HomeLignes de mireMISE EN PLACE D’UN CADRE DE SUIVI DE LA TRANSITION : L’ex-Opposition reste vigilante

MISE EN PLACE D’UN CADRE DE SUIVI DE LA TRANSITION : L’ex-Opposition reste vigilante


Suite aux récents mouvements d’humeur du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), qui ont failli ébranler la transition, l’ex-opposition a décidé de mettre en place un comité de vigilance pour le suivi de la transition. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’ex-opposition a vu juste. Et comme il n’est jamais tard pour  bien faire, c’est à juste titre qu’elle a décidé de relever la garde, pour ne pas être surprise par le cours de l’histoire.

Personne n’avait pensé que la transition ne serait pas un long fleuve tranquille

En effet, au lendemain de la chute de Blaise Compaoré, l’on se rappelle que Zéphirin Diabré, alors Chef de file de l’opposition (CFOP),  avait prononcé la dissolution de cette institution, du fait de la dissolution de l’Assemblée nationale dont elle tenait sa légalité. De ce point de vue, l’on pouvait difficilement lui reprocher quoi que ce soit, parce que son acte s’inscrivait dans la logique des événements. Blaise Compaoré parti, tout le monde pensait que la lutte était terminée. Et, sans le dire, la dissolution du CFOP arrangeait bien des gens au sein de l’ex-opposition, qui faisaient déjà des calculs en évaluant leurs chances de succéder à l’exilé de Yamoussoukro, à la présidence du Faso.

C’est que, dans l’euphorie de la victoire, beaucoup pensaient que la transition ne serait qu’une simple formalité au bout de laquelle le successeur de Blaise Compaoré installerait tranquillement ses pénates à Kosyam. Cela pourrait expliquer pourquoi, de façon générale, aucun des ténors de l’ex-opposition n’a manifesté de l’intérêt pour un quelconque poste dans la transition, pour ne pas griller sa carte avant l’heure de la présidentielle d’octobre prochain.

A l’époque, personne n’avait pensé que la transition ne serait pas un long fleuve tranquille. Au contraire, avec la déconfiture de l’ex-majorité dont les leaders rasaient les murs, l’on avait vite fait de les enterrer et beaucoup pensaient que la compétition se déroulerait uniquement entre ex-opposants, pour l’occupation du fauteuil présidentiel. Erreur !

La récente sortie du RSP est venue rappeler  à tous la fragilité de la transition. Dès lors, les Burkinabè ont pris conscience qu’ils ne sont pas complètement sortis de l’auberge. En plus de cela, ceux de l’ex-majorité qui, hier encore rasaient les murs, sont en train de revenir en force sur la scène politique nationale, en s’invitant au débat et aux échéances électorales à venir, brouillant davantage les cartes sur l’échiquier politique national. Si fait que l’ex-opposition est aujourd’hui dans un dilemme terrible, parce qu’il ne faut pas se tromper d’adversaire.

Pour autant, peut-on dire qu’elle était allée trop vite en besogne, en prononçant la dissolution de l’ex-CFOP sans garder un cadre de veille et de suivi de la transition pour assurer un service minimum ? Oui et non. Non, parce que, légalement, la dissolution s’imposait d’elle-même. Mais oui, parce qu’aujourd’hui, la donne a complètement changé, si bien que tout porte à croire que l’ex-opposition a trop vite crié victoire et que chacun était préoccupé à se positionner. De toute évidence, c’était une erreur d’appréciation.

La menace d’une remise en cause de la transition est loin d’être totalement écartée

A sa décharge, rien ne laissait présager une telle évolution de la situation, quoique « gouverner, c’est prévoir », comme le dit l’adage.  Aussi  pourrait-on voir derrière la mise en place de ce comité, un changement de stratégie et une sorte de rattrapage pour avoir un œil sur la transition. Cela est une bonne chose qui est à saluer, car il y va de leur intérêt. Il ne serait même pas exagéré de dire qu’il y va de la crédibilité et de la survie de Zeph et de ses anciens camarades, car ils n’ignorent pas ce que signifierait pour eux, un retour de l’ex-majorité aux affaires, à l’issue de la présidentielle d’octobre prochain. A quoi aurait-il donc finalement servi  d’obtenir le départ de Blaise Compaoré, si c’est pour laisser son système et ses hommes se réinstaller confortablement à sa place ? La question est  maintenant de savoir si cette union de l’ex-opposition sera aussi solide que lors de la mobilisation contre Blaise Compaoré.

En tout état de cause, la réussite de cette transition est un défi majeur, non pas pour les seules autorités, mais aussi et principalement pour toute la classe politique, notamment l’ex-opposition qui a lutté pour le changement. Demain se prépare aujourd’hui, et l’ex-opposition, qui est déjà pratiquement en campagne, aurait tort de n’avoir que l’élection d’octobre prochain en ligne de mire. La menace d’une remise en cause de la transition est loin d’être totalement écartée. Car, malgré ses explications, le RSP ne rassure pas. Et les adversaires d’hier s’agitent aussi dans les starting blocks. Alors vigilance. Autrement, le réveil risque d’être douloureux.

« Le Pays »


No Comments

Leave A Comment