HomeA la uneMINISTERE DES INFRASTRUCTURES : Les travailleurs fustigent la gestion du ministre Eric Bougouma

MINISTERE DES INFRASTRUCTURES : Les travailleurs fustigent la gestion du ministre Eric Bougouma


Les agents du ministère des Infrastructures ont encore observé un sit-in de 4 heures dans la matinée du 14 février 2017 à Ouagadougou pour, une fois de plus, dénoncer une situation qui prévaut actuellement au sein de leur département. Ils demandent non seulement que leur ministère soit réorganisé pour mieux atteindre les objectifs fixés,  mais aussi fustigent la gestion de leur ministre, Eric Bougouma.

 

Les travailleurs du ministère des Infrastructures sont mécontents de la gestion de leur ministre de tutelle, Eric Bougouma. En effet, ils décrient, entre autres, des détournements de fonds par les premiers responsables de leur ministère,  une politisation de l’administration au sein de leur département. Ils exigent la                 mise en œuvre du protocole d’accord  qu’ils ont signé le 27 juin 2011, avec le gouvernement. Pour l’exprimer, ils ont observé un sit-in de 4 heures dans la matinée du 14 février dernier, devant le bâtiment abritant leur ministère. A l’appel  du Syndicat des travailleurs des travaux publics, du bâtiment, de l’hydraulique et assimilés (SYTTBHA), M’Bi Yaméogo et ses camarade entendent interpeller le Chef du gouvernement, Paul Kaba Thiéba, à prendre ses responsabilités. «  Nous avons remarqué  que depuis l’arrivée du ministre Eric Bougouma, la mauvaise gestion a été érigée en règle de gestion. A titre d’exemple, nous avons l’Ecole de formation et de

perfectionnement des travaux publics où des individus qui ont détourné un projet destiné à la formation des femmes et des jeunes pour un montant de plus de 200 millions de F CFA, sont des collaborateurs directs du ministre. Nous pensons donc que le ministre lui-même ne doit pas être propre, pour avoir accepté de collaborer avec ces détourneurs que nous avons toujours dénoncés », a soutenu le Secrétaire général (SG) du SYTTBHA, M’Bi Yaméogo. Autres griefs que les agents du ministère des Infrastructures formulent  contre leur ministre, Eric Bougouma, c’est la manière dont celui-ci et son staff dépensent les fonds alloués au ministère,   dans le cadre de la réalisation de ses travaux. « Il y a le cas des lancements des travaux de construction et de bitumage des axes routiers. A titre d’exemple, nous avons  le lancement des travaux de construction et de  bitumage de la route Kongoussi-Djibo qui a coûté 33 millions  de F CFA. A ce niveau, il y a une prise en charge des frais de mission du ministre à Paris. Il y a aussi le paiement d’un salon à plus de 2 millions de F CFA dans les frais  de lancement des travaux. Pour ce qui est du lancement des travaux de construction, de bitumage et de construction de la route Dydir-Toma, des montants ont été octroyés à des personnalités comme le ministre  de l’Urbanisme et de l’habitat, Maurice Bonanet, qui a reçu 1 million de F CFA pour mobiliser la population. Il y a également le député Abdoulaye Mossé qui a reçu 1,4 million de F CFA pour mobiliser la population. Pour nous, il s’agit bien de  détournements.  Comme le Premier ministre, Paul Kaba Thiéba, dans sa politique générale, a dit que celui qui se rend coupable de détournement, lui, il va prendre ses responsabilités, nous lui demandons de le faire car nous avons des documents avec nous. Ce sont des documents de gestion signés par le Directeur de l’administration financière (DAF) du ministère. Donc, nous pensons que le Premier ministre a tous les éléments actuellement pour   prendre ses responsabilités par rapport à la gestion du ministère des Infrastructures », a souligné M. Yaméogo.

