HomeA la uneMOBILISATION DE FONDS POUR LUTTER CONTRE LE TERRORISME : Vaincra-t-on jamais Boko Haram ?  

MOBILISATION DE FONDS POUR LUTTER CONTRE LE TERRORISME : Vaincra-t-on jamais Boko Haram ?  


 

«Mieux vaut tard que jamais», dit-on souvent.  Sous l’égide de l’Union africaine (UA), des représentants de la communauté internationale ont pris le pari de dégager 250 millions de dollars pour financer la Force d’intervention conjointe multinationale engagée dans la lutte contre la secte terroriste Boko Haram. Cette manne financière se composera des donations de 110 millions de dollars du Nigeria, 50 millions de l’Union européenne, 8 millions du Royaume-Uni, 3,6 millions de la Confédération helvétique et 1,5 million de la Communauté des Etats sahélo-sahariens. «L’argent étant le nerf de la guerre», cette initiative est salutaire à plus d’un titre. On peut percevoir donc dans cet engagement des donateurs une prise de conscience collective contre un danger qui n’épargne plus personne. Même le Burkina Faso de Blaise Compaoré, qui bénéficiait d’une trêve en raison de ses accointances présumées avec certains mouvements djihadistes, vient de perdre ses illusions avec les attentats de Ouagadougou du 15 janvier dernier. Tout le monde semble avoir pris la mesure du mal, mais il faut regretter le caractère tardif de cette mobilisation intérieure, les exactions de la secte ayant déjà fait près de 17 000 macchabées et conduit sur le chemin de l’exil des millions d’habitants. L’heureuse initiative de l’UA et de ses partenaires financiers viendra-t-elle à bout d’Abubakar Shekau et de sa bande d’illuminés qui sèment la mort et la désolation dans le bassin du Lac Tchad ? Sans verser dans un pessimisme suicidaire, il y a de sérieuses raisons d’en douter.

Bien plus que d’argent, c’est une véritable volonté politique que requiert la lutte contre Boko Haram

D’abord, parce qu’il subsiste de nombreuses questions sans réponses sur cette lutte contre Boko Haram. Si l’excuse de ne pas être dans une guerre classique peut être avancée, on ne comprend pas pourquoi les armées sous- régionales coalisées n’arrivent pas à s’emparer de la place forte pourtant bien localisée des djihadistes, la forêt de Sambisa. Or, tant que demeurera la ruche, les abeilles continueront d’en sortir. La prise de la forêt de Sambisa par les coalisés, en plus de priver Boko Haram d’un territoire et de détruire sa logistique militaire, aurait des effets dévastateurs sur le mental des insurgés. Il faut donc mettre un point d’honneur à nettoyer cette forêt infestée, voire la raser si cela s’avère nécessaire. Ensuite, la guerre sur le front ne peut être gagnée que si elle est soutenue en amont par une guerre économique pour assécher les réseaux occultes qui financent la logistique et les activités de la secte. Tant que des mesures énergiques ne seront pas prises pour frapper au portefeuille, Boko Haram, le combat ne peut être que vain. Bien plus que d’argent donc, c’est une véritable volonté politique que requiert la lutte contre Boko Haram. Faire dans les demi-mesures ne pourrait qu’effaroucher seulement  le monstre dont les simples ruades sont mortelles. Cela dit, on ne peut cracher sur 250 millions de dollars ! Espérons seulement qu’ils ne seront pas dévorés par cet autre monstre qui a pris ses racines au Nigeria, c’est-à-dire la corruption.

 

SAHO


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