente à ce meeting, n’était autre que l’ex-Première dame Simone Gbagbo qui, du reste, n’aura pipé mot. Mais qu’à cela ne tienne, la tenue sans incident de ce meeting, constitue en soi un événement historique. Sous l’ère du père de l’indépendance, Houphouët Boigny, une telle initiative était quasiment impensable. Car, faut-il le rappeler, le FPI a été créé pour faire contrepoids au PDCI. C’est donc la preuve qu’en politique, il n’y a pas de certitude. L’appétit vient en mangeant, dit-on. Et Maurice Kakou Guikahué, secrétaire général du PDCI qui n’a eu de cesse d’haranguer la foule, a fait sien cet adage en promettant la tenue conjointe d’un autre meeting, mais cette fois-ci, dans un stade bien plus important, le stade Félix Houphouët-Boigny dont la capacité d’accueil est de 35 000 places. C’est dire si les anciens ennemis devenus amis, nourrissent de grandes ambitions pour la présidentielle de 2020.

Il ne faudrait pas que le projet de coalition FPI-PDCI fasse plus de mal que de bien aux Ivoiriens

Qualifié de « tour de chauffe » par ses organisateurs, ce meeting, il faut bien le dire, constitue un pas important vers l’alliance FPI-PDCI. En tout cas, il ne fait l’ombre d’aucun doute que les deux plus vieilles formations politiques de Côte d’Ivoire sont déterminées à cheminer ensemble. Mais à quand le mariage ? Pourrait-on se demander. On attend de voir. Car, en politique, mieux vaut adopter la posture de Saint Thomas : voir pour croire. En Afrique, les hommes politiques nous ont tellement habitués à des retournements de situations qu’il ne faut jamais prendre le risque de parier sur un fait, sur la base d’une annonce ou de simples déclarations venant d’eux. Rien ne nous dit que le mariage tant annoncé aura lieu. Et même s’il venait à être célébré, il faudrait attendre de voir des actes concrets des « époux » sur le terrain pour s’en convaincre. Car, pour qui connaît les trois hommes aux ego surdimensionnés, le divorce pourrait se prononcer avant même que l’encre de la signature des époux ne sèche. En tous les cas, ces vieux loups de la scène politique ivoirienne sont conscients qu’ils jouent leur crédibilité. Du reste, s’ils veulent faire mordre la poussière au locataire du palais de Cocody en 2020, ils n’ont pas d’autre choix que de s’unir. C’est évident, aucun parti politique en Côte d’Ivoire, fut-il ancien, ne peut, à lui seul, barrer la route à Alassane Ouattara à la prochaine présidentielle. Cela dit, gageons que la réconciliation tant prônée lors du meeting, sera le leitmotiv des trois ténors, à savoir le Sphinx de Daoukro, le Christ de Mama et l’ex-chef rebelle. Comme le disait le vieux Houphouët Boigny, « la paix n’est pas un mot, c’est un comportement ». Et si les trois mousquetaires ont compris qu’il est temps de faire la paix, c’est tant mieux ! Ce d’autant que la gouvernance Ouattara n’a pas réussi à réconcilier les Ivoiriens.  En tout cas, il ne faudrait pas que le projet de coalition FPI-PDCI fasse plus de mal que de bien aux Ivoiriens. Il faut d’ailleurs rappeler que tous les drames qu’a vécus la Côte d’Ivoire, ont tous été précédés de la mise en place de coalitions politiques contre-nature. En 1999, c’est la coalition Ouattara/Gbagbo qui avait ouvert la voie à la junte militaire, ce qui a abouti à l’éviction de Bédié du pouvoir. En 2010, la coalition RHDP conduite par Bédié et Ouattara contre Gbagbo, avait débouché sur une crise post-électorale. Le bilan est sans appel, plus de 3 000 morts. Pendant que les stigmates de cette crise sont encore visibles, Bédié et Gbagbo veulent s’unir contre Ouattara. Légitimement, l’on ne peut que s’interroger sur les motivations réelles de ces hommes politiques qui ne cessent de chauffer à blanc le landernau politique ivoirien depuis des décennies. Espérons que la sagesse les habite afin que le moment venu, ils cèdent la place à une nouvelle génération d’hommes qui sauront écrire de nouvelles pages de l’histoire de la Côte d’Ivoire.

Dabadi ZOUMBARA


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