MICHEL KAFANDO AUX FORCES VIVES DU SAHEL : « Comme nous sommes têtus, nous voilà aujourd’hui à Dori »
La Salle polyvalente de Dori a refusé du monde le 18 novembre 2015. Et pour cause, les forces vives de la région du Sahel y échangeaient à bâtons rompus avec le président Michel Kafando, le Premier ministre Yacouba Isaac Zida, et l’ensemble des membres du gouvernement de la Transition.
Les jeunes, les femmes, les Organisations de la société civile, les religieux, les collectivités territoriales et les opérateurs économiques ont tous répondu présent. Ils se sont exprimés au nom des forces vives de la région du Sahel. Mais auparavant, le gouverneur de la région, le Colonel Djibril Lallé, a tenu à présenter sa région. Avec 36 666 km2, le Sahel occupe 2% du territoire national et partage 1 500 km de frontière avec le Mali et le Niger. Peuplé de 1 272 500 habitants avec 49% de femmes, soit 6,9% de la population nationale, la région du Sahel compte 26 départements/communes et plus de 680 villages. Comme activités, on y pratique l’élevage, l’agriculture, la pêche, la chasse et les activités minières. Selon le gouverneur Lallé, le Sahel regorge d’énormes potentialités et n’attend qu’un appui dans ses différents secteurs. Sans énumérer les doléances, le Colonel Djibril Lallé a traduit tout l’honneur et toute la satisfaction de sa région d’accueillir le président Michel Kafando, le Premier ministre Yacouba Isaac Zida et tout le gouvernement de la Transition. Prenant la parole, le représentant des jeunes, Boubacar Beïdouma Dicko, a égrené un ensemble de préoccupations. On retiendra, entre autres, le bitumage des principales voies de la région, l’opérationnalisation du Lycée professionnel, l’ouverture d’une université à Dori, la prise en compte des jeunes dans les prises de décision au niveau local et la promotion des compétences locales dans le Pôle de croissance du Sahel. Les jeunes du Sahel se sont engagés, à travers la voix de Boubacar Beïdouma Dicko, à promouvoir un comportement citoyen et une participation active dans la construction du pays. Roukiétou Sow/Maïga a, au nom des femmes, souhaité la bienvenue aux autorités de la Transition dans la cité de Dori. Tout en louant les efforts de la Transition, Mme Sow a regretté qu’une région comme le Sahel ne dispose que de 87 CSPS. Cette situation justifie, selon elle, le fort taux de mortalité qui s’élève à 303,1 pour mille, soit 3 fois le taux national. Pour Oumarou Dicko dit Bila, l’insuffisance des moyens et le manque de compétences dans le domaine du Pôle de croissance du Sahel, handicapent les Organisations de la société civile. Convaincu de leur importance, le représentant des OSC de la région du Sahel a sollicité la rétrocession du matériel réformé de l’Etat aux OSC.
La facilitation d’accès
S’exprimant au nom des religieux de la région du Sahel, Mgr Laurent Dabiré a rassuré les autorités de la Transition, de leur accompagnement par des prières. Il a demandé une minute de silence en mémoire des martyrs et des victimes de la bousculade intervenue à La Mecque. Mgr Laurent Dabiré a demandé le renforcement des capacités des religieux burkinabè dont les actions en faveur de la paix sont énormes. Il a pris pour exemple l’Observatoire national des faits religieux (l’ONAFAR) et l’Union fraternelle des croyants (UFC) de Dori qui œuvrent inlassablement depuis 45 ans en faveur de la paix et de la cohésion sociale dans la région du Sahel. Représentée par Laurent Bado, président de la Délégation spéciale de Dori, l’Association des municipalités du Burkina Faso a sollicité l’accroissement des ressources financières des collectivités territoriales, l’amélioration de leur fonctionnement, l’appui aux services de l’état civil et l’amélioration de la gestion de l’octroi des marchés publics. Parlant spécifiquement de la commune urbaine de Dori, Laurent Bado a sollicité l’achèvement ou la réalisation d’un certain nombre d’infrastructures pour le bien-être des populations. Quant aux opérateurs économiques de la région du Sahel, c’est Fodié Diagouraga qui s’est exprimé en leur nom. Il a remercié la Transition pour ses multiples efforts. La route étant l’épine dorsale des transactions commerciales, M. Diagouraga a sollicité le bitumage des principaux axes routiers de la région du Sahel et l’opérationnalisation du poste frontalier des douanes de Seytenga pour faciliter les échanges avec le Niger voisin. Après toutes ces interventions, quoi de plus normal qu’une pause musicale. Ainsi, Yéro Kampiti et ses camarades ont puisé dans leur répertoire pour permettre à l’assistance de souffler un tant soit peu. «Depuis deux mois, nous tentions de venir à Dori, mais un certain nombre de circonstances dont le fameux coup d’Etat, nous en ont empêchés. Mais comme nous sommes têtus, nous voilà aujourd’hui à Dori ». C’est ainsi que le président Michel Kafando a débuté son intervention. « Dori représente un espoir pour le développement du Burkina Faso et la Transition ne pouvait pas partir sans venir à Dori. Et nous avons eu raison de venir à Dori, au vu de votre mobilisation », a poursuivi le président Kafando tout en exprimant sa satisfaction de voir la Transition « réussir la mission qui lui est confiée». Du paiement des 300 milliards de FCFA de dette intérieure au Programme social d’urgence de la Transition en passant par la promotion de la femme et les états généraux de la Justice, entre autres, Michel Kafando a déroulé les efforts fournis par le gouvernement. «L’objectif d’organiser des élections est en passe d’être atteint et je souhaite des élections apaisées. Il fallait une enveloppe de 56 milliards de FCFA et c’est chose faite. Nos élections sont très importantes aux yeux du monde entier et je vous demande de faire en sorte que nous sortions de ces élections avec un Burkina Faso fort. Votre région nous a beaucoup soutenus et je tiens à vous en remercier », a déclaré le président Kafando sous un tonnerre d’applaudissements. Tout en reconnaissant la brièveté du temps dont ils disposent, le président de la Transition a demandé aux ministres concernés par les doléances de donner des réponses aux populations du Sahel. Prenant la parole à son tour, le Premier ministre Yacouba Isaac Zida s’est appesanti sur les OSC. Tout en reconnaissant les mérites des OSC burkinabè, le Premier ministre leur a demandé de se démarquer des chapelles politiques. «Vous avez beaucoup mérité car, contrairement aux partis politiques qui ont commencé à battre campagne après la chute de Blaise Compaoré, vous les OSC, vous êtes restées vigilantes. Donc, gardez le cap car quand on est partisan, on ne peut plus contester. Travaillons donc à ce que nos élections se déroulent très bien», a-t-il lancé. Remerciant les uns et les autres pour la forte mobilisation, le président Michel Kafando a demandé à tous de voter suivant les intérêts du Burkina Faso tout entier. Profitant de leur séjour de 72h dans la région du Sahel, les autorités de la Transition ont visité le site minier d’Essakane, le village de Falagountou et procédé au baptême d’une rue dans la ville de Dori et du stade régional, au nom de l’illustre maire de Dori, feu Hama Arba Diallo.
Hama Hamidou DICKO