 

Les agents dénoncent une politisation de l’administration

 

Outre cela, les agents du ministère des Infrastructures ont décrié la façon dont les marchés publics sont gérés au sein du ministère. Car, pour eux, la gestion actuelle des marchés publics du ministère ne se fait pas dans les règles de l’art et  manque, à leur avis, de transparence. « Nous avons demandé à ce qu’il y ait plus de transparence et que la commission d’attribution des marchés publics soit beaucoup plus indépendante. Car, il y a trop d’interférences de l’autorité dans le cadre de l’attribution des marchés publics. Nous  avons demandé de revoir les procédures d’attribution de ces marchés, en  mettant en place des clauses de préférences nationales pour  permettre à nos entreprises nationales d’être beaucoup plus compétitives et ne confier les travaux aux entreprises étrangères que quand on n’ aura pas l’expertise au niveau national », ont laissé entendre M’Bi Yaméogo et ses camarades. « Pendant que les jeunes n’ont pas de travail au Burkina, on donne des marchés à des entreprises étrangères qui viennent avec leur personnel et cela crée l’évasion fiscale. Donc, nous avons demandé que les entreprises nationales soient privilégiées au détriment des entreprises étrangères », a fait observer le SG du SYTTBHA, M’Bi Yaméogo. En plus de la gestion des marchés publics, les travailleurs du ministère des Infrastructures ont  dénoncé les Partenariats publics-privés signés au sein de leur ministère. « Dans une parution du journal Le Reporter, pour la construction de l’échangeur du Nord qui a été passé en PPP, il y a eu une évasion fiscale de plusieurs milliards de  F CFA. Pour  nous, les PPP sont une façon d’endetter le pays et si cela n’est pas contrôlé, on risque d’endetter excessivement notre pays. Nous disons donc halte aux PPP sauvages, oui aux PPP qui peuvent permettre à l’Etat d’être gagnant », a clamé M. Yaméogo.  De l’avis des manifestants, il  y a également une politisation de l’administration au sein de leur ministère. « Il y a une cellule  MPP (NDLR : Mouvement du peuple pour le progrès) au sein du ministère (…). A titre d’exemple, quand on responsabilise des agents de catégorie B pour diriger des cadres de catégorie A, nous ne pouvons  considérer cela que comme de la politisation. Laisser des gens qui ont pillé le ministère à des postes de responsabilité, nous ne pouvons considérer cela que comme de la politisation et des  affinités », insiste M’Bi Yaméogo. Par ailleurs, les agents du ministère des Infrastructures demandent la mise en œuvre du protocole d’accord  qu’ils ont  signé le 27 juin 2011 avec le gouvernement. A en croire leurs explications, ce protocole prévoit la mise en place d’un fond de motivation. « De façon globale, nous avons une plateforme qui a été déposée depuis janvier 2017 et jusque-là, nous n’avons pas eu de réponse. Nous avons demandé à ce que des solutions idoines soient trouvées au niveau de la plateforme qui a été déposée. Depuis la prise de fonction du ministre Bougouma, nous avons remarqué que l’intérêt du personnel est son dernier souci. Pendant que le personnel est en sit-in, il se permet d’aller procéder au lancement des travaux et ce lancement est financé par de l’argent détourné. Nous osons croire que le Premier ministre qui est au niveau du lancement des travaux, va en tirer les conséquences.  Nous attirons son attention pour lui dire qu’il est en train de présider une cérémonie financée par de l’argent détourné », a expliqué M.Yaméogo. A l’entendre, leur ministre  de tutelle leur aurait posé un lapin le 13 février dernier, alors qu’ils avaient un rendez-vous avec lui pour échanger sur leurs préoccupations. « C’est lui-même qui a dit qu’il était à Tuiré, dans le village du Président. Nous avons compris que les problèmes du ministère étaient son dernier souci. Nous n’attendons pratiquement plus rien de lui. Nous n’attendons même pas une oreille attentive de sa part. S’il y a des concertations, nous allons y prendre part mais sans véritablement attendre quelque chose. Car, ces responsables du ministère ont fini de convaincre les agents,  et même ceux de l’extérieur, qu’ils ne sont pas dignes de confiance. Donc, nous n’attendons rien du ministre », explique M’Bi Yaméogo. Pour l’équilibre de l’information, nous avons voulu nous entretenir avec le ministre Eric Bougouma qui, malheureusement, était en mission à Koupèla, selon un de ses chargés de mission, Boureima Legma. Il y était  pour le lancement des travaux de réfection de la Route Koupèla-Fada.

 

Mamouda TANKOANO                                                                                                         

 

 


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