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MONDIAL 2018 EN RUSSIE


Un zéro pointé inquiétant

La sortie de trois des cinq équipes africaines présentes au mondial russe, s’est soldée par 3 défaites qui ont déjà douché, c’est le moins que l’on puisse dire, les espoirs de tous les mordus du foot africain qui ont parié, trop hâtivement et naïvement peut-être, sur une participation honorable du continent à la grand-messe du football mondial. L’Egypte, sans sa star Mohamed Salah, a buté sur l’Uruguay au terme d’un match soporifique dès l’entame de la compétition, et le Maroc a raté le coche face à des Iraniens plutôt poussifs et passifs, en se faisant « hara-kiri » avec cet auto goal de son défenseur Aziz Bouhaddouz dans le temps additionnel. Les Super Eagles du Nigeria, eux non plus n’ont pas volé haut dans le ciel de Kaliningrad, samedi dernier, lors de leur entrée en matière face à la Croatie, en marquant contre leur propre camp en première période avant de concéder un pénalty à l’adversaire dans les vingt dernières minutes du match. C’est donc un zéro pointé sur toute la ligne (zéro victoire, zéro but marqué) pour ces trois sélections africaines qui, au-delà des défaites enregistrées, ont fait montre d’une fébrilité défensive et d’une inefficacité offensive plus qu’inquiétantes pour la suite de la compétition. On avait cru, en effet, que l’Egypte était une pépinière de joueurs talentueux aussi bien dans le jeu collectif que dans les percées individuelles, mais on doit malheureusement se rendre à l’évidence, à l’issue de son premier match, que cette équipe des Pharaons ne fera pas rêver, sans le retour de blessure de son métronome et renard des surfaces, Mohamed Salah. La grosse désillusion est venue du Maroc qui a été incapable de tenir la dragée haute aux modestes Iraniens, a priori les plus faibles du groupe, alors qu’il y avait l’étincelant Younès Belhanda sur le terrain et l’excellentissime Hervé Renard sur le banc.

Les Aigles de Carthage et les Lions de la Téranga devront vendre chèrement leurs plumes ou leurs poils

Mais à vrai dire, même si les voies du ballon rond sont aussi insondables que celles du Seigneur, les résultats obtenus jusque-là par les représentants africains, ne doivent pas surprendre outre mesure, non seulement parce que ces équipes ont croisé les crampons avec de grosses pointures comme l’Uruguay et la Croatie tous potentiellement candidats au titre, mais aussi et surtout parce qu’elles ont laissé entrevoir, lors des matches amicaux, des signes prémonitoires d’un parcours au bilan plus que mitigé, avec des défaites et des matches vraiment nuls contre des équipes sans relief et sans palmarès. Même la Tunisie et le Sénégal qui vont respectivement entrer en lice ce soir-même et demain après-midi, n’ont véritablement pas fait bonne impression lors de leurs matchs de préparation, et c’est le cœur battant la chamade que nous suivrons ce soir la rencontre Tunisie-Angleterre à Volvograd et Pologne-Sénégal à Moscou demain à 15h. La situation est d’autant plus compliquée pour la Tunisie qu’elle évolue dans le groupe le plus relevé de la compétition, avec des pays qui peuvent légitimement prétendre au sacre final comme la Suède, la Belgique et dans une certaine mesure son adversaire du jour, l’Angleterre.
Qu’à cela ne tienne, la Tunisie et le Sénégal sont les meilleures équipes du continent, selon le classement 2018 de la Fifa, et l’on espère que leurs prestations sur le terrain, reflèteront leur position dans le hit-parade du football continental. Les Aigles de Carthage et les Lions de la Téranga devront vendre chèrement leurs plumes ou leurs poils, pour redonner confiance à ceux qui rêvent de voir l’Afrique vaincre enfin le signe indien, en franchissant le cap des quarts de finales qui restent à ce jour la plus grande performance des équipes du continent en Coupe du monde. Le rêve est d’autant plus permis que nous ne sommes qu’au début de la compétition et les automatismes seront peut-être mieux réglés au fil des rencontres. Même le Maroc, l’Egypte et le Nigeria qui ont plié l’échine dès le premier round, pourraient revenir avec force et détermination dans la compétition, pour peu que les différents staffs trouvent les mots justes pour booster le moral de ces jeunes joueurs qui sont quasiment tous à leur première expérience de Coupe du monde. C’est l’occasion, pour ces jeunes prodiges, de se révéler au monde entier dans le sens le plus noble du terme, en prenant la pleine mesure du rôle de porte-étendard de tout le continent, qu’ils doivent jouer en Russie. Au-delà donc des victoires sur les pelouses, nos ambassadeurs à Russie 2018 doivent se garder de s’offrir en spectacle à travers des querelles extra-sportives comme on en a connu de par le passé, afin de ne pas donner raison à ceux qui fulminent déjà à l’idée de voir le nombre des « figurants africains » passer de 5 à 9 dès l’édition 2026.

Hamadou GADIAGA


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