HomeA la uneMEGA-MEETING DU PDCI-RDA A YAMOUSSOUKRO

MEGA-MEETING DU PDCI-RDA A YAMOUSSOUKRO


La place Jean Paul II située au Nord-Ouest de Yamoussokro, était noire de monde le samedi 19 octobre dernier, à l’occasion du meeting organisé par le parti septuagénaire du PDCI-RDA pour rendre hommage à Félix Houphouët Boigny qui l’a porté sur les fonts baptismaux en 1946, précisément à l’Etoile du sud, ce lieu de légende sis au quartier Treichville, à Abidjan. Pari réussi sur toute la ligne par les organisateurs, puisqu’en plus de drainer des dizaines de milliers de militants et de sympathisants du parti de l’Eléphant, la manifestation s’est déroulée dans une ambiance bon enfant et en présence des invités d’honneur que sont le FPI de Laurent Gbagbo et le RACI proche de Guillaume Soro. La guest star de cette cérémonie d’hommage aux allures de campagne électorale précoce, a été sans contexte le président du PDCI, Aimé Henri Konan Bédié, qui n’a pas tari d’éloges à l’endroit du père-fondateur du parti et de la Côte d’Ivoire moderne, Félix Houphouët Boigny, décédé le 7 décembre 1993. L’occasion était également trop belle pour le Sphinx de Daoukro, ainsi qu’on l’appelle, pour ne pas brocarder la coalition RHDP au pouvoir, avec laquelle il a rompu les liens en août de l’année dernière. L’allié d’hier, le président Alassane Ouattara, est qualifié de « dictateur » et de « danger » pour la paix en Côte d’Ivoire. Et des appels à la mobilisation générale et à l’union des forces politiques les plus représentatives, ont été lancés dans le but de mettre fin à la « dictature rampante » du RHDP en 2020. Les invités d’honneur et notamment le représentant du FPI proche de Laurent Gbagbo y sont également allés de leurs propos dithyrambiques à l’endroit du père de l’indépendance de la Côte d’Ivoire, avant de lyncher copieusement le président Ouattara tenu pour responsable de toutes les déchirures depuis 1999, date à laquelle Henri Konan Bédié avait été victime d’une mutinerie qui allait dégénérer en coup d’Etat organisé par des soldats qualifiés alors par Bédié lui-même et par erreur, de « pauvres pantins avinés et excités par le non-paiement de quelques primes ».

Le bilan de la coalition au pouvoir est convaincant, mais cela ne signifie pas que la machine du RHDP va rouler sur du velours en 2020

Les propos opportunément mielleux tenus à l’adresse de ‘’Nanan Houphouët’’ au lendemain de son anniversaire célébré le 18 octobre par le parti de Laurent Gbagbo qui l’avait pourtant combattu de manière acharnée, ont été qualifiés de « politiciens » et même d’hypocrites par certains caciques du PDCI, qui assimilent cela à un honneur fait au nazisme au lendemain de la date anniversaire du débarquement de Normandie ! Quant à Henri Konan Bédié, qui a exigé au cours de ce meeting la libération du président Gbagbo, il est perçu par ses détracteurs comme un imposteur, d’autant qu’il a lui-même contribué, d’une manière ou d’une autre, au transfèrement de l’Enfant terrible de Mama à la Cour pénale internationale. En toile de fond, il y a ce rapprochement entre le PDCI, le FPI et les pro-Soro, qui rassure les uns et inquiète les autres, car avec un tel bloc bien que n’étant pas homogène, les chances d’un ‘’coup K.-O.’’ pour le RHDP en 2020 s’amenuisent, pour ne pas dire qu’elles sont quasiment nulles. Certes, le bilan de la coalition actuellement au pouvoir est convaincant, mais cela ne signifie pas que la machine du RHDP va rouler sur du velours en 2020, surtout quand on connaît le poids du vote ethnique dans l’élection du président de la République dans ce pays. Si Yamoussokro, dont est originaire le très respecté Houphouet Boigny, concentre aujourd’hui toutes les attentions du pouvoir comme de l’opposition, c’est précisément parce qu’elle est la capitale des Akans, ce groupe ethnique majoritaire (42% de la population ivoirienne) et gros pourvoyeur d’électeurs potentiels en Côte d’Ivoire. Cette région pourrait servir de rampe de lancement pour l’enfant du pays, notamment pour Henri Konan Bédié dans sa reconquête de la présidence ; lui qui fait de moins en moins mystère quant à son désir ou à son rêve de revanche après sa chute et son départ en catastrophe pour l’exil hexagonal, il y a 20 ans déjà. La question est maintenant de savoir s’il sera adoubé par les siens, lui dont le bilan était des plus désastreux quand il présidait aux destinées du pays. Le doute subsiste à l’intérieur même de la grande famille du PDCI, notamment quant à la capacité physique de ce vieil homme de 85 ans, d’assumer des charges aussi pesantes que celles de chef d’Etat. Le chemin du palais de Cocody pourrait passer par Yamoussokro pour les raisons que nous avons précédemment invoquées, mais le meeting de samedi dernier, malgré son gigantisme, ne garantit pas à Bédié une victoire certaine à la prochaine présidentielle. Il commettrait une énorme méprise s’il se voyait comme l’homme providentiel capable de redonner au PDCI le pouvoir qu’il lui avait fait « bêtement » perdre en 1999. De toute façon, les tirs à boulets rouges sur le régime en place et les alliances « wouya-wouya » qu’il est en train de nouer, ne seront d’aucune utilité ni pour lui-même, ni pour son parti, ni pour la Côte d’Ivoire avec cette image détestable de gérontocrate nombriliste qu’il donne à voir à bien de ses compatriotes. Au soir de sa vie politique et même de sa vie sur terre, il avait mieux à faire que de nourrir l’ambition surréaliste de diriger encore son pays, surtout que des présidentiables bien plus aptes, il y en a à profusion dans son parti. Espérons qu’il ne sera pas autiste comme en 1999 face aux soldats en furie, et qu’il donnera la preuve, avant la prochaine élection, qu’il n’a pas passé les ¾ de sa vie sur la scène politique pour rien, en positionnant un jeune cadre du PDCI pour la conquête du palais de Cocody, et en invitant les deux autres dinosaures que sont Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo à en faire autant, dans leurs formations politiques respectives.

Hamadou GADIAGA


No Comments

Leave A Comment