HomeA la uneMEMORIAL THOMAS SANKARA Une statue qui fait polémique

MEMORIAL THOMAS SANKARA Une statue qui fait polémique


La cérémonie d’inauguration de la statue d’hommage au père de la révolution burkinabè est intervenue le samedi 2 mars dernier, en présence du président du Faso et de l’ex-chef d’Etat Ghanéen, John Jerry Rawlings, du Premier ministre, des membres du gouvernement, du président de L’Assemblée nationale, des familles des victimes, de journalistes nationaux et internationaux.

En effet, longtemps attendue, c’est désormais chose effective. C’est une statue géante de 5 mètres de haut qui est érigée au cœur le Conseil de l’entente, entièrement réalisée en bronze patiné à partir de la technique de la cire perdue, symbolisant le père de la révolution d’août 1983. La statue est montée sur un socle en béton de 3 mètres de hauteur en forme pyramidale à quatre faces. Le président du comité international mémorial Thomas Sankara, le colonel Bernard Sanou, a déclaré que le processus pour rebaptiser le Conseil de l’entente se poursuivra par la construction d’une tour de 87 mètres de hauteur en référence à la date de l’assassinat de Thomas Sankara et ses 12 compagnons d’infortune. Dans son allocution, Bernard Sanou a expliqué pourquoi un mémorial et pourquoi le choix du site du Conseil de l’entente. En effet, pour le président du Comité international mémorial Thomas Sankara, le mémorial, c’est la faculté de conserver et de rappeler les états de conscience passés et ce qui se trouve associé à l’esprit. Le Conseil de l’entente a été choisi, selon Bernard Sanou, au regard de son caractère fortement symbolique. Il poursuit en ces termes :« c’est l’endroit le plus parlant, le plus chargé d’histoire concernant la révolution d’août 1983 et son emplacement géographique au cœur du monde estudiantin et scolaire et surtout des quartiers populaires dont Paspanga qui est le quartier natif du camarade Thomas Sankara, paraît très pertinent pour le caractère atypique de l’œuvre architecturale à y réaliser ». De plus, le Conseil de l’entente reste le foyer incandescent de la Révolution démocratique et populaire (RDP). Et Bernard Sanou d’ajouter que l’image du Capitaine Thomas Sankara permettra de laver les souillures et les horreurs qui y ont été perpétrées. Il indiquait cependant que le site ne devrait pas rester craint par les citoyens et mérite par conséquent de redevenir un espace populaire pour témoigner le triomphe du peuple sur les tortures, les assassinats et la peur. Et Bernard Sanou de paraphraser le Capitaine Thomas Sankara en ces termes : « là où s’abat le désespoir, s’élève la victoire des persévérants ». Il interpelle tout le monde à prendre d’assaut les œuvres du capitaine Thomas Sankara pour ne pas donner raison à ses bourreaux qui pensaient se débarrasser de l’homme et de ses idées. Car, Thomas Sankara lui-même l’avait prédit, « tuez Sankara et des milliers de Sankara naîtront», a-t-il laissé entendre. « Bientôt on ne parlera plus de Conseil de l’entente mais plutôt du site du mémorial Thomas Sankara », a-t-il conclu. Le ministre de la Culture, des arts et du tourisme, Abdoul Karim Sango, a souligné que la Place mémorial Thomas Sankara sera considérée comme le carrefour de nos espoirs et de nos grandes ambitions. Pour le ministre Sango, la découverte du chef-d’œuvre en mémoire du Capitaine Thomas Sankara en pleine commémoration du cinquantenaire de la biennale du cinéma africain, demeurait un acte hautement symbolique. Selon lui, Thomas Sankara avait permis à une centaine de cinéastes et d’éminentes personnalités de la diaspora africaine, de fouler, en 1985, pour la première fois, la terre de leurs ancêtres. Et Karim Sango d’ajouter que ce grand Homme aux grandes idées, avait fait du FESPACO un creuset de diversités et de rencontres de toutes les cultures d’Afrique et de la diaspora. Car, dit-il, « la domination culturelle est la plus pernicieuse ». Il estime cependant qu’un simple discours ne peut énumérer les actions fortes de Thomas Sankara pendant la période révolutionnaire. « Sankara a fait des émules en Afrique et même dans le monde car à travers ses idées, il a révolutionné les consciences. Je réaffirme le soutien du gouvernement au comité international mémorial Thomas Sankara pour toutes les initiatives qu’il viendrait à entreprendre », a-t-il confié. Il souhaite vivement que ces œuvres figuratives puissent davantage susciter les pensées et les actions pieuses à l’endroit des victimes des massacres du 15 octobre 1987, tout en demeurant des symboles forts des espoirs ressuscités pour l’avenir radieux du Burkina Faso et de l’Afrique tout entière. Pour le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, l’inauguration de ce joyau est un moment important qui fait revivre le passé. « Cette cérémonie est très symbolique et c’est le moment de rendre un hommage mérité à la mémoire de Thomas Sankara. Ce qui est important, c’est le fait que ses idées traversent des frontières, des générations, des pays. Ce que ses idées véhiculent, c’est l’intérêt des peuples de façon générale », a-t-il déclaré. Le président du Faso a saisi l’occasion pour appeler les uns et les autres à tirer des leçons de l’histoire de Thomas Sankara, qui est une icône, un martyr. Et Roch Kaboré d’ajouter que nous devons être fiers du fait que partout en Afrique, partout dans le monde, il y a des idées de Thomas Sankara et c’est un acquis fondamental. « La révolution a permis de positionner le Burkina sur l’échiquier mondial. Car beaucoup ne savaient même pas où se trouve le pays », a-t-il confié. Il poursuit son propos en notant que cela a permis d’augmenter et d’accroître l’image de notre pays dans le monde à travers le travail qu’il a abattu en seulement quatre ans.  Et son engagement personnel, au-delà de sa vie, est aussi un ensemble de leçons à tirer pour les générations à venir. Selon Roch Kaboré, l’humilité est également une question fondamentale avec le fait que l’on ne peut réussir que par la sueur de son front et en travaillant. Le Chef de l’exécutif burkinabè n’a pas manqué de saluer l’ensemble des familles qui ont perdu, à côté du président Thomas Sankara, des gens qui leur sont chers. « Cela fait déjà trente-trois ans que cette situation dure. C’est dire qu’il y a la recherche de la justice. Nous avons bon espoir que nous arriverons à faire en sorte que ce dossier soit enfin jugé et que les responsables soient punis même si beaucoup ont perdu la vie », dixit Roch Marc Christian Kaboré. Il n’a pas omis de saluer le Comité international mémorial Thomas Sankara qui se bat pour perpétuer la mémoire de l’homme intègre. « Nous les encourageons et nous ferons en sorte, tant que les moyens nous le permettent, de les aider à ce que nous puissions restaurer l’image et les idées de Thomas Sankara », a-t-il conclu. Il faut souligner que sitôt dévoilée , cette statue a fait l’objet de nombreuses critiques sur les réseaux sociaux. Certains Burkinabè regrettent que les traits de Thomas Sankara n’apparaissent pas sur le visage de la statue. Dans un communiqué, le Comité international du mémorial Thomas Sankara a rassuré qu’un processus de finition est prévu. « Il est prévu d’apporter les derniers recadrages après l’implantation de la statue en tenant compte des distances, volumes, et angles de visions. Les dernières corrections seront donc portées », lit-on dans ce communiqué.

Seydou TRAORE


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