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MISE EN ŒUVRE DU PACTE INTERNATIONAL SUR LES DROITS CIVILS ET POLITIQUES : Le Burkina accuse un retard de 16 ans


Les membres du Mouvement burkinabè des droits de l’Homme et des peuples (MBDHP), du Centre d’information et de formation en matière de droits humains en Afrique (CIFDHA) et de l’Association Semfilms étaient face aux Hommes de médias dans la matinée du 14 juillet 2016 à Ouagadougou. Objectif : faire le bilan de leur participation à la 117e session du Comité des droits de l’Homme des Nations unies tenue du 20 juin au 15 juillet 2016 à Genève en Suisse. Une session au cours de laquelle a été évaluée la mise en œuvre du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, ratifié par le Burkina le 4 janvier 1999.

 

Le Burkina accuse un retard de 16 ans dans la mise en œuvre du Pacte international relatif aux droits civils et politiques qu’il a  ratifié  le 4 janvier 1999. C’est le constat fait par les membres du MBDHP, du CIFDHA et de l’Association Semfilms. Face aux Hommes de médias le 14 juillet dernier, ils ont vaillamment réaffirmé leur engagement à promouvoir et protéger  les droits humains au Burkina, d’où leur participation à la 117e session du Comité des droits de l’Homme des Nations unies tenue du 20 juin au 15 juillet 2016 à Genève en Suisse.  Une session au cours de laquelle 5 membres de ces organisations  ont physiquement pris part, du 27 au 29 juin dernier, aux travaux d’évaluation qui ont porté sur le Burkina. Aux membres du Comité des droits de l’Homme, les participants venus du Burkina ont fait l’état des lieux des droits civils et politiques dans leur pays. Les interventions ont porté, entre autres, sur la justice en relation avec la lutte contre l’impunité des crimes de sang et des crimes économiques, la justice pour les martyrs de l’insurrection populaire d’octobre 2014 et du coup d’Etat de septembre 2015, l’insécurité au regard de la recrudescence du grand banditisme et des attaques terroristes, les exécutions sommaires et extra-judiciaires, les pratiques de torture, de traitements cruels, inhumains et dégradants par les Forces de défense et de sécurité, les dérives des groupes d’auto-défense Koglwéogo, les conditions carcérales et la peine de mort, les conflits inter-communautaires, les conditions de vie  des femmes et des enfants. Au nombre de 28, ces points étaient constitués, a reconnu le  Président du CIFDHA, Urbain Yaméogo, d’une multitude de questions élaborées dans un rapport de 120 pages. A en croire Samira Déra, Assistante de direction à l’association Semfilms, ce rapport a été apprécié par les membres du Comité des droits de l’Homme des Nations unies  tant par la qualité de son contenu que par sa présentation. « C’est d’ailleurs, au regard de la pertinence de tout ce qui a été exposé au Comité des droits de l’Homme des Nations unies qu’il a été instruit à l’Etat burkinabè de garantir les droits des personnes privées de liberté et de prendre les mesures qui s’imposent pour mettre fin aux dérives des groupes d’auto-défense encore appelés Koglwéogo », foi du Secrétaire général adjoint du MBDHP, Christophe Bado. Selon ses explications, au sortir de cette 117e session du Comité des droits de l’homme des Nations unies, 4  recommandations prioritaires devront être soumises au gouvernement burkinabè qui, normalement, devra s’atteler à les exécuter. Il s’agira probablement du point relatif à l’indépendance du Judiciaire pour un meilleur aboutissement des dossiers de crimes de sang et de crimes économiques, la sécurité, notamment en rapport avec les dérives des Koglwéogo, les attaques à main armée, les attentats, les conflits intercommunautaires, l’abolition de la peine de mort, l’ancrage de la liberté de presse.

 

Plus de 100 personnes  ligotées et exécutées par les FDS depuis  2000

 

Sur ces 4 recommandations, les membres des associations de défense des droits de l’Homme au Burkina disent attendre de pied ferme l’Etat burkinabè pour leur mise en œuvre. « Les membres du Comité des droits de l’Homme des Nations unies seront dépêchés dans les 6 mois qui vont suivre la formulation de ces résolutions finales pour venir au Burkina afin de constater l’effectivité ou pas de leur mise en œuvre. C’est pourquoi, nous devons nous approprier ces recommandations finales qui doivent, en principe, tomber aujourd’hui même (NDLR : 14 juillet). Ensuite, nous allons mener  une stratégie de suivi et d’interpellation et pour cela, votre contribution est vraiment attendue », a lancé M. Bado aux journalistes.  Poursuivant toujours le bilan de leur participation à cette 117e session, les membres des associations de défense des droits de l’Homme ont rappelé que les questions qui ont fortement fait l’objet de débat au cours de cette session ont porté, entre autres, sur les droits à la vie,   les crimes de sang, les crimes économiques, la sécurité en rapport avec les Koglwéogo, les attaques à main armée, les attentats, les conflits inter-communautaires, la liberté de la presse, notamment les agressions faites sur les journalistes dans l’exercice de leur fonction pendant le putsch de septembre 2015, l’agression du journaliste de la télévision BF1  par les Forces de défense et de sécurité dans l’exercice de ses fonction,  la question des droits des femmes. Sur plusieurs  points, a insisté le SGA du MBDHP, Christophe Bado, le gouvernement burkinabè a été titillé. Il s’agit principalement des questions de crimes de sang et de crimes économiques. Dans la foulée des débats  de la session, s’en  souvient encore le responsable adjoint à la communication du MBDHP, Adama Nabaloum, la délégation gouvernementale a souligné qu’il n’y a jamais eu d’exécution extrajudiciaire au Burkina. Et il n’en fallait pas plus pour susciter la réaction  des membres du Comité des droits de l’Homme des Nations unies qui ont soutenu que depuis les années 2000, plus de 100 personnes ont été ligotées et exécutées par les Forces de défense et de sécurité. Et la délégation gouvernementale, à son corps défendant de reconnaître, entre autres, qu’effectivement des exécutions extrajudiciaires ont certes eu lieu au Burkina, mais dans la région de l’Est renommée comme une zone criminogène et que les locaux de détention des prisonniers ne répondent pas aux normes internationales si bien qu’en période de forte chaleur, le détenu pourrait y perdre la vie.

 

Mamouda TANKOANO

 

 


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