HomeEchos des provincesMESENTENTE ENTRE PRODUCTEURS DE COTON A TCHERIBA : La mauvaise gestion du bureau décriée

MESENTENTE ENTRE PRODUCTEURS DE COTON A TCHERIBA : La mauvaise gestion du bureau décriée


Depuis quelques semaines le département de Tchériba, village situé à une cinquantaine de kilomètres de Dédougou connaît une crise. Nous nous sommes rendus dans ladite localité le 23 octobre 2016, pour en savoir davantage sur la nature de la crise. Le calme  est revenu mais certains propos restent toujours tendus.  

 

Les informations allaient bon train et laissaient entendre que cette crise est survenue autour de « l’or blanc ». Ce sera au cours de notre rencontre avec les différentes parties prenantes que nous comprendrons davantage cette affaire dans cette zone qui est  reconnue pour sa forte production cotonnière.     

Selon Jean-Paul Bako « mécanicien de profession » et président départemental de l’ODJ de Tchériba, tout est parti d’une séance de sensibilisation de l’ODJ au profit des producteurs sur le coton  afin qu’il y ait une amélioration dans la production et le prix. « Chose que le président  de l’Union départementale des producteurs de coton et le représentant de la SOFITEX, à savoir le Correspondant-coton ont trouvé illégale et anormale.

Ils ont  donc déposé une plainte à la gendarmerie de Tchériba dans un premier temps et par la suite à la gendarmerie de Dédougou » a indiqué M. Bako. Les gendarmes nous ont fait savoir que l’affaire n’était pas celle d’individus mais, une affaire entre la SOFITEX et l’ODJ ; donc ils nous ont conseillé de la régler entre frère, a-t-il ajouté.

Et de poursuivre, qu’à son retour de Dédougou, des jeunes des différents villages étaient  mobilisés et ont demandé le départ du Correspondant-coton, du conseiller en gestion et du président de l’union départementale des producteurs de coton. « J’étais obligé d’aller voir le chef du village pour lui soumettre le problème : il nous a renvoyés voir le préfet. C’était le 7 octobre dernier. Ce n’est que le 15 octobre que le préfet a répondu à notre requête, nous disant que cette affaire ne relève pas de ses compétences.  Suite à l’intervention du  haut-commissaire le dimanche 16, nous avons exigé le départ des 3 personnes et le renouvellement du bureau. Le haut-commissaire nous a demandé 3 jours pour tenter une résolution de la crise. Le 20 octobre 2016 nous sommes allés voir le préfet qui nous a dit qu’à l’issue de la rencontre, il n’a pas encore reçu de résultat concernant le changement du bureau.

Jusque-là nous attendons. Nous avons une caravane si après cela rien n’est fait nous allons encore nous adresser au haut-commissaire.  Il faut que les trois personnes citées partent et que le bureau soit renouvelé, car il y a eu  une mauvaise gestion », a-t-il conclu.

 

Le coton a bien donné

 

Un renouvellement du bureau avant la fin du mandat est exigé par l’ODJ, mais chose impossible selon Moumouni Bayoulé, le président de l’Union départementale des producteurs de coton de Tchériba dont le mandat arrive à son terme à la fin de cette année.

Selon lui, il y a toute une procédure pour mettre en place un autre bureau et cela relève du niveau national et seuls les membres des Groupement de producteurs de coton (GPC) peuvent être mandatés et peuvent élire un nouveau bureau. Il affirme que les membres des différents GPC sont loin d’être mêlés aux différents mouvements dirigés par l’ODJ.

 « Les manifestants nous reprochent d’être  contre l’augmentation du prix du coton et que dans les normes, le coton devrait être payé à 500 F CFA au lieu de 235 F CFA le kilogramme ; et le chargement de coton devrait également être 45 000 F CFA au lieu de 40 000 F CFA  par camion. En réalité, l’union n’a jamais été contre leur revendication ; je pense que c’est un manque de compréhension. » a laissé entendre le président de l’Union départementale.

Il a confié qu’au cours de leur sensibilisation, (ndlr l’ODJ) ils disaient aux producteurs que tant que le prix du coton n’est pas augmenté, il n’y aura pas de commercialisation ; c’est pourquoi  le Correspondant Coton (CC) s’est entretenu avec le responsable de l’ODJ cet entretient s’est achevé  par des menaces dont a été victime le CC  de la part du responsable de l’ODJ et de ses camarades.

Accusé de malversations et de retenue de 25% sur le prix du coton que certains jugent anormale, le président de l’Union,   Moumouni Bayoulé,   confie  que cela est une organisation mise en place dans tous les départements de la province pour la bonne marche de leur  structure.

L’ODJ m’accuse également d’avoir dit à Dédougou lors de notre forum que le coton a bien donné.  « Comme tous les départements ont répondu favorablement  à une question posée par les responsables de la SOFITEX, moi aussi j’ai dit qu’il n’y a pas de problème à Tchériba où le coton a également bien donné. » Mais je  n’ai pas manqué de parler de la difficulté majeure que nous connaissons cette année à savoir  la présence des chenilles. J’ai suggéré que pour les années à venir, des précautions soient prises pour sensibiliser les producteurs sur le coton conventionnel.  « Je n’ai jamais dit que le coton a  bien donné, même dans mon propre champ, il y a deux hectares et demi qui ont été détruites par les chenilles », a-t-il ajouté.

Comment faire pour rembourser la dette à la SOFITEX ? C’est le souci de Epilé Bako, producteur à Zékuy, qui dit avoir produit 48 hectares de coton mais ne sait pas comment faire pour rembourser sa dette à la SOFITEX. «A mon avis ce qui fait que la production n’a pas donné, c’est la qualité des pesticides », a-t-il expliqué.

Pour ce producteur, la frustration de certains ces derniers temps, « c’est quand le président de l’Union a confirmé  à Dédougou que le coton a bien donné dans le département, pourtant ce n’est pas le cas, selon lui »  Depuis l’existence de l’union, les membres ne se sont jamais rendus dans un champ pour voir comment évolue le coton ; comment peuvent-ils savoir que le coton a donné ? a-t-il laissé entendre. Pour lui,  « La production du coton est un travail très pénible avec beaucoup de risque et la SOFITEX devrait tenir compte de ça pour les aider »

 « Pour moi, la solution aux problèmes de la production de cette campagne, c’est d’augmenter le prix du coton pour que nous puissions rembourser notre dette à la SOFITEX». Même s’il faut repartir à l’OGM ce sera la même chanson. Il faut augmenter le prix du coton. « On a comme l’impression que notre sang (ndlr les producteurs) est sucé par la SOFITEX et l’Union départementale ».

Nous avons voulu comprendre davantage auprès du préfet en tant que premier responsable administratif dudit département, mais celui-ci n’a pas voulu nous rencontrer. Il nous a par ailleurs suggeré de prendre attache avec la mairie. Notre tentative de prendre contact au téléphone avec le maire et le correspondant, est restée vaine.

 Selon certaines sources, il semblerait que « des acteurs politiques »  seraient  cachés derrière cette affaire pour renverser la tendance en leur faveur. Si, selon certains le calme est revenu, pour d’autres, les protagonistes ne comptent pas en rester là. Qu’à cela ne tienne, les différentes parties ont intérêt à ce que le climat revienne définitivement à la normale au vu du contexte actuel du pays.  

 

Arnaud Lassina LOUGUE

(Correspondant)

 

 


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